Une tour qui capte l'eau pour la redistribuer : la Warka Tower
information fournie par Boursorama avec LabSense 16/10/2024 à 08:30

Conçue par un architecte italien, la Warka Tower capte l'humidité de l'air pour la transformer en eau potable. Cette invention prometteuse s'étend dans le monde entier, notamment en Afrique, où les besoins en eau représentent un enjeu essentiel.

Une tour qui capte l'eau pour la redistribuer / la Warka Tower-jedane-pixabay.jpg

Le manque d'eau : cause principale de mortalité

Selon l'OMS et l'Unicef, 700 millions d'individus (soit 9 % de la population mondiale) ne bénéficiaient pas de l'eau potable et 2,2 milliards de personnes n'avaient pas accès à l'assainissement en 2022. Il s'agit de l'une des principales causes de mortalité dans le monde. Plus du tiers de la population d'Afrique subsaharienne est concernée par ces manques cruciaux, et des heures de marche sont parfois nécessaires pour trouver de l'eau, qui n'est pas toujours potable. Ce constat alarmant intervient 9 ans après l'engagement de l'ONU, pris en 2015, de garantir à tous un accès à l'eau et à l'assainissement. Pour atteindre cet objectif en 2030, il serait nécessaire de multiplier par 12 le taux de progrès pour l'accès à l'eau potable et par 20 pour l'assainissement, alors que les épisodes de chaleur et de sécheresse se succèdent et s'intensifient d'année en année.

L'humidité de l'air transformée en eau potable

Alors qu'il participait, en 2012, à une conférence sur le développement en Éthiopie, l'architecte italien Arturo Vittori a été confronté sur le terrain à la tragique réalité du manque d'eau. La même année, de retour à Rome, il a inventé dans ses ateliers la Warka Tower, processus ingénieux dont le projet pilote a vu le jour en 2015 sur le sol éthiopien. Cette année-là, dix prototypes ont été testés et perfectionnés. La première tour a été installée à Dorzé (vallée de l'Omo), puis d'autres ont suivi dans différents pays (Cameroun, Togo, Haïti, Brésil, Tanzanie). La Warka Tower est une structure en bambou tressé de 9 à 10 mètres de haut (15 mètres pour les plus hautes), pesant une soixantaine de kilos, qui évoque le warka, gigantesque figuier très répandu en Éthiopie symbolisant l'abondance et la générosité. La tour est équipée d'un filet de polyéthylène pour capter les microgouttes d'eau, qui s'écoulent le long du filet pour rejoindre un collecteur placé en bas de la tour. La performance des tours dépend de leur hauteur et du taux d'humidité, mais elles peuvent recueillir jusqu'à 100 litres d'eau par jour, soit 200 bouteilles de 50 cl.

Un dispositif simple, écologique et peu coûteux

Ces tours s'inspirent de la nature et des techniques traditionnelles, et ne nécessitent ni pompe ni électricité. Elles sont fabriquées avec des matériaux locaux, durables et entièrement recyclables, tels que le bambou. Leur coût reste très modeste (maximum 1 000 € tous matériaux compris), et elles nécessitent peu de moyens humains (huit personnes en moyenne pendant deux mois pour la construction, et le double pour la finalisation). Pour le démontage de la structure, notamment pour son entretien, deux heures suffisent. Le problème le plus ardu, selon l'architecte, est de trouver des partenaires locaux pour soutenir les projets et entretenir les tours, les volontaires n'ayant pas forcément la culture du long terme. Une recherche est menée actuellement pour élaborer des Warka Tower en petit format. L'École centrale de Lyon travaille sur un projet de modèle réduit de 2 mètres de haut. D'autres pays (Maroc, Canaries, Amérique du Sud) ont installé des collecteurs de brouillard dans des zones montagneuses. Ils fonctionnent sur le même principe, mais ils ont besoin de la force du vent et leur entretien est exigeant.