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Lancement du satellite militaire CSO3 : Une première mission commerciale stratégique réussie pour Ariane 6
information fournie par Le Figaro 06/03/2025 à 18:40

La nouvelle fusée européenne a mis en orbite le satellite d’observation CSO3 du ministère des Armées.

Mission stratégique réussie pour Ariane 6 . Après deux reports, la nouvelle fusée européenne a décollé, ce jeudi, depuis Kourou en Guyane, à 17 h 24 (heure de Paris). Il s’agit de sa première mission commerciale, après le succès de son vol inaugural de qualification à la mi-juillet 2024. À son bord, le satellite d’observation militaire CSO3, que le lanceur lourd a injecté, une heure et six minutes après le décollage, à 800 km de la Terre, pour le compte du ministère des Armées.

CSO3 rejoint deux autres satellites jumeaux : CSO1, qui tourne à la même altitude depuis 2018, et CSO2, qui orbite à 450 km d’altitude depuis 2020. Ce trio succède aux satellites Helios de génération plus ancienne, dont le premier a été lancé il y a trente ans. Avec CSO3, la France doit achever un cycle de renouvellement de ses capacités spatiales militaires, avec en plus des CSO, le lancement des trois satellites d’écoute électronique Ceres en 2021, et des deux satellites de télécoms sécurisées : Syracuse 4A, déployé également en 2021, et Syracuse 4B, lancé par Ariane 5 lors de son dernier vol, le 5 juillet 2023.

Consortium formé d’Airbus Space et Thales Alenia Space

Les satellites CSO ont été conçus sous maîtrise d’ouvrage de la Direction générale de l’armement (DGA), qui a délégué la gestion du programme au Centre national d’études spatial (Cnes). « En lien avec la DGA, nous avons établi les spécifications du système spatial, avec les satellites et les segments sol et de contrôle », précise Lionel Suchet, président du Cnes. Ce dernier a ensuite confié leur réalisation à un consortium, formé par Airbus Space, chargé de la plateforme satellitaire et de l’assemblage des trois satellites, et par Thales Alenia Space, responsable de l’instrument optique.

La direction du renseignement militaire (DRM) et le centre de commandement de l’espace (CDE) attendent CSO3 depuis longtemps. Ce satellite aurait dû être lancé en 2021 par une fusée russe Soyouz depuis la Guyane, comme les deux premiers. Décalée à mars 2022, sa mise en orbite a été annulée suite à l’arrêt des coopérations spatiales avec la Russie dans la foulée de l’agression de l’Ukraine fin février 2022 . La petite fusée italienne Vega C n’étant pas assez puissante pour le prendre en charge. Et la France se refusant à confier au Falcon 9 de SpaceX, un actif relevant de la souveraineté nationale, et à le lancer depuis l’étranger.

Ariane 6 n’avait donc pas droit à l’erreur. Tout comme Arianespace, qui est désormais responsable de l’exploitation du pas de tir d’Ariane 6. Une responsabilité que lui a transférée le Cnes. Le ministère des Armées n’avait en effet pas de plan B en cas d’échec. « CSO 1 et 2 fonctionnent très bien. Mais en cas de perte de CSO3, nous aurions dû compenser, en augmentant nos achats de services commerciaux auprès de Pléiades Neo (deux satellites d’observation appartenant à Airbus Space, NDLR). Et accélérer le programme Iris, qui doit prendre le relais de CSO, à partir de 2029-2030 » , explique l’ingénieur de l’armement Michel Sayegh.

Coopération avec huit pays

Le succès de la mission CSO3 marque l’achèvement d’un programme, décidé en 2010, pour un budget de 2 milliards d’euros. Le troisième satellite apporte de nouvelles capacités - « vision » dans deux gammes d’ondes, le visible et l’infrarouge, une prise d’images en très haute résolution et en 3D - qui intéressent les pays partenaires. Paris a en effet signé des accords bilatéraux avec huit pays, dont l’Allemagne, l’Italie, la Suède ou encore la Pologne en 2024. En échange de l’accès aux données des CSO, les pays partenaires mettent à disposition les renseignements collectés par leurs propres « espions », notamment les satellites radar SARah allemands et les Cosmo-SkyMed de seconde génération italiens. « Nous cherchons un équilibre entre capacité patrimoniale, coopération avec des tiers et achat de services commerciaux », développe le contre-amiral Christophe Mérieult, officier général adjoint au Commandement de l’espace (CDE).

La France étudie aussi, au cas par cas, des coopérations avec des pays non européens, comme le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis. En octobre 2024, Paris a en outre rejoint l’initiative Olympic Defender lancée par Washington en 2013. Elle associe les « Five Eyes » (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), la France et l’Allemagne. L’objectif est de renforcer la coopération opérationnelle dans le domaine spatial, en particulier pour préparer et mener des opérations militaires en coalition. Les armées dépendent en effet de plus en plus de l’espace qui est aussi devenu un terrain de conflictualité entre grandes puissances. La majorité des systèmes aéroportés avancés et des drones s’appuient sur les données collectées, les systèmes de positionnement (GPS, Galileo en Europe), de connectivité (Starlink et, demain, la constellation européenne Iris 2 ) et de télécoms. Dans le cadre de la loi de programmation militaire 2024-2030, la France a prévu un budget de 6 milliards afin de renforcer encore ses capacités spatiales.

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