
Immobilier : Les dégâts du coronavirus sur le marché du logement évalués à travers des premiers chiffres
Jusqu'où la crise du coronavirus a-t-elle plombé le marché français du logement ? Attendus ce jeudi, les premiers chiffres officiels donneront une première idée d'un coup d'arrêt probablement historique, mais ne devraient guère fournir d'indices sur la suite.
Les notaires donneront ce jeudi leurs chiffres, établis avec l'Insee, sur le nombre de ventes de logements anciens en France et l'évolution de leurs prix au premier trimestre.
Ces chiffres dessineront l'ampleur d'une paralysie probablement jamais vue dans l'immobilier français. Après des années de hausse incessante des prix, le marché s'est heurté au strict confinement décrété entre mi-mars et début mai pour éviter la propagation du coronavirus.
Un marché à l'arrêt pendant deux mois
Côté ancien, où plus d'un million de ventes ont été conclues l'an dernier, il a été impossible pendant presque deux mois de visiter un logement et très difficile d'achever une transaction, même si le gouvernement a facilité les signatures virtuelles auprès des notaires.
Mais désormais « il y a une véritable envie, une véritable confiance des Français dans leur projet immobilier » , assurait la semaine dernière Julien Denormandie, ministre du Logement, sur Sud Radio. « Depuis la sortie du confinement, énormément de Français sont retournés dans les agences immobilières » , a-t-il souligné.
C'est ce que rapportent plusieurs acteurs, comme le réseau Century 21 ou la Fnaim, première organisation du secteur : les clients sont revenus en masse et n'ont, globalement, pas renoncé à leurs projets. « On est rassurés sur le fait qu'il y a de l'activité , résumait mi-mai Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim, sur Europe 1. Notre crainte naturellement c'est de savoir si elle va durer dans le temps » .
L'attitude des banques sera cruciale
Simple rattrapage ou reprise durable ? C'est la grande question et les chiffres des notaires, jeudi, seront bien trop obsolètes pour y répondre. Clos fin mars, ils ne couvrent même pas toute la période du confinement. Le secteur ne peut donc s'attendre qu'à plusieurs mois de spéculations et de chiffres parcellaires selon les acteurs, dont les opinions gravitent entre deux grandes tendances.
Pour certains, la crise ne changera rien à la demande de logements, en particulier dans de grandes villes comme Paris où l'offre est insuffisante. Il est donc illusoire de craindre, ou d'espérer, un recul des prix. A ce titre, les chiffres de vendredi devraient alimenter l'idée d'une chute de la construction et, par conséquent, d'un manque durable de logements favorable à la hausse des prix.
De nombreux acteurs estiment néanmoins que l'immobilier ne pourra échapper aux conséquences d'une crise économique qui s'annonce majeure. L'attitude des banques en particulier s'annonce cruciale. A quel point limiteront-elles les prêts immobiliers alors que ces derniers étaient en plein essor depuis des années, contribuant à soutenir la demande et faire monter les prix ?
Pas de réponse avant des mois
Les réponses ne viendront pas avant des mois car, même si la reprise ressentie par les agents se traduit finalement en chiffres, ce rebond risquera lui-même d'être en trompe-l'oeil.
« Il y a des gens qui sont obligés d'avancer dans leur projet immobilier, c'est ce à quoi on assiste » , avance auprès de l'AFP Thomas Lefebvre, directeur scientifique du site MeilleursAgents, qui rassemble des données recueillies auprès d'une bonne partie des agents français. « Est-ce que ça va être durable ? Ça, on va plutôt le voir à partir de septembre » .
Le logement neuf, un enjeu majeur pour l'ensemble du marché
Reste le cas particulier du logement neuf, dont les enjeux sont cruciaux pour l'ensemble du marché car une chute de la construction alimenterait un manque durable de logements, une situation favorable à la hausse des prix. Cet effondrement ne fait guère de doute, le confinement ayant mis à l'arrêt de nombreux chantiers et gelé l'examen des permis.
Prévus ce vendredi 29 mai pour la période comprise entre février et avril, des chiffres auraient dû en donner une idée, mais le ministère du Logement a annoncé ce mardi à l'AFP qu'ils étaient reportés sans nouvelle date, en raison des difficultés à établir des statistiques dans la période actuelle.
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