Drapeaux en berne à l'Elysée pour une minute de silence en solidarité avec Mayotte, ravagé par un cyclone, le 23 décembre 2024 ( POOL / Thomas Padilla )
Dix jours après le passage d'un cyclone qui a dévasté l'archipel de Mayotte et fait au moins 35 morts dans ce territoire d'Outre-mer, une minute de silence a été observée lundi lors d'une journée de deuil national, pour que "les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier" selon François Bayrou.
Le Premier ministre, toujours affairé à composer son gouvernement, a réuni le personnel dans la cour de Matignon pour observer cette minute de silence.
Elle "a le sens d'une communion dans le deuil (...), d'un engagement pour que la communauté nationale soit présente, pour reconstruire Mayotte et faire que les Mahorais se sentent entourés par un pays tout entier", a dit le Premier ministre François Bayrou, à l'issue de ce moment de recueillement.
Critiqué pour avoir assisté le 16 décembre au conseil municipal de Pau en pleine crise à Mayotte, le nouveau Premier ministre devait assister à 16h30 à une réunion du Centre interministériel de crise au ministère de l'Intérieur.
Le président Macron et son épouse Brigitte se sont eux tenus debout sur le perron de l'Elysée pour observer cette minute et tous les drapeaux ont été mis en berne.
A Bordeaux, devant l'hôtel de Ville, Mainis Keisler, une étudiante en psychologie de 23 ans particulièrement émue, a insisté auprès de l'AFP sur l'importance "d'être ici pour que les gens là-bas sachent qu'on est de tout cœur avec eux".
"Mayotte est française, même s'il y a quelques difficultés et quelques différences. Cet hommage très symbolique est là pour rappeler à tout le monde qu'on est autant français que les gens qui habitent ici", a-t-elle ajouté, les larmes aux yeux, alors que sa "famille habite à Passamainty (dans le sud de la commune de Mamoudzou)", une zone où il n'y a "toujours pas d'eau et d'électricité".
A Toulouse, une centaine de personnes s'est rassemblée lundi dans le centre-ville.
"Toulouse se tient très clairement aux côtés des Mahorais, on a mis à disposition une salle pour recueillir tous les dons des Toulousains qui veulent soutenir Mayotte. Il y a besoin de tout, pas seulement de dons mais aussi de produits d'hygiène, d'entretien", a expliqué à l'AFP Marion Lalane-de Laubadère, première adjointe au maire de Toulouse.
La représentante de la mairie ainsi que d'autres élus ceints de leur écharpe tricolore, de représentants associatifs et de membres de la communauté mahoraise, arborant souvent les tissus traditionnels locaux frappés de la fleur d'ylang-ylang, ont observé dans le froid une minute de silence et chanté une Marseillaise, en cette journée de deuil national pour les victimes du cyclone.
"On a besoin de tous les Français parce que Mayotte c'est votre île, là nous sommes touchés et nous avons vraiment besoin de toutes les communautés", a insisté Paul Caïus-Yobo, président du Collectif des Etats généraux de l'Outremer pour la région Occitanie.
Sandra Ibrahim, membre de la communauté mahoraise de Toulouse a quant à elle regretté que l'aide n'arrive pas assez vite sur place.
"La situation reste déplorable parce que l'aide envoyée n'est pas arrivée ou en tout cas mes proches ne l'ont pas vue", a-t-elle dit à l'AFP, ajoutant: "on a pris contact dans différents villages et tout le monde dit la même chose: personne n'est venu me voir".
A plus de 8.000 kilomètres de l'Hexagone, le préfet de Mayotte François-Xavier Bieuville a présidé une cérémonie d'hommage sur la place Zakia Madi, à Mamoudzou, devant des habitants mais aussi des pompiers, policiers et gendarmes de Mayotte qui ont entonné La Marseillaise a capella.
Le préfet, qui a pris brièvement la parole avant la minute de silence a souligné que l'Etat avait "pris l'engagement de faire mieux pour Mayotte", puis est allé saluer un par un les habitants présents de cet archipel français de l'océan Indien, quasi ravagé le 14 décembre par le cyclone Chido, d'une intensité exceptionnelle.
- "90% de Mayotte détruite" -
Le cyclone le plus dévastateur qu'ait connu Mayotte depuis 90 ans, a détruit la totalité de l'habitat précaire et causé des dommages colossaux dans le département le plus pauvre de France, où les secours sont depuis à pied d'œuvre pour rétablir les services essentiels comme l'eau, l'électricité et les réseaux de communications.
"90% de Mayotte est détruite, 90% des habitations n'ont plus de toit. On n'a pas d'eau, pas de nourriture, les secours ont encore du mal à arriver dans les zones", s'est alarmée lundi matin sur France Inter Estelle Youssouffa, députée de la première circonscription de Mayotte et "profondément indignée" par la classe politique dont "l'obsession" est "le remaniement ministériel".
"En fait, on s'en fout de Mayotte. Et ça, franchement, c'est grave", a-t-elle lâché, prise par l'émotion.
Le bilan provisoire de la catastrophe naturelle, facilitée par le réchauffement climatique, s'élève à 35 morts et environ 2.500 blessés, mais les autorités craignent un nombre de victimes plus élevé.
- "Manque d'aide de l'Etat" -
Pour Adalove Toto, agent logistique de 41 ans et vice-président de l'Union des associations mahoraises de Gironde (UAMG), "l'aide avance petit à petit". "Je ne dirai pas qu'il n'y en a pas mais il y a des zones vraiment très touchées qui sont encore sans eau, sans électricité et réseau téléphonique. Vu le peu de nouvelles qu'on a de ces zones-là, c'est que ça manque d'aide de l'État", a relevé auprès de l'AFP l'homme de 41 ans, venu se recueillir lundi place de l'Hôtel de ville à Bordeaux.
Emmanuel Macron a promis une loi spéciale pour "rebâtir Mayotte" et "mettre fin" aux bidonvilles, ce qui pourrait prendre deux ans, selon François Bayrou.
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