A l'ONU, des dirigeants supplient d'éviter une guerre totale au Liban

information fournie par AFP 24/09/2024 à 21:20

Le président américain Joe Biden à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU, le 24 septembre 2024 à New York ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )

Israël a essuyé mardi les vives critiques de nombreux dirigeants réunis à l'ONU l'appelant à éviter une guerre totale au Liban où les frappes israéliennes se poursuivent, entraînant le pays "au bord du gouffre".

"Une guerre généralisée n'est dans l'intérêt de personne. Même s'il y a une escalade de la situation, une solution diplomatique est toujours possible", a insisté le président américain Joe Biden, premier soutien militaire d'Israël.

"En fait, cela reste la seule voie possible vers une sécurité durable permettant aux habitants des deux pays de rentrer en toute sécurité chez eux à la frontière", a-t-il poursuivi.

Joe Biden faisait ses adieux à l'ONU lors de la grand-messe annuelle de l'Assemblée générale assombrie par les craintes d'une guerre régionale au Proche-Orient.

Plus de 100 chefs d'Etat et de gouvernement se succèdent à la tribune jusqu'à la fin de la semaine alors que les conflits font rage à travers la planète, en particulier au Liban et dans la bande de Gaza.

Il faut "finaliser maintenant" un accord de cessez-le-feu à Gaza, a d'ailleurs insisté Joe Biden. Les Etats-Unis mènent, sans succès pour l'instant, avec le Qatar et l'Egypte des négociations avec Israël et le Hamas pour un accord visant à faire taire les armes et aboutir à une libération des otages.

- Liban "au bord du gouffre" -

"Gaza est un cauchemar permanent qui menace d'emporter toute la région dans le chaos", a affirmé le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sous les yeux du président palestinien Mahmoud Abbas, qui pour la première fois siégeait par ordre alphabétique au milieu des autres dirigeants grâce à de nouveaux droits accordés à l'"Etat observateur" de Palestine.

"A commencer par le Liban. Le peuple libanais, le peuple israélien et les peuples du monde ne peuvent se permettre que le Liban devienne un autre Gaza", a-t-il ajouté. "Nous devrions tous être alarmés par cette escalade. Le Liban est au bord du gouffre".

Dénonçant les "applaudissements" de l'Assemblée pour les Palestiniens mais le "silence" sur les otages israéliens, l'ambassadeur israélien à l'ONU, Danny Danon, a fustigé "une mascarade annuelle d'hypocrisie".

Près d'un an après le début de la guerre dans le petit territoire palestinien déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, le conflit menace de s'étendre au Proche-Orient.

Des frappes israéliennes contre le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié du Hamas palestinien, ont fait lundi 558 morts, dont 50 enfants et 94 femmes, et 1.835 blessés, selon les autorités libanaises, le plus lourd bilan humain en une journée depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

"Nous continuerons de frapper le Hezbollah", a promis mardi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, tandis qu'à l'ONU son ambassadeur Danny Danon assurait qu'Israël n'avait "aucun désir" d'envahir le Liban au sol et préfèrerait une solution diplomatique.

Discours après discours, de nombreux dirigeants montant à la tribune ont eu les mots les plus forts pour critiquer les actions d'Israël, à Gaza ou au Liban.

La guerre dans la bande de Gaza est un "crime de génocide", a accusé l'émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tandis que le président colombien Gustavo Petro qualifiait Benjamin Netanyahu de "criminel".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a lui accusé Israël "d'entraîner toute la région dans la guerre". "Ce ne sont pas seulement les enfants, c'est aussi le système de l'ONU qui meurt à Gaza", a-t-il ajouté.

Le président palestinien MahmOud Abbas (2e g, rangée du haut) et des membres de la délégation palestinienne à l'Assemblée générale de l'ONU, le 24 septembre 2024 à New York ( AFP / ANGELA WEISS )

"Notre monde a échoué sur le plan politique, mais notre humanité ne doit plus échouer face à la population de Gaza", a affirmé de son côté le roi de Jordanie Abdallah II, en soulignant que son pays n'accepterait jamais le déplacement forcé des Palestiniens et de servir de "patrie alternative".

Le nouveau président iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays soutient le Hezbollah et le Hamas et qui fera lui son premier discours à l'ONU, avait aussi accusé lundi Israël de chercher à "élargir" le conflit au Moyen-Orient. Il a qualifié mardi d'"insensée et incompréhensible" l'"inaction" des Nations unies envers Israël en référence à Gaza et aux frappes sur le Liban.

- Soutien à l'Ukraine -

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors du "Sommet de l'avenir" au siège de l'ONU, le 23 septembre 2024 à New york ( AFP / TIMOTHY A. CLARY )

Mardi, à la demande des Ukrainiens qui, selon des sources diplomatiques, craignaient cette année que "leur" guerre ne soit éclipsée, le Conseil se réunira sur l'Ukraine en présence du président Volodymyr Zelensky, star de l'édition 2023.

Le dirigeant ukrainien, qui doit s'exprimer mercredi à l'Assemblée, a appelé lundi "tous les pays à continuer à soutenir nos efforts conjoints pour un avenir pacifique".

Le président américain a répondu à l'appel soulignant que le président russe Vladimir Poutine avait échoué dans son invasion de l'Ukraine et exhortant les Nations unies à maintenir leur soutien à Kiev jusqu'à ce qu'elle soit victorieuse.

M. Zelensky doit présenter cette semaine au président américain un "plan pour la victoire".