Trois journalistes tués dans une frappe israélienne dans le sud du Liban
information fournie par Reuters 25/10/2024 à 09:49

De la fumée s'élève au-dessus des banlieues sud de Beyrouth

par Maya Gebeily

BEYROUTH (Reuters) -Trois journalistes ont été tués et plusieurs autres blessés lors d'un bombardement israélien tôt vendredi sur des maison d'hôtes utilisées par les médias à Hasbaya, dans le sud du Liban, ont rapporté le ministère libanais de la Santé et les médias libanais.

Parmi les victimes figurent le caméraman Ghassan Najjar et le technicien Mohamed Reda, qui travaillaient pour la chaîne de télévision pro-iranienne Al Mayadine, ainsi que le caméraman Wissam Qassem de la chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar, ont confirmé les deux médias dans des déclarations séparées.

Ces attaques font de cette journée la plus meurtrière pour les médias en un an d'hostilités entre l'armée israélienne et la milice chiite Hezbollah, période au cours de laquelle cinq journalistes ont déjà été tués, dont le journaliste de Reuters Issam Abdallah.

"Il s'agit d'un crime de guerre", a déclaré le ministre libanais de l'Information, Ziad Makary.

Des journalistes qui se trouvaient sur place ont indiqué qu'un pavillon dans lequel dormaient des employés de ces chaînes avait directement été visé.

"L'occupation (Israël) a délibérément pris pour cible la résidence des journalistes, et des journalistes d'autres chaînes arabes ont été blessés", a déclaré Ghassan Ben Jeddou, directeur d'Al Mayadine, sur le compte X de la chaîne.

"Nous tenons l'occupation pour entièrement responsable de ce crime de guerre, au cours duquel des équipes de journalistes, dont celle d'Al Mayadine, ont été prises pour cible", a-t-il ajouté.

Israël, qui nie généralement viser délibérément les journalistes, n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat.

Si des attaques ont eu lieu ces dernières semaines dans la périphérie de la ville, habitée par des musulmans et des chrétiens, la frappe de vendredi, qui s'est produite vers 3 heures du matin, heure locale, est la première à viser la ville elle-même.

Au moins 18 journalistes de six médias, dont Sky News, Al-Jazeera et des chaînes de télévision libanaises, séjournaient dans les maisons d'hôtes.

"Nous avons entendu l'avion voler très bas - c'est ce qui nous a réveillés - puis nous avons entendu les deux missiles", a déclaré à Reuters Muhammad Farhat, journaliste du média libanais Al-Jadeed.

Il a précisé que plusieurs bungalows avaient été endommagés. Ses images montrent des voitures renversées et endommagées, dont certaines portent la mention "Presse".

"Cela faisait environ un mois que nous faisions des reportages depuis cet endroit sans que rien ne se passe. Je ne sais même pas comment j'ai pu sortir des décombres", a-t-il ajouté.

Cette attaque survient 24 heures après qu'une frappe israélienne a touché un bureau d'Al Mayadine situé dans la banlieue sud de Beyrouth, qui selon le ministère libanais de la Santé a fait un mort cinq blessés, dont un enfant.

Selon une enquête préliminaire du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), au moins 128 journalistes et salariés de groupes de médias ont été tués depuis le début de la guerre de Gaza au 24 octobre.

(Avec la contribution d'Ahmad Al Kerdi, Emilie Madi et Laila Bassam au Liban; Clauda Tanios et Tala Ramadan à Dubaï, Kanishka Singh à Washington; rédigé par Michael Perry; version française Camille Raynaud et Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)