Macron exclut de démissionner, promet un Premier ministre "dans les prochains jours"
Emmanuel Macron a exclu jeudi de démissionner au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier et annoncé qu'il nommerait dans les prochains jours un Premier ministre chargé de former un "gouvernement d'intérêt général" qui représenterait toutes les forces politiques s'engageant à ne pas le censurer.
Lors d'une allocution télévisée de quinze minutes, alors que plusieurs groupes ou personnalités politiques ont appelé à sa démission face à l'impasse politique, le chef de l'Etat a balayé toute idée d'un départ anticipé avant la fin de son mandat dans trente mois, même s'il a admis que la dissolution de l'Assemblée nationale qu'il a prononcée en juin n'avait pas été "comprise".
"Le mandat que vous m'avez démocratiquement confié est un mandat de cinq ans et je l'exercerai pleinement jusqu'à son terme", a dit le président de la République
"Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de l’Etat, au bon fonctionnement de nos institutions, à l’indépendance de notre pays et à votre protection à tous."
La censure du gouvernement Barnier a été rendue possible car "l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies dans un front anti-républicain, et parce que des forces qui hier encore gouvernaient la France ont choisi de s’y allier", a déploré Emmanuel Macron, refusant d'assumer leur "irresponsabilité".
Il a notamment accusé le Rassemblement national d'avoir voté "une motion de censure qui disait le contraire de son programme", choisissant ainsi "le désordre".
"Petit rappel au Président Macron, censé être le garant de la Constitution : la censure n’est pas anti-républicaine, elle est prévue dans la Constitution de notre Ve République", a répondu sur X Marine Le Pen.
Sur le même réseau social, le premier secrétaire du PS Olivier Faure a dit quant à lui ne connaître qu'un front anti-républicain, "celui donne des gages à l’extrême droite, qui la banalise et qui négocie exclusivement avec elle".
Dans une France toujours privée de budget pour 2025, le chef de l'Etat a annoncé qu'une loi spéciale serait déposée avant la mi-décembre au Parlement.
"Cette loi temporaire permettra, comme c’est prévu d’ailleurs par notre Constitution, la continuité des services publics et de la vie du pays, elle appliquera pour 2025 les choix de 2024 et je compte bien qu'une majorité puisse se dégager pour l'adopter au Parlement."
TRENTE MOIS
Il a ensuite appelé de ses voeux la constitution "d'un gouvernement d'intérêt général représentant toutes les forces politiques d'un arc de gouvernement qui puisse y participer ou à tout le moins qui s'engage à ne pas le censurer".
Des consultations auront lieu vendredi avec les chefs de partis et présidents de groupes parlementaires du "bloc central", du Parti socialiste et de la Droite républicaine, ont rapporté plusieurs médias citant l'Elysée.
Emmanuel Macron a aussi souhaité s'inspirer du travail accompli pour les Jeux olympiques de Paris ou la restauration de Notre-Dame, dont il inaugurera la réouverture au public samedi, afin de fixer un "cap clair" pour les trente mois restant d'ici la fin de son quinquennat, en mai 2027.
"L'école, la santé, la sécurité, le travail, le progrès, le climat, l'Europe. Des actes clairs qu'un gouvernement devra prendre au service du pays", a déclaré le chef de l'Etat.
En attendant la nomination d'un Premier ministre, les stratégies se mettent en place parmi les forces politiques.
Le ministre des Armées Sébastien Lecornu, cité dans la presse comme potentiel Premier ministre, a appelé à "tout faire pour que les socialistes se détachent de La France insoumise".
Dans un communiqué, le Parti socialiste (PS) a réaffirmé sa volonté "de voir appelé aux responsabilités un Premier ministre de gauche, ouvert au compromis, qui renonce à tout passage en force via l’article 49-3, en contrepartie de quoi serait signé un accord de non-censure".
"Nous nous opposerons à un premier ministre de gauche", a de son côté prévenu jeudi soir Marine Le Pen lors d'un long entretien sur CNews.
Interrogé sur TF1, Jean-Luc Mélenchon a de nouveau réclamé la démission du président de la République, "qui fiche la pagaille", "qui bloque tout et ne veut entendre personne".
"Si le prochain Premier ministre applique les mesures pour lesquelles nous avons été préférés – abrogation de la retraite à 64 ans, augmentation du smic, alors on le soutiendra. Sinon, on le combattra", a également averti le chef de file de La France insoumise (LFI).
(Rédaction de Paris, avec Zhifan Liu, rédigé par Kate Entringer, édité par Jean-Stéphane Brosse)
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