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Bataille russo-corse à Courchevel pour un chalet à 27 millions d’euros
information fournie par Le Figaro 09/09/2019 à 09:20

Un promoteur originaire d’Ajaccio et son associé, un milliardaire russe, tente de régler leur différend devant les tribunaux. En cause: l’un des chalets les plus luxueux de la station savoyarde que les deux associés ne sont pas parvenus à achever.

C’est l’histoire d’un chalet qui devait battre tous les records de luxe - et de démesure - à Courchevel. Le chantier, aujourd’hui à l’abandon dans la station de ski savoyarde, oppose son promoteur corse à un oligarque russe. À l’hiver 2015, ce palace de 2.700 mètres carrés aurait dû accueillir ses premiers hôtes: de riches Asiatiques avaient déboursé 670.000 euros pour y passer les fêtes. Dans le quartier de Bellecôte, où les prix de l’immobilier atteignent des sommets, le chalet Apopka, le plus grand jamais construit dans les Alpes, promettait 8 chambres avec sauna, jacuzzi, piscine, salle de gym, bar-lounge et cinéma privatif, sans oublier le personnel à disposition.

Mais à deux jours de l’échéance, les clients apprenaient que la construction n’était pas achevée. Elle ne l’est toujours pas: la structure est finie mais à l’intérieur, on aperçoit des sols nus, des câbles et des plaques d’isolation. «La procédure est toujours en cours», a déclaré en août, une avocate du tour-opérateur britannique Abercrombie & Kent qui cherche, depuis cette mésaventure, à récupérer l’argent auprès des propriétaires: un promoteur natif d’Ajaccio et son partenaire russe. Le premier, François-Xavier Susini, 57 ans, domicilié en Suisse, «développe ses affaires dans la station depuis plus de vingt ans», écrivait en 2017 le magazine de promotion «Pure Courchevel».

Péripéties de chantier

Il s’y implante en 1995 en achetant la discothèque des Caves, aussi VIP que celles de Saint-Tropez. Il ouvre ensuite plusieurs restaurants et se lance dans la construction de chalets. L’occasion de s’associer à Nikolaï Sarkisov, un Russe habitué des lieux. Pas n’importe lequel: ce milliardaire a fondé, avec son frère Sergueï, l’une des plus grosses compagnies d’assurance russe, RESO. Leur montage financier, qui passe par le Luxembourg, Monaco et Chypre donne naissance à un premier chalet, Owens, loué jusqu’à 240.000 euros la semaine d’après des offres trouvées en ligne.

L’opération immobilière Apopka est encore plus ambitieuse: elle consiste à racheter un chalet pour 12 millions d’euros et à le raser pour en bâtir un autre, moyennant 13 millions supplémentaires. À l’été 2010, une SCI est créée, détenue à parité par MM. Susini et Sarkisov. Elle emprunte 26 millions l’année suivante quand survient le premier obstacle: la bâtisse à démolir, témoin de l’architecture des années 50 en montagne, est classée monument historique. Obligation est alors faite à la société Apopka de la démonter, pièce par pièce, et de l’entreposer à ses frais dans la région.

Entre le Luxembourg et les Îles vierges

Le chantier connaît d’autres péripéties et en octobre 2016, à l’échéance du prêt de 26 millions, le nouveau chalet n’a toujours pas ouvert ses portes. Depuis, MM. Susini et Sarkisov s’affrontent en justice entre la Savoie, Paris et le Grand-Duché. Car faute d’exploitation commerciale, impossible pour le premier de rembourser et pas question pour le second de remettre au pot. Le Corse s’arroge la totalité des parts de la SCI, tandis que le Russe récupère la créance via une société des Îles Vierges britanniques. Il obtient ensuite la saisie du chalet pour le mettre aux enchères et la nomination d’un administrateur judiciaire.

La vente est programmée le 4 octobre. Mise à prix: 27 millions d’euros. D’ici là, M. Susini ne désespère pas d’arrondir les angles, d’après son avocat. «On est sur une voie de normalisation des rapports, il y a un gros espoir d’accord à 50/50», indique Me Maurice Lantourne. Celui de M. Sarkisov, Me Florian Bouaziz, n’a rien voulu dire. La prochaine étape a lieu mardi devant le TGI d’Albertville qui doit statuer pour l’ensemble des créanciers de la SCI dotés d’une garantie hypothécaire. La Direction régionale des affaires culturelles (Drac) réclame aussi de l’argent à Apopka. En 2018, elle a racheté pour 10.000 euros la carcasse du chalet classé, mise en vente sur le Bon Coin. Depuis, elle paie à tort pour son stockage. À l’avenir, la bâtisse devrait être remontée à Courchevel, selon le responsable du pôle architecture et patrimoine de la Drac, Pascal Mignerey. Encore des coups de marteau, mais sans commissaire-priseur.

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