Une vue de voitures brûlées dans un showroom à Nouméa
Les violences se sont poursuivies mercredi en Nouvelle-Calédonie même si leur ampleur semble diminuer, indique un communiqué du Haut-Commissariat qui évoque une "nuit plus calme que la précédente" avant l'arrivée dans l'archipel du président français Emmanuel Macron.
"La nuit a été plus calme que la précédente, malgré deux incendies dans l’agglomération de Nouméa. Les 1.050 renforts des forces de sécurité intérieure et de la sécurité civile présents sur place sont engagés en continu sur le terrain et seront bientôt au complet", dit ce communiqué.
Selon Jimmy Naouna, militant du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), le parti indépendantiste néo-calédonien a invité les manifestants à lever les barrages routiers, sans grand succès.
"Les forces de police démantèlent ces barrages, mais les jeunes, juste après, les reconstituent, c'est donc comme s'ils jouaient au chat et à la souris. Nous verrons ce qui se passera quand (Emmanuel) Macron arrivera", a-t-il déclaré à Reuters.
"Nous nous attendons à ce que, s'il (Emmanuel Macron) se rend en Kanaky, il annonce qu'il retire ce projet de loi, mais s'il vient ici par provocation, cela risque de mal tourner", a dit Jimmy Naouna.
Sonia Gaillard, maire Renaissance de Nouméa, a de son côté salué la venue du président dans la République, tout en appelant à une "pause" dans le processus de réforme constitutionnelle.
"Mettre un peu d'huile dans les rouages, ça ne me semble pas une mauvaise idée", a-t-elle dit sur France 2, en réagissant à l'arrivée prochaine d'Emmanuel Macron.
"J'espère une pause dans l'espace institutionnel et [je pense] qu'il ne faut pas convoquer tout de suite le Congrès à Versailles (...) La situation impose que nous fassions une pause de façon à calmer les esprits."
Par ailleurs, le gouvernement local a déclaré qu'un fournisseur d’accès internet avait subi une cyberattaque juste après l'annonce du déplacement du président français en Nouvelle-Calédonie dans le but de saturer le réseau calédonien.
"Des millions de mails ont été envoyés de manière simultanée sur une adresse e-mail qui avait comme objet de saturer le réseau internet calédonien et de le rendre inopérant", a déclaré lors d'un point presse Christopher Gygès, membre du gouvernement collégial local.
L'attaque a été stoppée avant qu’il n'y ait des dégâts importants, a-t-il ajouté, précisant que son origine n'était pas encore connue.
Christopher Gygès a déclaré plus tard à BFMTV que la majorité des adresses IP responsables de l'attaque semblaient être originaires de Russie, ajoutant qu'une enquête était en cours.
ÉVACUATIONS DE TOURISTES
Le Haut-Commissariat de la République a indiqué que des centaines de touristes avaient déjà regagné leurs territoires grâce à des vols affrétés par leurs autorités.
"Ces opérations se prolongeront jusqu'à la réouverture de l'aéroport international de La Tontouta", a-t-il précisé.
La Nouvelle-Calédonie est secouée par des troubles liés à un projet de réforme de la Constitution, contesté par les indépendantistes kanaks, qui vise à élargir aux personnes résidant depuis dix ans dans l'archipel le corps électoral, lequel est resté figé depuis l'accord de Nouméa de 1998.
Les violences ont fait six morts, engendré d'importantes destructions tandis que des barrages routiers limitent encore l'accès aux denrées alimentaires et aux médicaments.
La Nouvelle-Calédonie, colonisée par la France au 19e siècle et territoire français d'Outre-Mer depuis 1946, possède certaines des plus grandes réserves de nickel au monde.
Selon une étude de l'Insee, le taux de pauvreté s'établissait à 18,3% de la population en 2019.
(Kirsty Needham, avec la contribution de David Brunnstrom à Washington; version française Nicolas Delame et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)
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