ArcelorMittal divise par trois son bénéfice au 3T, tacle les "exportations agressives" de la Chine
information fournie par Boursorama avec AFP 07/11/2024 à 13:07

( AFP / CHRISTOPHE SIMON )

Le deuxième sidérurgiste mondial ArcelorMittal a estimé jeudi que les "conditions actuelles du marché" de l'acier, marquées depuis des mois par des "exportations agressives" de la Chine, "en surproduction", n'étaient "pas soutenables".

Au troisième trimestre 2024, ArcelorMittal a vu son bénéfice net divisé par trois par rapport à la même période de 2023, à 287 millions de dollars (266,6 millions d'euros).

Son chiffre d'affaires a baissé de 8,5%, à 15,19 milliards de dollars (14,11 milliards d'euros), indique un communiqué du groupe diffusé jeudi.

"L'augmentation du niveau d'importation en Europe est un sujet de préoccupation et des mesures commerciales fortes sont nécessaires et urgentes pour y faire face", a plaidé une nouvelle fois le directeur général du groupe Aditya Mittal, cité dans le communiqué.

Suite au rapport Draghi sur la compétitivité de l'Europe, le groupe précise qu'il travaille avec la Commission et les 27 Etats membres sur des mesures destinées à "soutenir" un secteur de l'acier décarboné compétitif en Europe, comportant "des défenses commerciales" et un mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF en français, CBAM en anglais, NDR) "efficace".

ArcelorMittal fait partie des sept sidérurgistes européens qui avaient appelé au secours les Etats de l'UE mi-octobre, réclamant des "mesures d'urgence" face à la surproduction mondiale d'acier, et à la concurrence qu'ils jugent "déloyale", permise par l'Union européenne sur son propre sol, favorisant des aciers carbonés importés à bas prix alors qu'ils sont engagés dans de coûteux investissements de décarbonation de leur production.

- "Résiliente" -

"Sans mesures urgentes, il sera difficile dans la plupart des Etats membres de l'UE de préserver une industrie sidérurgique résiliente et durable qui puisse investir dans nos ambitieux projets de décarbonation d'ici 2030 et au delà", avaient averti dans leur lettre les dirigeants de Tata Steel NH, ArcelorMittal Europe et Salzgitter notamment.

Pour son groupe, M. Mittal se félicite néanmoins d'une performance financière "résiliente" au troisième trimestre, dans un environnement "terne".

"Le second semestre 2024 devrait être marqué par une demande plus forte que le même semestre de 2023", estime M. Mittal, qualifiant de "positive" la perspective à moyen et long terme de l'acier.

De juillet à septembre, le sidérurgiste a vu son bénéfice avant impôt, intérêt, dépréciation et amortissement (ebitda) reculer de 26,4% à 1,58 milliard de dollars, dans la fourchette du consensus d'analystes réunis par Bloomberg (entre 1,25 milliard et 1,67 milliard de dollars).

Le marché a bien réagi jeudi, car l'ebitda est légèrement au dessus des attentes d'un autre consensus d'analystes fourni par l'entreprise (1,48 milliard de dollars).

A la Bourse de Paris, le titre progressait de 5,62% à 24,43 euros vers 11H30 jeudi, sur un marché en hausse de 0,57%, soit une hausse de quelque 12,8% sur les 12 derniers mois.

Au troisième trimestre, l'activité a été aidée par le Brésil, où les volumes d'expédition d'acier ont augmenté de 4,1%, ce qui a compensé la baisse des prix de 4,7% et permis un maintien du bénéfice d'exploitation dans ce pays à 414 millions de dollars.

Côté décarbonation, le sidérurgiste a signé au Brésil des contrats en août pour développer deux champs solaires d'une capacité combinée de 465 MW, qui couvriront 14% de ses besoins en électricité dans le pays.

Cet effort de verdissement s'ajoute à un projet éolien de 554 mégawatts qui doit être lancé en 2025, au Brésil également, qui devrait porter à 2,1 gigawatts le total du portefeuille d'énergie renouvelable du sidérurgiste dans le monde.

De juillet à septembre, la production d'acier brut d'ArcelorMittal a légèrement baissé à 14,8 millions de tonnes contre 15,2 Mt au troisième trimestre 2023, portant le total à 43,9 Mt sur les neuf premiers mois de l'année contre 44,4 Mt de janvier à septembre 2023.

Les expéditions se sont quasi-maintenues au troisième trimestre, à 13,4 millions de tonnes contre 13,7 Mt.

La production de minerai de fer a atteint 10,1 Mt au 3e trimestre contre 10,7 Mt sur la même période l'an passé.