Supprimer l'abattement fiscal des retraités? Darmanin prend le contrepied de Bercy information fournie par Boursorama avec Media Services 24/04/2025 à 14:54
Cette option a émergé dans le débat sur la chasse aux milliards menée par le gouvernement.
"Il y a un sujet de retraites, mais à mon avis, il n'y a pas forcément un sujet de retraités". Interrogé à l'antenne de franceinfo jeudi 24 avril sur l'idée de toucher à l'abattement fiscal de 10% dont bénéficient les retraités français sur leurs pensions, le garde des Sceaux a exprimé ses réserves face à cette option pourtant considérée par ses collègues de gouvernement, côté Bercy.
Dans les colonnes du Parisien , la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin n'a ainsi pas écarté cette hypothèse, estimant "que ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution". L'abattement fiscal pour les retraités a été introduit en 1978 dans l'objectif de les mettre à égalité avec les actifs qui bénéficient eux aussi d'une déduction fiscale automatique de 10% de leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels. Supprimer l'abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l'augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d'autres, qui sont non-imposables aujourd'hui, le deviennent.
"Changer de modèle" plutôt que multiplier les "rabots"
"Il n'est pas totalement faux de dire que c'est dans le champ social qu'on doit faire des économies", a admis pour sa part Gérald Darmanin, avant d'afficher ses réserves. "Je pense que c'est pas en faisant des rabots systématiques y compris sur nos retraités qu'on y arrive forcément (...). Les mesures qui consistent à ne faire que du rabot budgétaire, on les fait parfois parce qu'on est pris à la gorge, mais ce ne sont pas des mesures pérennes. Ce qu'il faut, c'est changer notre modèle", a plaidé l'ancien ministre de l'Intérieur. Gérald Darmanin a par ailleurs répété son parti-pris pour "un système avec une grande partie de capitalisation".
Le président du Conseil d'orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s'était dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef Patrick Martin, qui le juge "aberrant". "Qu'un retraité bénéficie d'une exonération fiscale pour des frais professionnels", "pour 4 milliards et demi d'euros par an", c'est "contre-nature" et "aberrant", selon le dirigeant de la première organisation patronale.