(Crédits photo : Unsplash - Imani )
Le gouvernement table sur des dispositifs antigaspillages et l'installation de récupérateurs d'eau de pluie, avec un possible crédit d'impôt.
Après la sobriété énergétique, place à la sobriété… hydraulique. Alors que le pays a connu cette année un hiver particulièrement sec , laissant présager le pire pour la disponibilité en eau cet été, Emmanuel Macron a présenté jeudi le très attendu « plan eau » du gouvernement. « L'objectif, pour 2030, c'est de faire 10% d'économie d'eau dans tous les secteurs» , a déclaré le chef de l'État. Comme le laisse suggérer la formulation retenue par le Président, les particuliers devront, à l'instar des industriels et des agriculteurs, participer à l'effort national. Mais les Français seront épaulés dans leur traque au gaspillage. C'est en tout cas ce que promet le gouvernement , qui s'engage à « accompagner les particuliers pour l'installation de kits hydro-économes et de récupérateurs d'eau de pluie, en fonction des besoins sur les territoires ».
En vente dans les commerces, un « kit hydro-économe » coûte entre six et cinquante euros. Il comporte le plus souvent un régulateur de débit pour la douche, des mousseurs pour la robinetterie ou encore des éco-sacs à placer dans le réservoir des toilettes. Des dispositifs simples en apparence, mais suffisamment efficaces pour influer sur la consommation hydraulique des ménages. D'après Suez , un mousseur de robinetterie permettrait à lui seul de réaliser jusqu'à 60 % d'économie d'eau, avec un débit de 5 l/min au lieu de 12 l/min. De même, en diminuant le débit de 8l/min au lieu de 14l/min, les régulateurs de douche réduiraient de plus de 40% la consommation en eau.
L'État va-t-il aider les Français dans l'achat de ces outils anti-gaspillages? Pas exactement. « Ce sont les agences de l'eau qui vont accompagner les collectivités et certaines communes. On a considéré que les Français n'avaient pas besoin d'aide individualisée pour financer ces kits, compte tenu de leur prix », a déclaré la secrétaire d'État chargée de l'Écologie, Bérangère Couillard, lors d'une conférence de presse tenue ce matin. Dans les faits, de nombreuses collectivités distribuent déjà gratuitement des « kits hydro-économes ». Le département de Seine-Saint-Denis s'est ainsi engagé, via l'opération EcEAUnome, dans un projet de distribution de 20.000 kits hydro-économes par an entre 2020 et 2024. De même, l' agglomération de Brive proposait cet été, en partenariat avec Suez, un kit d'économies d'eau gratuit pour tous les abonnés du service de l'eau.
Sécheresse : les piscines des particuliers sont-elles menacées ?
Vers un crédit d'impôt ?
Si l'État fait confiance aux collectivités pour la diffusion des kits, il n'en sera pas de même pour les récupérateurs d'eau de pluie . Autorisée par la loi depuis 2008, la récupération d'eau de pluie permet aux usagers de faire des économies et de préserver la ressource en eau . Souvent utilisée pour l'arrosage, l'eau de pluie peut également alimenter une douche extérieure ou même des WC. Mais cette solution a un coût : selon l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie (ADEME), le coût d'un système de récupération d'eau de pluie est de l'ordre de 4 000 à 6 000 €.T.T.C pour une installation complète (pose et main-d'œuvre incluses).
Pour encourager les Français à sauter le pas, le ministre de la Transition écologique se dit prêt à sortir le chéquier. « Nous sommes favorables à ce qu'il y ait des crédits d'impôt sur les récupérateurs d'eau de pluie dans les régions en tension » a déclaré Christophe Béchu, lors de la conférence de presse de ce matin. Une annonce surprise, puisqu'une telle mesure ne figurait pas dans le projet présenté par le Président de la République jeudi. Selon le ministre, ce coup de pouce va pourtant dans le sens de « la porte ouverte par Emmanuel Macron » et sera défendu par le ministère lors des traditionnels « arbitrages budgétaires de fin d'année» . Reste que la mesure a des allures de retour en arrière. Un tel crédit d'impôt - fixé à 25% - avait en effet été instauré en 2009 , avant d'être supprimé en 2014.
Plus restreinte, la niche fiscale devrait cette fois se limiter aux résidents « des régions en tension ». Une formulation que le gouvernement sera sans doute amené à préciser dans les prochaines semaines, alors que le nombre de territoires placés en «vigilance eau» ne cesse d'augmenter .
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