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Le gouvernement au défi de préparer "l'après" d'une réforme des retraites impopulaire
information fournie par Reuters 20/02/2023 à 16:02

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Bruxelles

Le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse à Bruxelles

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - L'impopulaire réforme des retraites a une chance d'être adoptée grâce au soutien des Républicains, mais Emmanuel Macron doit préparer une réponse au ressentiment de ceux qui manifestent contre cette "injustice", sous peine d'amplifier un malaise social déjà grand.

Les houleux débats à l'Assemblée nationale se sont achevés vendredi sans examen approfondi du texte qui prévoit le report de 62 à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite, disposition que les Français rejettent en majorité selon toutes les enquêtes d'opinion.

"En terme de responsabilité politique, elle est nécessaire car elle était dans notre programme présidentiel. Mais c'est une réforme difficile, qui laissera des traces sociales", reconnaît un ministre sous couvert d'anonymat.

Un haut cadre de la majorité pense déjà aux lendemains de "cette réforme qui sera en quelque sorte le dernier acte du premier quinquennat d'Emmanuel Macron puisqu'on voulait déjà la faire en 2019. Ensuite il faudra redonner du souffle, une vision, continuer la modernisation du travail, de l'économie, des institutions".

Le texte sera étudié début mars au Sénat où Les Républicains, dont l'exécutif espère le soutien pour faire aboutir son projet, sont majoritaires. Si les deux chambres s'entendent ensuite au sein d'une commission mixte paritaire, un vote est possible.

"Ça va être serré. On s'emploie à ce qu'aucune voix de manque mais on n'est pas à l'abri", dit l'entourage d'Elisabeth Borne. "La Première ministre fait le maximum pour trouver des accords et avoir une majorité soudée. Avec une majorité relative, on n'a pas d'autre choix."

En cas de désaccord, le gouvernement peut recourir à l'article 49.3 de la Constitution qui permet d'adopter un texte sans vote. Un passage en force que l'exécutif veut éviter dans un pays où les braises de la révolte des "Gilets jaunes" de l'automne 2018 couvent encore.

"Sans 49.3, cela permettrait à l'exécutif de ne pas apparaître complètement coupé du peuple, de renouer avec la narration 'Macron le réformiste'", dit Bruno Cautrès, enseignant au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). "Mais il y a un impératif : lancer des réformes qui contrebalancent car le mécontentement est là, avec une opinion qui juge la société inégalitaire, et le sentiment d'un exécutif qui n'écoute pas".

LOI TRAVAIL EN JUIN

Laurent Berger, secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, a mis en garde contre une "faute démocratique" d'un pouvoir qui resterait sourd au soulèvement citoyen, important et jusqu'ici sans violence, contre sa réforme.

Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche, la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen et le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui n'est pas député, sont les personnalités qui incarnent le mieux l'opposition à la réforme des retraites (46% et 43%) au même titre que les syndicats, qui menacent de mettre la France à l'arrêt à partir du 7 mars avec des grèves reconductibles.

S'il est trop tôt pour mesurer les conséquences de cet épisode dans les urnes, le Rassemblement national, finaliste des deux dernières courses à l'Elysée, peut tirer son épingle du jeu auprès de populations qui se sentent malmenées par la réforme.

"Les femmes aux carrières hachées avec des faibles niveaux de salaire et de capital culturel, c'est quand même un profil pour le Rassemblement national", dit Bruno Cautrès.

Le député RN Jean-Philippe Tanguy anticipe pour sa part un bénéfice politique "si le texte est voté, sinon ce sera mauvais pour tout le monde car cela nourrira l'idée, y compris au sein de notre électorat, que voter ne sert à rien."

Pour tenter de renouer avec une opinion qui ne lui accorde que 32% d'opinions favorables selon l'Ifop, Emmanuel Macron compte notamment sur le lancement rapide d'un chantier du "bon emploi" avec une loi annoncée pour juin destinée à encadrer le télétravail et promouvoir le versement aux salariés d'une partie des dividendes des entreprises.

(Reportage Elizabeth Pineau, avec la contribution de Michel Rose, édité par Blandine Hénault)

6 commentaires

  • 21 février 08:50

    vroder: +Moi


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