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Avec la flambée des prix de l'énergie, il n'a jamais été aussi rentable de passer à l'autoconsommation, même partielle. Un constat qui encourage de plus en plus de Français à se lancer.
« Au départ je payais 80 euros par mois d'électricité, puis 100, et aujourd'hui c'est 180 euros. Là, j'ai sérieusement réfléchi à faire baisser la facture », explique Cyril Murat, cuisinier dans le Bordelais. Comme lui, une majorité des Français a vu ses factures d'électricité augmenter au cours de l'année, malgré le bouclier tarifaire . Une tendance qui devrait se poursuivre : le gouvernement a déjà prévenu que les prix connaîtraient un nouveau bond de 15% début 2023. La chasse aux économies est donc ouverte.
Parmi les solutions plébiscitées, l'autoconsommation - produire chez soi une partie de l'électricité consommée, par exemple grâce à des panneaux solaires - est en bonne place. 72% des Français la privilégieraient pour maîtriser leurs coûts, selon une étude opinionway*, pour EDF ENR. « Les 3,7 kWh de panneaux solaires que je veux faire installer pourraient réduire ma facture de 50%, soit 1000 euros d'économie par an », ajoute Cyril Murat.
L'autoconsommation d'énergie monte en puissance en France
« Après avoir mis des panneaux chez moi, je compte en installer dans la maison de campagne de mes parents », s'enthousiasme Christophe installé dans la région toulousaine. Pour ce traiteur à domicile, détenteur d'une piscine et d'une voiture électrique, les dépenses d'énergie représentent une charge non négligeable. Il a donc décidé de se lancer dans l'aventure il y a un an et demi. Après en avoir installé un premier panneau solaire, puis huit de plus, il vient d'en faire installer encore huit autres. Ces dispositifs couvrent 40% de ses besoins, un chiffre qui pourrait monter, Christophe se laissant « la possibilité d'en rajouter par la suite ».
Comme Christophe ou Cyril, de plus en plus de ménages se tournent vers l'autoconsommation. Un emballement qui n'a pas échappé aux professionnels du secteur. « On assiste à un basculement », pointe Benjamin Declas, Président d'EDF ENR. Le marché des installations de panneaux solaires aux particuliers aurait crû de plus de 60% ces deux dernières années, selon lui.
Toujours plus rentable
Faire le premier pas peut toutefois être intimidant, surtout pour les novices. Marques, provenance, technologies… « Il y a tellement de possibilités », souffle Cyril Murat. Surtout, l'investissement de départ reste conséquent, surtout quand on fait appel à un professionnel. « La facture peut grimper de huit à 20.000 euros », détaille Benjamin Declas.
Mais face à l'inflation galopante des prix de l'énergie, le délai d'amortissement ne cesse de se raccourcir. « Dans le budget initial, il me fallait dix ans, finalement cinq suffiront », se réjouit Cédric Ricard, qui habite en Seine-Saint-Denis. Au-delà, les économies deviennent des bénéfices. Un ratio intéressant quand on sait que l'espérance de vie de ses installations solaires tourne autour de 20 ans au moins.
Dans l'arrière-pays niçois, les panneaux solaires de la discorde
Pour autant, il est inutile d'espérer faire de ses installations photovoltaïques une poule aux œufs d'or : cette époque est révolue. « À la base, en 2009, j'ai installé mes premiers panneaux pour revendre l'énergie à EDF. À ce moment-là, le prix était fixe à 60 centimes le kWh, alors qu'on l'achetait 13 centimes le kWh », se rappelle Régis Isambert, installé dans les Bouches-du-Rhône. Une excellente affaire. Aujourd'hui, le calcul a nettement tourné au désavantage du particulier : « On vend 10 centimes le kWh et on l'achète 18 centimes », ajoute cet ex-ambulancier, aujourd'hui retraité.
Le problème du stockage
Difficile aussi d'espérer stocker l'énergie produite lors des plages horaires d'été, pour l'utiliser la nuit tombée, voire en hiver. Les prix de batteries restent en effet très élevés. « Celles que j'ai repérées coûtent minimum 10.000 euros l'unité , explique Cyril Murat, qui espère un jour passer en autonomie totale. J'ai calculé qu'il m'en faudrait au moins deux pour stocker assez d'électricité ». Résultat, les professionnels et habitués déconseillent d'avoir les yeux plus gros que le ventre. Une installation trop volumineuse mettra plus de temps à s'amortir. « Il faut installer au plus près de ses besoins », souligne Benjamin Declas.
Si l'autoconsommation peut faire sens dans le climat actuel, il ne faut toutefois pas espérer qu'elles permettent d'atténuer les effets des délestages. « En absence de réseau, les installations cessent de fonctionner », prévient Benjamin Declas.
*Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1027 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.