L'émissaire du président américain Steve Witkoff a rencontré Vladimir Poutine à Moscou vendredi afin de discuter d'une proposition américaine en vue de mettre fin à la guerre en Ukraine, un plan que l'Ukraine et l'Union européenne considèrent comme bien trop avantageux pour la Russie.
Pour Washington, Steve Witkoff est devenu l'interlocuteur clé du président russe alors que Donald Trump tente d'imposer un accord visant à mettre fin à la guerre, qui dure depuis plus de trois ans. L'émissaire a déjà rencontré Vladimir Poutine à trois reprises, lors de longues discussions.
Sa visite fait suite à des discussions techniques qui ont eu lieu plus tôt dans la semaine à Londres, lors desquelles l'Ukraine et des représentants européens ont rejeté certaines propositions américaines.
Sur une vidéo publiée par le Kremlin, on peut voir Vladimir Poutine serrer la main de Steve Witkoff puis échanger quelques mots avant de s'asseoir autour d'une table ovale.
Le président russe était accompagné de son conseiller en matière d'affaires étrangères Iouri Ouchakov et de son émissaire pour la coopération internationale en matière d'économie et d'investissement Kirill Dmitriev.
Ces discussions interviennent lendemain d'une importante attaque de drones et de missiles sur la capitale ukrainienne, Kyiv, qui a fait au moins 12 morts et qui a suscité une rare condamnation de Donald Trump qui a appelé Vladimir Poutine à "arrêter".
De son côté, Donald Trump a affirmé que des progrès importants avaient été réalisés dans les pourparlers de paix.
"Ces prochains jours vont être très importants. Des rencontres ont lieu en ce moment-même (...) Je pense que nous allons conclure un accord (...) je pense que nous en sommes très proches", a-t-il déclaré à des journalistes jeudi.
Les président américain avait averti la semaine dernière que les États-Unis renonceraient à leurs efforts de paix s'ils ne constataint pas rapidement des signes évidents de progrès.
UN DIPLOMATE DÉBUTANT
Avant son arrivée au Kremlin, le média russe Izvestia a publié des photos de Steve Witkoff se baladant dans le centre de Moscou avec l'émissaire Kirill Dmitriev, qui a joué un rôle clé dans la prise de contact avec l'administration Trump.
Steve Witkoff, un ancien investisseur dans l'immobilier sans expérience diplomatique, est considéré par ses détracteurs comme trop peu aguerri pour une négociation en tête-à-tête avec Vladimir Poutine, qui règne sur la Russie depuis 25 ans.
Certains l'ont accusé de faire écho à la propagande russe. Dans un entretien avec le journaliste Tucker Carlson le mois dernier, par exemple, il a déclaré que la Russie n'avait aucune raison d'absorber l'Ukraine ou de prendre plus de territoires, et que penser que Vladimir Poutine pourrait envoyer son armée en Europe était "ridicule".
L'Ukraine et nombre de ses alliés européens pensent le contraire : si personne n'arrête Vladimir Poutine, celui-ci tentera de s'emparer de l'Ukraine dans son entièreté et pourrait attaquer un membre de l'Otan. Le président russe dément en avoir l'intention et considère que ces avertissements sont de l'ordre de la "russophobie".
Selon des documents consultés par Reuters, l'accord de paix présenté par Steve Witkoff propose la reconnaissance officielle du contrôle russe sur la Crimée, qui a été annexée en 2014, et des territoires sous occupation russe depuis le début de la guerre.
Un autre document soutenu par l'Europe et l'Ukraine déclare que toute discussion sur la question territoriale devrait avoir lieu après la mise en place d'un cessez-le-feu et ne mentionne aucune reconnaissance du contrôle russe sur les territoires occupés.
Les différentes parties ne s'accordent pas non plus sur la question des sanctions à l'encontre de la Russie, sur les garanties sécuritaires à l'Ukraine ou sur la taille que pourrait conserver l'armée ukrainienne.
(Reportage Reuters, rédigé par Mark Trevelyan, version française Pauline Foret, édité par Kate Entringer)
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