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Glyphosate: le Roundup de Monsanto jugé cancérigène par un jury californien
information fournie par Le Figaro 20/03/2019 à 09:30

Glyphosate: le Roundup de Monsanto jugé cancérigène par un jury californien (Crédit photo: Mike Mozart - Flickr)

Glyphosate: le Roundup de Monsanto jugé cancérigène par un jury californien (Crédit photo: Mike Mozart - Flickr)

Pour un jury californien, l'herbicide phare de la société américaine Monsanto, propriété du géant allemand Bayer, est un «facteur substantiel» dans l'apparition d'un cancer chez un septuagénaire. Le groupe rejette vigoureusement ce verdict.

Nouvel épisode dans l'affaire Roundup. Mardi, les jurés d'un tribunal californien ont déclaré que cet herbicide de la société américaine Monsanto, désormais propriété du titan allemand Bayer, était un «facteur substantiel» dans l'apparition d'un cancer chez le plaignant Edwin Hardeman. Une décision qui clôt la première phase d'un procès largement médiatisé, et qui oppose depuis fin février un septuagénaire au groupe agrochimique.

Après cinq jours d'examen et de délibération sur les preuves scientifiques, les jurés ont estimé unanimement que le désherbant à base de glyphosate de Monsanto avait provoqué un lymphome non-hodgkinien chez le plaignant. L'homme avait expliqué à la barre avoir utilisé du Roundup durant vingt-cinq ans sur sa propriété pour éliminer du sumac vénéneux. Et, «pas mal de fois», le produit était entré en contact avec sa peau. «Le jour de Noël 2014, il s'est réveillé et a senti une grosseur dans sa gorge», avait expliqué l'une de ses avocates, maître Aimee Wasgtaff. Diagnostiqué atteint d'un lymphome en 2015, il avait porté plainte l'année suivante contre Monsanto.

Les avocats du septuagénaire se sont félicités de la décision du jury: Monsanto «ne se soucie pas particulièrement de savoir si son produit cause ou non le cancer, préférant manipuler l'opinion publique et décrédibiliser quiconque soulève des inquiétudes légitimes» sur son produit phare, ont-ils dénoncé. De son côté, Bayer s'est dit «déçu» du verdict: le groupe «continue de croire que les études confirment que les herbicides à base de glyphosate ne causent pas le cancer». Se disant solidaire de la douleur de la famille d'Edwin Hardeman, l'entreprise martèle qu'un «corpus scientifique important» a conclu que son produit n'était pas à l'origine du cancer de l'individu. «Les produits Roundup et leur ingrédient actif, le glyphosate, sont utilisés avec succès et en toute sécurité depuis plus de quarante ans dans le monde», explique Bayer: en conséquence, le groupe «soutient ses produits et les défendra vigoureusement», conclut le communiqué.

Un «procès test» à l'issue très attendue

Cette décision clôt la première phase d'un procès qui en comprendra deux. La première, scientifique, visait à déterminer si le Roundup était ou non responsable de l'apparition du cancer du retraité. La seconde devra quant à elle aboutir à un éventuel engagement de la responsabilité du groupe Monsanto et, le cas échéant, à des dommages et intérêts. Les avocats du plaignant tenteront de convaincre les jurés que l'entreprise a voulu influencer les scientifiques, les médias et le public sur la sécurité de ses produits: «nous pouvons maintenant nous concentrer sur les preuves que Monsanto n'a pas adopté une approche responsable et objective quant à la sécurité du Roundup», ont-ils déclaré à l'issue du verdict. Bayer estime quant à lui que la deuxième phase permettra de démontrer que «Monsanto s'est comporté de façon adéquate et que l'entreprise ne doit pas être considérée comme responsable» du lymphome d'Edwin Hardeman.

Cette simple affaire pourrait avoir des répercussions bien plus massives pour Bayer, en établissant une jurisprudence qui lui porterait préjudice. Selon Reuters, plus de 11.000 cas similaires liés au Roundup attendent d'être jugés aux États-Unis, et les tribunaux se sont déjà prononcés contre Monsanto par le passé: en août dernier, un Californien, Dewayne «Lee» Johnson, avait ainsi reçu 289 millions de dollars lorsqu'un jury avait conclu que son cancer avait été provoqué par l'herbicide. Une somme réduite par la suite à plus de 78 millions de dollars, et qui reste en suspens à la suite de l'appel de Bayer. Si la responsabilité de Monsanto est engagée dans le cadre du procès d'Edwin Hardeman, des milliers de cas similaires pourraient suivre le même chemin et réclamer des dommages et intérêts, entraînant de lourdes répercussions pour l'entreprise.

Pour le groupe agrochimique, cependant, le jugement qui vient d'être rendu ne saurait engendrer un quelconque effet boule de neige: «la décision prise dans la première phase du procès n'a aucun impact sur les cas futurs et les procès à venir, car chacun d'entre eux a son propre contexte et ses propres circonstances juridiques», précise-t-il. Son produit phare, le glyphosate, reste sujet à polémique: en 2015, le groupe de recherche sur le cancer de l'OMS l'a classé comme «probablement cancérigène pour l'homme», une conclusion différente de celle de nombreuses agences, dont l'Environmental protection agency (EPA) américaine ou l'Agence européenne des produits chimiques.

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