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Bientôt le retour des «méga-promo» sur les produits ménagers ?
information fournie par Le Figaro 16/02/2025 à 12:50
Temps de lecture: 3 min

menage (Crédits: Adobe Stock)

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La proposition de loi déposée ce jeudi à l'Assemblée nationale pourrait mettre fin au plafond de 34% qui limite les promotions sur les produits d'hygiène et de beauté.

Une proposition de loi déposée jeudi 13 février par les députés Stéphane Travert (Ensemble) et Julien Dive (LR) propose d'annuler la limitation des promotions appliquées aux produits d'hygiène et de beauté. «Cette proposition de loi prévoit de supprimer l'encadrement des promotions sur les produits de droguerie, parfumerie et hygiène (DPH). […] L'encadrement actuel limite les capacités des distributeurs à répondre aux attentes des consommateurs en termes de compétitivité des prix. Cette mesure permettra de soutenir les ménages dans un contexte d'inflation élevé sur les produits de consommation courante» , expose le texte.

Appliquée en mars 2024 dans le cadre de la loi EGAlim 3 (loi Descrozaille) , cette mesure visait à protéger les industriels du secteur contre les pratiques commerciales jugées trop agressives. Face à la limitation des promotions sur les produits issus de l'agroalimentaire, les distributeurs avaient été accusés de reporter les prix cassés sur les rayons hygiène, avec des promotions atteignant «en moyenne plus de 45 %, soit plus du double de (celles appliquées sur les) produits alimentaires» , pouvait-on lire dans le texte de loi. Il avait alors été décidé de plafonner les réductions de prix à 34% du prix initial et de les limiter à 20% des volumes de ventes.

Des enjeux différents

Une mesure impopulaire qui avait provoqué de nombreuses réactions des distributeurs. Le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, avait même demandé un moratoire d'un an sur l'application de la loi Descrozaille, visant spécifiquement cette mesure, jugée «irresponsable et inflationniste» par la fédération patronale de la grande distribution (FCD). Alexandre Bompard arguait alors que cette loi «ne bénéfici(ait) qu'à trois grandes multinationales mondiales» , citant notamment «Procter & Gamble, Henkel et Unilever» .

Un avis que semblent partager les deux signataires de la proposition de loi de jeudi. «Ces produits, à la différence des denrées alimentaires, ne présentent pas les mêmes enjeux en matière de souveraineté ou de protection des producteurs» , peut-on lire dans l'exposé des motifs. D'après les chiffres de la FEBEA (Fédération des entreprises de la beauté), le secteur réalise plus de 60% de son chiffre d'affaires à l'export. Un rapport inversé pour le secteur des produits d'hygiène dont les volumes d'exportations ne représentaient que 11% du chiffre d'affaires en 2018, selon une étude du cabinet Asterès.

Inquiétudes de la filière

Si les acteurs historiques des produits d'entretien comme Procter & Gamble ou Unilever dominent le marché français, l'étude de marché du cabinet DNG publiée en 2022 soulignait le dynamisme des petites sociétés et des nouveaux entrants sur ce marché. «De nouvelles marques, plus petites et digitales comme Spring ou La marque en moins, ont émergé ces dernières années en se positionnant au plus près des nouvelles attentes de consommation» , lit-on dans l'étude. Et cela, sans compter sur les acteurs historiques implantés dans les territoires. La FHER (Fédération de l'Hygiène et de l'Entretien Responsable), porte-parole des industriels du secteur de l'hygiène et de l'entretien, représente ainsi plus de 123 entreprises employant plus de 15.000 salariés. Même constat pour le secteur de la beauté représenté par la FEBEA. Cette dernière regroupe plus de 300 adhérents dont 82% sont des TPE et des PME.

La bataille s'annonce donc rude lors des discussions qui auront lieu mi-mars, d'autant que les associations représentatives du secteur remettent régulièrement en cause le côté «inflationniste» de cette disposition de la loi EGAlim, exposé par la grande distribution. En février 2023, la FEBEA et la FHER avaient ainsi mandaté le cabinet Xerfi pour mesurer l'impact de la hausse des prix des produits non alimentaire sur l'inflation globale. Mais si l'étude conclut à «un impact pratiquement invisible sur l'inflation» , l'effet immédiat est, lui, bien visible sur le ticket de caisse du consommateur.

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