Generali: les actionnaires reconduisent le PDG, artisan d'un accord avec Natixis information fournie par Boursorama avec AFP 24/04/2025 à 17:34
Dans un climat tendu, les actionnaires de l'assureur italien Generali ont reconduit jeudi le PDG Philippe Donnet, infligeant ainsi une nouvelle défaite aux investisseurs frondeurs qui cherchaient à barrer la route à l'accord conclu avec Natixis.
Au total 52,38% du capital représenté lors de l'assemblée générale a opté pour la liste de Mediobanca, premier actionnaire de l'assureur qui a soutenu M. Donnet, en quête d'un quatrième mandat d'une durée de trois ans.
La liste du camp adverse, présentée par le magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone, a recueilli les voix de 36,85% du capital présent.
"Vous vous êtes exprimés avec une grande clarté en faveur de la continuité de la gouvernance", s'est félicité M. Donnet devant les actionnaires présents à Trieste, dans le nord-est de l'Italie.
Le vote de l'assemblée "n'était pas un référendum sur Natixis, si ça avait été le cas, nous l'aurions remporté", a-t-il assuré dans la foulée, interrogé par la presse.
68,73% du capital de Generali était représenté à l'assemblée générale, un taux de participation légèrement inférieur aux 70,73% enregistré il y a trois ans.
M. Donnet, un polytechnicien français de 64 ans, a pu compter sur les voix de Mediobanca, qui détient 13% du capital, et d'une série de fonds d'investissement, surtout étrangers.
Le choix des actionnaires institutionnels, soit 32% du capital, s'est avéré décisif. Les deux principales sociétés de conseil aux actionnaires ISS et Glass Lewis, très écoutées par ces investisseurs, avaient en effet recommandé de voter pour M. Donnet.
Ce vote a conforté le dirigeant dans son choix de mener à terme le protocole d'accord conclu en janvier avec le groupe français Natixis Investment Managers, pour créer un colosse européen de la gestion d'actifs qui pèserait près de 1.900 milliards d'euros.
L'accord a été contesté par deux influents actionnaires de Generali, M. Caltagirone (6,9% du capital) et Delfin, la holding de Leonardo Del Vecchio, défunt fondateur de l'empire Luxottica (9,9%).
- "Projet néfaste" -
Brandissant l'étendard de "l'italianité", ces investisseurs tout-puissants, mais aussi le gouvernement nationaliste de Giorgia Meloni, redoutent une perte de contrôle de Generali sur l'épargne nationale en cas de fusion avec des actifs français.
Un argument réfuté par M. Donnet qui n'a cessé d'assurer que l'alliance avec Natixis "n'aura aucun impact" sur l'épargne des Italiens ou les obligations d'Etat de la péninsule.
Pour torpiller cet accord, M. Caltagirone, soutenu par Delfin, avait présenté une liste de six candidats pour le prochain conseil d'administration, sans pour autant proposer un nom pour le poste de PDG comme il l'avait fait, sans succès, en 2022.
"La liste présentée est minoritaire", mais "suffisamment longue pour demander aux actionnaires de bloquer le projet néfaste avec Natixis", avait estimé dimanche le milliardaire âgé de 82 ans, regrettant que Generali n'ait pas opté pour "des partenaires italiens".
Il y a trois ans, M. Caltagirone et Leonardo Del Vecchio avaient déjà tenté en vain de renverser M. Donnet, leur liste n'ayant recueilli que 41,7% du capital représenté lors de l'assemblée générale, contre 55,9% en faveur du PDG sortant.
Les actionnaires frondeurs ont pu compter jeudi sur le soutien d'UniCredit, qui a porté sa part à 6,5%, a rapporté l'agence Bloomberg, ajoutant que "la deuxième banque d'Italie est en faveur d'un changement de gouvernance chez Generali".
- Assaut sur Mediobanca -
La liste de Mediobanca disposera de dix membres du conseil d'administration qui en compte treize et celle de M. Caltagirone pourra désigner trois représentants.
Depuis l'arrivée de M. Donnet aux commandes de Generali en 2016, la capitalisation boursière est passée de 15 à 50 milliards d'euros et le rendement total des actionnaires s'est accru de 320%. Autant d'arguments qu'il a fait valoir auprès des investisseurs.
Mais son principal soutien, Mediobanca, est la cible d'une offre de rachat hostile de sa rivale Monte dei Paschi di Siena (MPS) qui est vue comme une opération visant à mettre en même temps la main sur Generali.
A la manoeuvre, M. Caltagirone, réputé proche du gouvernement Meloni et qui vient de porter sa part dans MPS à 9,9%, ainsi que la holding Delfin (9,8%). L'offensive de MPS est appuyée par Rome, son premier actionnaire avec 11,7%.
Les deux investisseurs privés avancent sur de multiples fronts: Delfin est en outre le premier actionnaire de Mediobanca avec une part de 19,8% et le groupe Caltagirone en détient 7,6%.
Malgré leur défaite, Delfin et M. Caltagirone n'ont pas dit leur dernier mot: la famille Del Vecchio a ainsi demandé aux autorités de supervision le feu vert pour monter jusqu'à 20% de Generali... resserrant l'étau autour de l'assureur.