Si Bruxelles ne se plie pas à ses exigences, le secteur pharmaceutique prédit que "16,5 milliards d'euros d'investissements prévus pourraient être transférés hors d'Europe".

Ursula von der Leyen à Bruxelles, en Belgique, le 20 mars 2025. ( AFP / JOHN THYS )
L'Union européenne doit assouplir sa politique de prix des médicaments trop favorable au public, raccourcir la durée les essais cliniques et alléger l'obligation de traitement des eaux rejetés dans la nature. Sans quoi, les grands laboratoires pharmaceutiques provoqueront "l'exode" des investissements du secteur vers les États-Unis, ont menacé les patrons d'une trentaine de laboratoires pharmaceutiques.
Dans une lettre adressée le 11 avril à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, les dirigeants de 32 entreprises pharmaceutiques, grandes et moyennes, promettent d'"accroître" la part du marché européen -qui représente actuellement 22,7% dans les ventes mondiales-, à condition d'obtenir en contrepartie des "mesures audacieuses" .
Sans cela, "d'ici à trois mois, 16,5 milliards d'euros d'investissements prévus pourraient être transférés hors d'Europe" , menacent les patrons de Novo Nordisk, Pfizer , Eli Lilly, Roche, Sanofi , Merck, GSK ou encore Servier dans ce courrier dévoilé par plusieurs médias et que l' AFP s'est également procuré mardi.
Ils réclament un marché européen compétitif "qui attire, valorise correctement et récompense l'innovation", estimant que "la poursuite des tensions commerciales accélèrera encore l'érosion des investissements en R&D et en production dans l’Union européenne".
Investissements massifs aux États-Unis
Cela doit passer, selon eux, par une révision de la politique des prix des médicaments en Europe , moins favorable que celle pratiquée aux États-Unis, et du cadre réglementaire. Il faut "raccourcir le processus pour les essais cliniques menés dans plusieurs pays" et "accroître les ressources de l'Agence européenne des médicaments pour en faire une référence mondiale dans l’approbation des thérapies innovantes", plaident encore les signataires.
Ils demandent aussi à Bruxelles de "suspendre et réviser la mise en œuvre" de la directive qui vise à améliorer le traitement des eaux usées avant leur rejet dans la nature, "afin d'éviter des charges disproportionnées" pour le secteur.
Les produits pharmaceutiques sont pour l'heure exemptés de droits de douane imposés par Washington. Mais plusieurs groupes pharmaceutiques ont récemment annoncé investir pour renforcer la production aux États-Unis : 27 milliards de dollars pour Eli Lilly, 55 milliards sur les quatre prochaines années pour Johnson & Johnson. Merck a inauguré une usine de fabrication de vaccins en Caroline du Nord, un projet évalué à 1 milliard de dollars.
Le géant pharmaceutique suisse Novartis a annoncé jeudi investir 23 milliards de dollars aux États-Unis sur cinq ans pour y fabriquer les principaux médicaments destinés aux patients américains.
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