
Le secteur de la mode souffre de la concurrence de Shein ou Temu. (illustration) (markusspiske / Pixabay)
Shein continue d'écraser la concurrence. Le géant chinois a ainsi séduit environ 23 millions de clients en France en 2024 et bouscule le secteur du textile. Selon une étude de l'Institut français de la mode (IFM) relayée par La Tribune , 35 % des sondés ont déclaré avoir acheté un produit du site l'an dernier, ce qui place Shein très loin devant Kiabi, Zara ou H&M. « Il est le plus gros metteur sur le marché » , estime le directeur de l'IFM Gildas Minvielle.
Plus largement, c'est tout l'univers de l'e-commerce qui booste la mode. Shein, Temu et Amazon ont ainsi généré 2,2 milliards d’euros de ventes en France en 2024, soit une hausse de 18 % par rapport à 2023. Les Français osent de plus en plus la fast-fashion au détriment des marques plus classiques et ne s'en cachent pas. Le « made in China », le bilan carbone ou encore la toxicité des articles ne rebutent plus les clients.
Des clients décomplexés
D'autant que la plateforme pratique des prix toujours plus bas, avec une gamme de produits sans cesse renouvelée. « On pense que le client type de Shein c'est l'adolescent écervelé, mais ce n'est pas la majorité de leurs acheteurs. Il y a aussi des gens plus âgés. D'autant que l'un des atouts de Shein, c'est de proposer toutes les tailles, des vêtements pour tout le monde » , note Gildas Minvielle.
« Ces marques vont continuer de croître. Avec leurs prix très accessibles, elles ne bousculent pas seulement le milieu de gamme mais tout le secteur de la mode » , ajoute-t-il. En effet, même si les prix des enseignes de milieu de gamme n'ont progressé que de 0,5 % en 2024, Shein continue de cartonner. Le site est devenu celui « où les Français ont dépensé le plus en 2024 » , d'après une étude de l'application de shopping Joko, et détrône ainsi Vinted, leader ces dernières années.
« Ces critiques, nous les entendons »
Les professionnels du secteur réclament d'agir vite au niveau européen pour mettre en place des droits de douane plus stricts et taxer ainsi tous les petits colis qui transitent depuis la Chine. Mais l'UE tarde à agir alors que 22 % des paquets traités par La Poste aujourd'hui concernent Shein ou Temu.
Pointée du doigt pour son impact néfaste sur l'environnement, l'entreprise s'est défendue sur le plateau de BFMTV . « Ces critiques, nous les entendons » , a assuré Quentin Ruffat, porte-parole de Shein France. Le responsable explique que la plateforme évolue, notamment avec l'utilisation « d'un polyester durable qui d'ici 2030 va habiller 31 % » des vêtements. Quentin Ruffat a également affirmé qu'un article Shein avait une durée de vie similaire à un autre et que la société n'exploitait pas de travailleurs Ouïghours.