Adocia : deux ans pour relancer l'histoire

information fournie par Biotech Finances •21/10/2019 à 15:40

Il y a trois semaines, la société a mis fin au litige qui l'opposait à son ancien partenaire Eli Lilly, depuis leur rupture en 2017.(Crédits photo : Adobe Stock)

A la suite de Pharnext en mai 2018, Adocia a toqué à son tour à la porte des Luxembourgeois d'IPF Partners. La biotech lyonnaise a négocié un financement obligataire de 15M€, en deux tranches, l'une souscrite le 11 octobre et la seconde qui le sera d'ici fin décembre. Le taux est élevé, plus de 12%, mais le dispositif, qui comprend des bons de souscription d'actions, est peu dilutif (augmentation de capital de 1,9% à chaque tranche) – il n'a d'ailleurs pas été mal accueilli en bourse – et il permet à Adocia de disposer de plus de deux ans d'autonomie financière.

Rappelons qu'il y a trois semaines, la société a mis fin au litige qui l'opposait à son ancien partenaire Eli Lilly, depuis leur rupture en 2017. BC Lispro, le produit que le géant américain a rendu à Adocia, ainsi que BC Combo, l'autre projet avancé du portefeuille, sont confiés depuis 2018, dans le cadre d'un accord régional, au groupe pharmaceutique chinois Tonghua Dongbao. Un partenariat au sujet duquel Gérard Soula, PDG d'Adocia, ne tarit pas d'éloges : « La croissance du marché chinois dépasse les 10% par an et Tonghua Dongbao en est le leader : nous sommes où il faut être avec qui il faut être ». Mais avant que ce dernier ne conquière le marché asiatique, avec les combinaisons originales d'insulines rapide et lente issues de la technologie de formulation «BioChaperone» d'Adocia – la commercialisation pourrait démarrer d'ici 4 à 5 ans – la biotech de la famille Soula doit réécrire son histoire.

Deux ans d'autonomie et trois actifs clés

Dans le pipeline, Hinsbet est en sommeil, faute de perspectives claires aujourd'hui et à court terme au moins, dans le domaine des insulines humaines, tandis que BC Glucagon attend son heure. « Avec un mode d'administration intra-musculaire, ce produit pourrait se distinguer de la concurrence (Lilly, Zealand, etc., ndlr) », explique Gérard Soula. Des résultats cliniques sont attendus l'an prochain. Mais la nouvelle star du « pipe » d'Adocia, c'est ADO09, une combinaison d'insuline et de pramlintide, un analogue de l'amyline. Cette hormone, produite de manière synchrone à l'insuline chez les non-diabétiques, ralentit la vidange du glucose. Elle optimise ainsi les effets de l'insuline et favorise la perte de poids. Elle est prescrite depuis 2005 (« Symlin », commercialisé par Astra-Zeneca) mais un produit combinant insuline et pramlintide permettrait de réduire le nombre d'injections – de sept à quatre en moyenne - comme le coût du traitement et de gagner ainsi des parts de marché. Des données de phase II sont attendues d'ici la fin de l'année, qui permettront à la société de préparer une phase III et de chercher un partenaire industriel. Ce produit pourrait aussi avoir un potentiel dans la maladie d'Alzheimer. En effet, l'amyline et l'amyloïde béta (ou abeta, un peptide impliqué dans Alzheimer) se fixent sur les mêmes récepteurs, l'abeta ne prenant place qu'en l'absence de l'amyline. Une étude réalisée en 2014 par la Boston University montre que l'amylin permet de réduire la concentration de peptide béta-amyéloïde dans le cerveau.

«Notre produit pourrait devenir un médicament de détoxification du cerveau en éliminant l'abeta», veut croire Gérard Soula. Le produit va entrer en phase clinique dans les diabètes de type I et II. Inclusion de biomarqueurs, mesure de troubles cognitifs, étude exploratoire séparée… les dirigeants évaluent encore leurs options. Autre carte dans le jeu d'Adocia, BC Glu-GLP1, une combinaison de glucagon, l'hormone qui déstocke le glucose, et le GLP1, celle qui stimule la production d'insuline et GLP1. Le produit devrait entrer en clinique l'an prochain.

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