Un utilisateur de Wero, le 24 septembre 2024. ( AFP / THOMAS SAMSON )
Wero permet dans un premier temps aux particuliers d'envoyer et de recevoir de l'argent entre eux, via des virements instantanés de compte à compte.
Bye-bye Paylib, bonjour Wero. Cette solution de paiement instantané de 14 grandes banques européennes est en cours de lancement en France, a annoncé ce lundi 30 septembre la société chargée de son développement.
Wero, qui remplacera le service Paylib, permet dans un premier temps aux particuliers d'envoyer et de recevoir de l'argent entre eux, via des virements instantanés de compte à compte, en utilisant un numéro de téléphone, un QR code généré par l'application ou une adresse e-mail. Cet usage voulu quasi ludique doit permettre aux utilisateurs de se familiariser avec cette nouvelle solution de paiement, dont les fonctionnalités s'enrichiront au fil des années : paiements auprès de commerçants sur internet, de professionnels et enfin auprès de commerces de proximité. D'autres services tels que les achats en plusieurs fois, des programmes de fidélité chez des commerçants ou du partage de dépenses sont également en préparation, précise European Payments Initiative (EPI), qui assure le développement du projet.
La disponibilité de Wero pour les clients des grandes banques françaises a commencé en septembre (pour BPCE et le Crédit Mutuel) et s'étalera tout au long du mois d'octobre (pour BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et la Banque postale). Ces clients y ont accès pour l'essentiel via leurs applications bancaires. Seule la Banque postale en France orientera ses clients vers une application Wero dédiée, dont la sortie est prévue durant la deuxième quinzaine d'octobre. Une campagne de communication est prévue à cette période.
Un véritable progrès
Ces virements en une dizaine de secondes au plus représentent un véritable progrès par rapport aux virements ordinaires actuels : disponibles à toute heure de la journée, ils garantissent l'arrivée des fonds au bénéficiaire et lui permettent d'en disposer tout de suite. L'usage du virement instantané, aujourd'hui payant chez la plupart des banques, se développe rapidement en France et représentait déjà l'an dernier plus de 6% des virements, selon la Banque de France. Les établissements bancaires n'ont de toute façon d'autre choix que de le généraliser et de le rendre gratuit l'an prochain, réglementation européenne oblige. Elles ont choisi de le faire ensemble - des cadres de tous les grands établissements français étaient présents côte à côte lors d'une conférence de presse de présentation du service, un fait rare.
Wero a vocation à remplacer le service interbancaire existant, Paylib, qui disparaîtra en début d'année prochaine. Aucun marché national "n'a les moyens pour concourir avec les grands concurrents internationaux", explique à l'AFP la PDG d'EPI, Martina Weimert, visant sans les nommer Visa et Mastercard. "Il faut vraiment la mutualisation des investissements et l'effort collectif" pour faire le poids, continue-t-elle, dans une activité comprenant d'importants coûts fixes.
"Ce projet est très difficile du point de vue réglementaire"
Ce projet, initialement plus ambitieux, avec un coût de développement estimé en milliards d'euros, fait face depuis sa création à des vents contraires et a connu plusieurs retards successifs. "Ce projet n'est pas simple, ce projet a pris beaucoup de temps, ce projet est très difficile du point de vue réglementaire", égrène Martina Weinmert, pour qui "c'est loin d'être évident d'être arrivé là où on est arrivé". Imaginé comme un concurrent européen des géants américains Visa et Mastercard, sa voilure a été largement revue à la baisse début 2022 avec un recentrage sur une sorte de portefeuille dématérialisé, accessible sur mobile, et l'abandon du projet de carte physique, sur fond de dissension entre ses membres.
Pour réellement s'installer, Wero devra être accepté demain par les commerçants, c'est là où se jouera la "vraie bataille", selon Martina Weimert. Les banques misent pour convaincre sur leur parc de clients et sur des tarifs aux commerçants plus compétitifs que ceux pratiqués par Visa et Mastercard. Mais l'ambition de Wero n'est plus celle des débuts et les banques sont encore loin de pouvoir faire sans ces concurrents américains et, de manière générale, sans les cartes bancaires, une activité par ailleurs très lucrative pour elles.
8 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer