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L'UE convient d'ouvrir des pourparlers d'adhésion avec l'Ukraine
information fournie par Reuters 15/12/2023 à 07:25

Le président ukrainien Zelenskiy visite le quartier général de l'armée américaine pour l'Europe et l'Afrique à Wiesbaden

Le président ukrainien Zelenskiy visite le quartier général de l'armée américaine pour l'Europe et l'Afrique à Wiesbaden

par Gabriela Baczynska, Krisztina Than et Andrew Gray

Les dirigeants de l'Union européenne sont convenus jeudi en sommet d'ouvrir des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, une annonce inattendue alors que la Hongrie affichait depuis des semaines son opposition à une telle décision.

Des représentants et des diplomates européens ont indiqué que le Premier ministre hongrois Viktor Orban a accepté de quitter la salle de réunion en sachant que ses homologues européens se prononceraient sur l'Ukraine en son absence. La Hongrie est le seul membre du bloc communautaire à défendre une position aussi défavorable sur la question.

Le chancelier allemand Olaf Scholz a joué un rôle clé pour obtenir de Viktor Orban qu'il quitte la salle, ont précisé des représentants et diplomates.

Il s'agit de circonstances inédites à Bruxelles, en particulier pour une décision d'une telle ampleur, alors que la règle de l'unanimité conférait de facto à Budapest un pouvoir de veto.

En amont du sommet, Viktor Orban martelait pourtant qu'il n'entendait céder ni sur l'ouverture rapide de négociations d'adhésion avec l'Ukraine, ni sur le déblocage de 50 milliards d'euros d'aide à Kyiv prélevés sur le budget de l'UE.

Le Premier ministre hongrois n'a pas dévié de sa position après l'annonce de la décision de l'UE, la décrivant comme "irrationnelle" et "inappropriée". "La position de la Hongrie est claire: l'Ukraine n'est pas prête pour nous permettre de démarrer des discussions sur une adhésion à l'UE", a-t-il dit.

"Mais 26 Etats membres étaient inflexibles sur le fait que cette décision devait être prise donc la Hongrie a décidé qu'ils devaient suivre leur propre voie", a ajouté Viktor Orban, soulignant que Budapest ne voulait pas prendre part à cette "mauvaise décision".

"UNE VICTOIRE QUI MOTIVE, INSPIRE, RENFORCE"

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué une "décision stratégique et une journée qui restera gravée dans l'histoire de notre Union".

Les dirigeants européens ont aussi décidé d'ouvrir des négociations d'adhésion avec la Moldavie et de conférer à la Géorgie le statut de candidat.

Il reste à déterminer, dans les prochains mois, le cadre des négociations formelles avec l'Ukraine, qui devraient s'étendre sur plusieurs années, d'autant que le pays de 44 millions d'habitants, à la superficie plus grande que tout autre membre de l'UE, représente un défi unique pour intégrer le bloc.

"C'est une victoire pour l'Ukraine. Une victoire pour toute l'Europe. Une victoire qui motive, inspire, renforce", s'est réjoui le président ukrainien, Volodimir Zelensky, qui avait plaidé plus tôt dans la journée devant les Vingt-Sept pour un soutien politique et financier à Kyiv.

Le dirigeant ukrainien a appelé son homologue français Emmanuel Macron pour "le remercier d'avoir fait bouger les lignes, de l'avoir soutenu, d'avoir travaillé à l'ouverture des négociations", a rapporté une source diplomatique française.

Signe des intenses efforts diplomatiques sur le dossier ukrainien, Emmanuel Macron et Olaf Scholz, accompagnés d'Ursula von der Leyen et de Charles Michel, ont rencontré Viktor Orban juste avant l'ouverture du sommet.

UN SIGNAL À DESTINATION DE MOSCOU

Le sommet de deux jours à Bruxelles est perçu comme crucial pour le signal qu'il pourrait envoyer à la Russie, près de deux ans après le début de ce que Moscou qualifie d'"opération militaire spéciale" en Ukraine mais que Kyiv et ses alliés occidentaux dénoncent comme une invasion.

Cette réunion des dirigeants européens intervient alors que la contre-offensive lancée en juin dernier par l'armée ukrainienne, avec l'objectif de reprendre des territoires contrôlés par la Russie dans le cadre de son offensive, n'a pas permis d'obtenir les gains espérés.

Une pression supplémentaire pèse aussi sur l'UE dans un contexte de divergences au Congrès américain sur des aides supplémentaires à apporter à l'Ukraine. Les parlementaires américains n'ont toujours pas approuvé une enveloppe supplémentaire de 60 milliards de dollars voulue par le président Joe Biden.

Viktor Orban, proche du président russe Vladimir Poutine, a répété à son arrivée à Bruxelles que les conditions n'étaient selon lui "pas réunies" pour entamer des négociations d'adhésion avec l'Ukraine, en dépit de la recommandation en ce sens formulée en novembre par la Commission européenne.

Des responsables et diplomates européens avaient dit s'attendre à une série de réunions difficiles qui pourraient se prolonger jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi, voire jusqu'à la fin de semaine.

(DÉ)GEL DE FONDS EUROPÉENS

Jeudi soir, les Vingt-Sept poursuivaient les discussions sur la proposition de la Commission européenne d'accorder une aide 50 milliards d'euros à l'Ukraine, sous forme de subventions et de prêts, qui s'inscrirait dans une refonte plus large du budget pluriannuel de l'UE. Une telle modification requiert également l'unanimité des pays membres, qui doivent en assumer le coût.

Viktor Orban a cité la corruption et d'autres problèmes pour justifier son opposition à un tel soutien financier à Kyiv. Cependant des diplomates ont dit suspecter le Premier ministre hongrois de se servir du dossier ukrainien comme levier pour obtenir des fonds européens gelés du fait des inquiétudes de Bruxelles sur le respect de l'Etat de droit à Budapest.

La Commission européenne a annoncé mercredi que la Hongrie avait de nouveau accès à 10 milliards d'euros du fonds de cohésion européen, après que le Parlement hongrois a approuvé une loi devant garantir l'indépendance de la justice. Elle a aussi rappelé qu'environ 21 milliards d'euros auxquels pourrait prétendre la Hongrie restaient gelés.

Le Premier ministre portugais Antonio Costa a assuré que son homologue hongrois n'avait rien demandé en échange de sa mise à l'écart de la décision sur l'ouverture de discussions d'adhésion avec l'Ukraine.

"Il a réalisé qu'il s'agissait d'une situation où 26 avaient une position unique et lui une différente. Donc il n'a pas voulu la bloquer et cette solution a été trouvée", a-t-il dit.

Adoptant une rhétorique plus acerbe, le Premier ministre belge Alexander De Croo a invité Viktor Orban à se taire. "Si vous prenez part à la décision, vous l'acceptez, ou sinon après-coup il faut se taire", a-t-il déclaré.

(Reportage Gabriela Baczynska et Andrew Gray, avec Bart Mejer, Johnny Cotton, Krisztina Than, Julia Payne, Philip Blenkinsop, Jan Strupczewski, Michel Rose, Andreas Rinke et Ron Popeski; version française Jean Terzian)

30 commentaires

  • 15 décembre 10:14

    Au sommet d'Helsinki de décembre 2004, nous avons entamé la même négociation avec la Turquie. 20 ans plus tard, c'est toujours au point mort. "Les promesses politiques n'engagent que ceux qui les entendent" disait un grand philosophe (Charles Pasqua)


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