Moscou prêt à examiner la question "complexe" d'une trêve sur les objectifs civils
information fournie par Reuters 22/04/2025 à 16:30

Vue du Kremlin à Moscou

La Russie est prête à examiner une proposition avancée par le président ukrainien Volodimir Zelensky d'une trêve concernant les infrastructures civiles, a assuré mardi le Kremlin au lendemain de propos similaires de Vladimir Poutine, alors que Moscou et Kyiv sont pressés par les Etats-Unis de donner des gages de bonne volonté en vue d'un règlement du conflit.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a toutefois souligné que la question était complexe et qu'il n'existait pour l'heure aucune discussion prévue à ce sujet entre les deux pays.

"En fait, le président a expliqué la complexité de cette question hier, en réponse aux questions de journalistes. Lorsqu'il s'agit d'infrastructures civiles, nous devons clairement différencier les situations dans lesquelles ces infrastructures peuvent devenir une cible militaire, et les situations dans lesquelles elles ne le peuvent pas", a-t-il dit.

"Il y a par conséquent des nuances qui méritent discussion", a ajouté le porte-parole du Kremlin.

Donald Trump et son chef de la diplomatie Marco Rubio ont prévenu vendredi que les Etats-Unis pourraient renoncer à leurs efforts pour parvenir à la paix entre la Russie et l'Ukraine s'ils ne constatent pas sous peu de signes évidents de progrès.

Vladimir Poutine a ordonné le lendemain une trêve de 30 heures à l'occasion du week-end pascal, que les deux camps se sont mutuellement accusés d'avoir violée à de multiples reprises.

"OPÉRATION MARKETING"

Interrogé mardi matin sur franceinfo, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a qualifié cette trêve d'"opération marketing (...) visant à éviter que le président Trump ne s'impatiente", même si elle a donné lieu à une baisse des attaques de drones et de missiles longue portée.

Volodimir Zelensky a de son côté réitéré mardi sa proposition de ne pas frapper a minima des objectifs civils.

"Notre proposition de cesser les frappes contre les infrastructures civiles reste à l'ordre du jour. Ce qu'il faut, c'est une réelle volonté de la Russie d'engager ce dialogue", a-t-il déclaré sur X.

De nouvelles discussions sont prévues mercredi à Londres entre Américains, Ukrainiens et Européens, dans le sillage de celles organisées la semaine dernière à Paris, pour la première fois depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier.

La priorité de ces discussions sera, selon Volodimir Zelensky, de pousser à nouveau en faveur d'un cessez-le-feu sans conditions. L'Ukraine en a accepté le principe le mois dernier, contrairement à Moscou qui a répondu en posant plusieurs questions et conditions quant à sa mise en oeuvre.

Ces discussions seront aussi l'occasion pour les Européens et les Ukrainiens d'exprimer à nouveau leurs attentes et leurs lignes rouges, a souligné Jean-Noël Barrot.

"Le seul objectif qui nous préoccupe c'est de défendre les intérêts des Français et la sécurité de l'Europe et de la France. C'est la raison pour laquelle, puisque les Etats-Unis aujourd'hui ont décidé de se placer dans une position de médiateurs, nous leur faisons entendre ce que sont nos lignes rouges, ce sur quoi nous ne céderons pas", a-t-il dit sur franceinfo.

(Dmitry Antonov, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Nicolas Delame)