En cours d’achèvement, cette tour de 132 logements cumule les innovations pour montrer que l’on peut construire à coût maîtrisé jusqu’à 50 mètres de hauteur avec du bois français.
Un laboratoire de la construction bois, sans oublier les prétentions architecturales: voici la tour Wood Up, qui surplombe de ses 50 mètres l’extrémité du 13e arrondissement, en bord de Seine, juste en face d’Ivry-sur-Seine. Une réalisation du promoteur spécialisé dans la construction bois REI habitat, signée par le cabinet d’architectes LAN (Local architecture network). Un immeuble de grande hauteur avec ses 15 niveaux au-dessus de la chaussée sans compter les niveaux inférieurs acquis par la foncière Gecina qui compte louer l’essentiel des 132 logements de cet immeuble.
« Il y a eu énormément de travail, de calculs et de tests en grandeur réelle avec les pompiers pour réaliser cet immeuble en structure bois, ce qui fait que le projet a finalement pris 7 ans au lieu de 3,5, avoue Umberto Napolitano, cofondateur de LAN. Mais tout cela ne s’est pas fait au détriment des qualités architecturales intrinsèques du projet.» À l’origine, le projet s’implante sur un «boulevard compliqué», un secteur au pied du pont National où de magnifiques vues sur la Seine côtoient des points de vue moins enviés sur le périphérique parisien et l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine. «Sur certains points de vue, on est à mi-chemin entre une ville américaine un peu étrange et une ville allemande étrange» , résume Umberto Napolitano.
1300 m² de terrasses
L’objectif du projet sera donc «d’amener la ville dans l’immeuble et vice-versa» . Un défi qui passe par une forte densité pour amener de nombreux habitants mais aussi de généreux espaces communs pour créer du vivre ensemble. C’est ainsi que les 132 logements (du T1 au T5) bénéficient d’un vaste toit terrasse ainsi que de 800 m² de terrasses privatives et 500 m² de terrasses collectives. Au 8e étage, on trouve ainsi une étonnante terrasse de plus de 300 m², mi-cour ouverte, mi-belvédère pouvant accueillir jusqu’à 300 personnes. L’endroit bénéficiera également de mobilier modulaire et d’éléments de cuisine mobiles qui seront réalisés avec des chutes de bois recyclées de la construction.
Pour le promoteur REI qui s’enorgueillit de construire toujours en bois et au minimum à 80% d’origine française, ce chantier aura permis de nombreuses expérimentations. Et en particulier celui d’utiliser des feuillus (qui constituent les deux tiers de la production française) pour les poteaux alors qu’on utilise quasi systématiquement des résineux. C’est ainsi que l’utilisation de hêtre normand est une première pour ce type de bâtiment de grande hauteur. «L’idée était de construire un immeuble emblème qui s’adapte pleinement à nos ressources» , souligne Paul Jarquin, président de REI Habitat. Et poursuivre la logique de l’écologie et du circuit court, ce bois normand a été acheminé sur place par bateau.
Une démarche qui s’accompagne également d’opération de plantations dans toutes les forêts mises à contribution pour les chantiers. «En l’occurrence pour Wood Up, nous avons utilisé 225 m3 de bois issus de 6 forêts et nous avons replanté plusieurs milliers d’arbres, ce qui représentera bien plus à terme que ce qui a été utilisé» , précise Paul Jarquin. Grâce aux qualités écologiques du bois, le bilan carbone est réduit de 60% par rapport à des constructions «traditionnelles». Mais le bois crée aussi de vraies contraintes. Outre les nombreux tests et calcul nécessaire pour attester de sa résistance au feu, il a fallu développer un système spécifique pour les grandes baies vitrées que l’on retrouve dans tout l’immeuble. Ces baies coulissantes ne supportent pas de ne pas être parfaitement à plat et il a donc fallu leur ajouter un système «d’amortisseur» pour encaisser le travail d’une structure en bois. Malgré toutes les premières mises en œuvre sur ce chantier, le coût des travaux reste maîtrisé avec un prix de revient affiché de 2700 euros le mètre carré, contre une estimation de 2300 euros pour une réalisation «classique» en béton. Quant au propriétaire des lieux, Gecina, il compte lancer la mise en location ainsi que, de façon limitée, d’éventuelles ventes d’appartements d’ici la fin de l’année lorsque l’immeuble lui aura été remis officiellement.
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