La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, serre la main de son homologue arménien Ararat Mirzoyan, lors d'une conférence de presse à Erevan
(Reuters) - La ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s'est rendue mardi à Erevan pour souligner l'"extrême vigilance" de la France face à de potentielles menaces pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Arménie, deux semaines après une offensive de l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh.
Catherine Colonna a indiqué que Paris avait "donné son accord à la conclusion de contrats futurs forgés avec (Erevan) qui permettront la livraison de matériel militaire à l'Arménie pour qu'elle puisse assurer sa défense".
La ministre a fait savoir également qu'elle avait demandé au chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, de "renforcer effectifs et mandat de l'Union européenne dans la région" ainsi que d'inclure l'Arménie dans le champ de la Facilité européenne pour la paix (FEP).
Alors que le Haut-Karabakh est au coeur d'un conflit de trois décennies entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, Bakou a mené une offensive éclair pour prendre le contrôle du territoire, contraignant les séparatistes arméniens à rendre les armes le 20 septembre et promettant de traduire devant la justice leurs dirigeants perçus comme "criminels".
Considéré par la communauté internationale comme un territoire azerbaïdjanais, le Haut-Karabakh jouissait d'une indépendance de facto après la chute de l'Union soviétique et une guerre au début des années 1990, contrôlé par des ethnies arméniennes considérant la région comme leur partie ancestrale.
Depuis l'offensive du mois dernier, la quasi-totalité des 120.000 habitants du Haut-Karabakh ont fui vers l'Arménie, craignant pour leur sécurité.
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a dénoncé le mois dernier des appels à un coup d'Etat à son détriment et la volonté de l'Azerbaïdjan de mener selon lui une "purge ethnique" au Haut-Karabakh - des accusations rejetées par Bakou.
Erevan a par ailleurs reproché à la Russie de ne pas être intervenue alors que Moscou a chapeauté un accord de paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan pour mettre fin à une guerre à l'automne 2020 et déployé alors des troupes de maintien de la paix au Haut-Karabakh.
"ACTIONS ROBUSTES"
"Le déplacement que j'effectue aujourd'hui est une façon de marquer l'extrême vigilance qui sera celle de la France quant au fait de menacer ou de songer à porter atteinte à la souveraineté de l'Arménie", a déclaré Catherine Colonna.
"La France sera vigilante quant à l'intégrité territoriale de l'Arménie", a-t-elle souligné lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue arménien Ararat Mirzoian, prévenant que des "actions robustes" seraient menées le cas échéant.
Interrogée sur son choix de qualifier la situation au Haut-Karabakh de "départ forcé" de la population et non pas de "nettoyage ethnique", la cheffe de la diplomatie française a dit ne pas vouloir apporter de qualification juridique à ce qu'elle considère comme des "crimes graves".
Quatre anciens responsables arméniens du Haut-Karabakh ont été arrêtés dans la journée par les services de sécurité de Bakou, a rapporté l'agence de presse officielle azerbaïdjanaise.
L'Azerbaïdjan avait déjà placé en détention deux autres anciens responsables arméniens de l'enclave, arrêtés à des points de contrôle frontaliers.
Trois autres anciens dirigeants séparatistes sont en revanche arrivés en toute sécurité en Arménie, a rapporté mardi l'agence de presse officielle Armenpress, citant l'un d'entre eux.
D'après Armenpress, il s'agit de l'ancien secrétaire d'Etat du Haut-Karabakh, Artur Arutiunian, de l'ancien ministre de l'Intérieur, Karen Sarkissian, et de l'ancien chef du service de sécurité, Ararat Melkunian.
(Rédigé par Jean Terzian, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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