Education en crise: Borne promet d'user de son poids politique information fournie par AFP 24/12/2024 à 17:26
L'ex-Première ministre Elisabeth Borne a promis d'user de son poids politique à l'Education pour défendre une école en crise, mais se voit déjà critiquée par des syndicats enseignants qui l'attendent au tournant, notamment sur les suppressions de postes envisagées.
Si elle a d'emblée admis ne pas être une "spécialiste" des sujets dont elle a désormais la charge - Education, enseignement supérieur et recherche -, la numéro deux du gouvernement Bayrou a dit avoir accepté en raison du contexte politique "particulier et grave".
Poids lourd du nouveau gouvernement, chargé de rebondir après la chute de l'équipe Barnier en moins de trois mois, l'ex-Première ministre a notamment appelé à "trouver la voie de la stabilité institutionnelle" et insisté sur la nécessité "de faire émerger des alliances entre les forces politiques républicaines".
"En me proposant de rejoindre le gouvernement en tant que ministre d'État, le président de la République et le Premier ministre ont souhaité faire de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche la priorité de l'action gouvernementale", a souligné celle qui a quitté Matignon en début d'année, remplacée par l'ex-ministre de l'Education Gabriel Attal.
Faisant acte d'humilité, elle a rappelé être "la sixième ministre à être nommée en un peu plus de deux ans et demi" rue de Grenelle, mesurant "les difficultés et les attentes de la communauté éducative".
- Pas d'état de grâce -
Mais l'ex-Première ministre a aussi rappelé son poids politique, son "expérience" et sa "capacité à défendre les budgets, alors que les syndicats sont inquiets des suppressions de postes d'enseignants envisagées par le précédent gouvernement.
Elle ne s'est pas avancée sur ses objectifs mais dit vouloir faire cesser les "violences dans nos établissements", les "atteintes à la laïcité dans nos écoles" et vouloir un accueil adapté aux élèves et étudiants en situation de handicap.
Mme Borne s'est aussi inquiétée du niveau des résultats des élèves français dans les tests internationaux, "pas au rendez-vous".
Des "chantiers" qui nécessitent des "personnels en nombre et correctement formés. Vous devrez user de votre poids politique pour arrêter les suppressions de postes", l'a enjoint Jerôme Fournier, l'un des responsables du syndicat SE-Unsa, sur le réseau X.
Quant à Sophie Venetitay, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat de l'enseignement secondaire, elle a fustigé "un discours creux (...) sans jamais évoquer les salaires, le budget ou le +Choc des savoirs+", la réforme des programmes portée par les ex-ministres Gabriel Attal et Anne Genetet et contestée par nombre d'enseignants.
Le 5 décembre, un mouvement de grève de fonctionnaires a été très suivi par les enseignants. Ils protestaient notamment contre quelque 4.000 suppressions d'emplois dans l'éducation qui étaient prévues dans le budget du gouvernement Barnier, et contre l'annonce fin octobre d'un plan de lutte contre l'"absentéisme" des fonctionnaires avec le passage d'un à trois jours de carence (non payés), entre autres griefs.
En revanche, Mme Borne n'a dit mot mardi du programme d'Education à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) stoppé par la chute du gouvernement de Michel Barnier.
A l'inverse, la nouvelle ministre chargée de l'Egalité femmes-hommes Aurore Bergé a cité cette thématique comme une "nécessité absolue".
Mme Borne a par ailleurs exprimé sa "solidarité" aux habitants de Mayotte. L'un de ses premiers dossiers difficiles sera de gérer la rentrée scolaire dans l'archipel ravagé par le cyclone Chido.
Le président de la République Emmanuel Macron a reconnu la semaine dernière que toutes les écoles ne pourront pas rouvrir le 13 janvier comme prévu après Noël.
Il a évoqué la possibilité de transférer certains élèves vers d'autres territoires, notamment la Réunion, sans détailler les modalités d'une telle option.
De son côté, le nouveau ministre chargé de l'enseignement supérieur et de la recherche, Philippe Baptiste, a souligné, lors de sa passation de pouvoir avec Patrick Hetzel, que "de nombreux établissements sont dans une situation budgétaire tendue".
Il faudra "faire des choix et établir des priorités dans chaque établissement", a-t-il prévenu.
Syndicats de l'enseignement supérieur, organisations étudiantes et présidents d'universités avaient tiré la sonnette d'alarme plus tôt ce mois-ci sur le sous-financement des universités.