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Sur 1500 biens proposés sur Airbnb à Marseille, 220 auraient été mis en vente en un an.
À Marseille, Airbnb est dans le viseur de la municipalité. Les boîtes à clés ont été retirées dans les rues à la disqueuse. La durée de location maximale de résidences principales à des touristes a été fortement abaissée de 120 à 90 jours, en février dernier, comme c'est le cas à Paris . «À Marseille, nous aurons la réglementation la plus stricte et la plus forte de France pour lutter contre les meublés de tourisme» , a promis Benoît Payan, le maire socialiste de la Ville. Et il a tenu parole. «Limiter la fréquence à laquelle les Marseillais peuvent louer leur résidence principale ne résoudra pas la tension du logement, rétorquait Clément Eulry, le directeur général de Airbnb France et Belgique.
Quelques mois plus tard, les reventes de logements loués sur Airbnb seraient légion. Sur 1500 biens proposés sur Airbnb à Marseille, 220 auraient été mis en vente en un an, comme le rapporte ce reportage diffusé sur TF1, qui s'appuie sur des données de Lycaon Immo . Florian, un trentenaire propriétaire d'un logement proposé sur Airbnb fait partie de ceux qui ont mis en vente leur appartement, lui qui le proposait à la location depuis 2019. « Le passage de 120 nuitées à 90 nuitées », l'a conduit dans cette direction extrême. Il craint également « une fiscalité plus dure ». Les biens ne sont pas remis sur le marché de la location de longue durée, contrairement à ce qu'espérait le maire. « Ça peut aboutir en fait à un effet de marché où vous allez avoir tout d'un coup tout un groupe de propriétaires qui se disent c'est plus rentable de vendre maintenant vu le dynamisme de marché plutôt que de tenter une location qui n'est plus sûre d'être effective» , explique Stéphane Daumillare, cofondateur de la plateforme d'estimation Lycaon.
Les logements vacants les véritables responsables de la crise ?
Airbnb conteste toutefois la véracité de ces chiffres, auprès du Figaro . « Nous n'avons pas constaté d'évolution récente significative du volume d'offres disponible sur Airbnb en France et plus particulièrement à Marseille. Chaque année, les voyageurs français et étrangers sont de plus en plus nombreux à choisir Airbnb pour leurs vacances en France, générant, grâce à leur venue, de nouvelles ressources pour les habitants, les commerces locaux et les communes. Nous encourageons les villes à se saisir des outils mis à leur disposition d'une manière proportionnée, afin de préserver le droit des habitants à louer occasionnellement leur logement et les bénéfices d'Airbnb pour l'économie locale.»
S'appuyant sur des «données internes» Airbnb déclare qu'«En France, 92 % des meublés de tourisme sont loués de manière occasionnelle par des familles pour compléter leurs revenus ou rénover leur logement [...] Le déficit de construction et les logements vacants représentent les principales causes de la crise du logement en France». De plus, Airbnb génère des revenus supplémentaires pour les communes : « A Marseille, les voyageurs ayant séjourné dans des locations de courte durée ont dépensé 417 millions d'euros, ce qui a permis de soutenir plus de 4 800 d'emplois locaux », assure la plateforme.
Des résultats loin de ceux escomptés à New York
Ce phénomène n'est pas sans rappeler le cas de New York, où une réglementation ultra-restrictive est mise en place. Les locations touristiques de moins de 30 jours sont interdites. En l'espace d'un an, le nombre d'annonces de locations Airbnb à New York disponibles pour moins de 30 jours a fondu de 82%. En parallèle, les prix hôteliers ont bondi de 7,4%, pour dépasser les 300 dollars. D'après Airbnb, le taux de vacance reste bas (1,4%, soit le plus bas jamais atteint depuis plus d'un demi-siècle) et les loyers continuent à flamber. Dès lors, restreindre Airbnb, est-ce vraiment une solution pour résoudre la crise du logement ? Airbnb suggère plutôt de mettre en place « des quotas ciblés, adaptés à chaque quartier, afin de limiter les quelques locations de courte durée dédiées là où cela est nécessaire, constitue une meilleure voie à suivre . Aux Sables-d'Olonne par exemple, qui a mis en place des quotas par zone, un équilibre a été trouvé, ce qui a permis à la ville d'augmenter le nombre d'autorisations délivrées par zone par la ville ».
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