Après la reprise des chantiers, c’est un nouveau bras de fer qui s’engage entre le BTP et le gouvernement (Crédits photo : Flickr - Alexandre Prévot )
La profession accuse le gouvernement, en suspendant les délais d'instruction notamment des permis de construire, de plomber leur activité.
Les 25 nouvelles ordonnances publiées la semaine dernière par le gouvernement, étaient censées apaiser les tensions. Dans le bâtiment, il n'en est rien. Après la reprise des chantiers, c'est un nouveau bras de fer qui s'engage entre le BTP et le gouvernement. Tout est parti d'un communiqué publié par le syndicat professionnel LCA-FFB (voir ci-dessous) qui représente les promoteurs, les constructeurs et les aménageurs immobiliers. Dans son viseur: les permis de construire.
Le gouvernement a annoncé la prolongation de la validité des autorisations administratives qui auraient expiré durant l'état d'urgence. La troisième ordonnance prévoit en effet que les « autorisations, permis et agréments » sont « prorogés de plein droit jusqu'à l'expiration d'un délai de deux mois suivant la fin de cette période (d'urgence sanitaire)», soit jusqu'au 24 juillet inclus. Dit autrement, aucun permis de construire ou d'aménager ne pourra être délivré jusqu'à cette date.
Cette annonce a provoqué la colère de LCA-FFB. L'organisation professionnelle, qui regroupe plus de 1000 adhérents se dit « sidérée ». « Alors que nos entreprises se démènent pour que l'activité se poursuive dans les conditions sanitaires exigées, le gouvernement porte un coup d'arrêt brutal à la filière du bâtiment pour les six prochains mois», affirme Grégory Monod, son président.
Ce lundi, huit autres organisations du bâtiment ont rejoint LCA-FFB pour réclamer la modification de l'ordonnance en réduisant la durée de l'état d'urgence sanitaire ou en réduisant les délais des recours administratifs ou des recours des tiers.
Parmi elles, la Fédération des promoteurs immobiliers. « Le BTP et le logement neuf représentent 11% du PIB de la France, soit 230 milliards d'euros par an , souligne Alexandre François-Cuxac, sa présidente. La promotion immobilière est une activité d'anticipation et tout ce qui ralentira son redémarrage sera autant de points de croissance perdus ».
Et ce ne sont pas les dernières études d'impact que viennent de publier l'Insee et l'Observatoire français des conjonctures économiques qui risquent de rassurer le secteur. Bien au contraire. La construction sera l'un des secteurs les plus impactés par l'épidémie de coronavirus, selon l'OFCE, et même le secteur le plus impacté à en croire l'Insee.
Secteur le plus impacté par l'épidémie
Les deux organismes ont utilisé deux méthodes. L'institut de la statistique a calculé l'écart entre l'activité pendant la dernière semaine de mars et celle d'une activité «normale». Avec une perte estimée à 89% (!), la construction devance largement l'industrie agro-alimentaire (-52%) et les services marchands (transports, hôtellerie, restauration, loisirs, télécommunications, assurance, etc.) (-36%).
De son côté, l'OFCE a calculé l'impact de l'épidémie sur l'activité, entre autres, de la construction. Avec une baisse de 89 points sur sa croissance mensuelle, le secteur arrive derrière la restauration/hébergement (98 points), les matériels de transport (70) et le commerce (55 points). « Le plus gros de l'impact vient surtout des travaux chez les particuliers , précise Pierre Madec, économiste à l'OFCE, spécialiste de l'immobilier. Il y a beaucoup d'incertitudes sur la poursuite des chantiers .»
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