
En 2021, le revenu moyen dans la fonction publique dépassait celui du privé, mais cet écart s'inverse en défaveur des agents publics une fois corrigé pour le temps de travail. (Crédit photo : 123RF)
Quand on compare les salaires dans le public et le privé, la réponse peut surprendre. Selon l'Insee, un salarié de la fonction publique gagne en moyenne 9,3 % de plus qu'un salarié du secteur privé. Mais attention : ce chiffre ne raconte pas toute l'histoire.
Selon les dernières données publiées par l'INSEE, en 2021, le revenu moyen dans la fonction publique s'élevait à 24.070 euros, contre 22.040 euros dans le secteur privé, soit un écart de +9,3 %. Une apparente supériorité qui masque en réalité un différentiel défavorable aux agents publics lorsque l'on corrige des écarts de temps de travail.
Les agents publics travaillent plus
En effet, les agents de la fonction publique, bien qu'un peu plus souvent à temps partiel (18 % contre 16 % dans le privé), cumulent généralement davantage de jours travaillés dans l'année. Leur volume annuel de travail est supérieur de 13,5 % à celui des salariés du privé. Contrairement à beaucoup de salariés du privé, ils ne passent pas de longues périodes entre deux contrats ou au chômage. Résultat : ils cumulent plus d'heures de travail sur l'année.
Ainsi, à temps de travail égal, le constat s'inverse : le salaire net moyen en équivalent temps plein (EQTP) est de 29.450 euros dans la fonction publique, contre 30.600 euros dans le privé, soit -3,7 % pour les agents publics.
Un retournement de tendance récent
Il y a 30 ans, c'était l'inverse : les fonctionnaires étaient mieux payés, même à temps de travail équivalent. Mais depuis, les salaires du privé ont progressé plus vite. Ce retournement s'inscrit dans une dynamique de long terme. En 1995, les agents publics percevaient un salaire moyen supérieur de 9,1 % à celui du privé en EQTP. Cet avantage s'est progressivement érodé, jusqu'à basculer en défaveur du public en 2013. Depuis, l'écart s'est creusé au bénéfice du secteur privé.
Des écarts variables selon les métiers
Cette dynamique ne touche pas toutes les catégories sociaux professionnelles de la même manière. Chez les cadres, l'écart est particulièrement marqué : leur salaire net en EQTP est inférieur de 19,7 % dans la fonction publique. En revanche, les employés du public gagnent 30,6 % de plus que leurs homologues du privé, et les ouvriers (27,4 % de plus). Cela s'explique principalement par un volume de travail annuel plus élevé dans le public (+21 % pour les employés, +24,5 % pour les ouvriers).
De fortes disparités territoriales
Les écarts entre public et privé varient également selon les territoires. Dans les départements d'outre-mer (hors Mayotte), le revenu salarial est supérieur de 63,8 % dans la fonction publique, en raison de majorations spécifiques et d'un volume de travail accru.
Des salaires plus hétérogènes dans le privé
Autre enseignement notable : la dispersion des salaires est plus marquée dans le secteur privé, où coexistent davantage de très bas et de très hauts revenus. En 2021, 27 % des salariés du privé gagnaient moins de 1.650 euros nets par mois, contre 18 % dans le public. À l'opposé, 13 % des salariés du privé percevaient plus de 3.650 euros, contre 9 % dans la fonction publique.
Enfin, le niveau de diplôme joue plus fortement dans le privé : un salarié diplômé du supérieur y gagne en moyenne 24 % de plus qu'un salarié peu ou pas diplômé, contre 16 % dans la fonction publique.
Quant aux salariés immigrés, leur pénalité salariale est de -7 % dans le privé contre -2 % dans le public. Cela s'explique sans doute par une moindre diversité d'origine parmi les agents de la fonction publique. En effet, les postes de fonctionnaires — qui constituent les deux tiers des emplois publics — sont réservés aux ressortissants de l'Union européenne.
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