Un centre de distribution d'Amazon, près de Metz dans le nord-est de la France, le 29 août 2024 ( AFP / Jean-Christophe VERHAEGEN )
Amazon a été porté par le cloud et a largement dépassé les attentes du marché au troisième trimestre avec un bénéfice net de 15,3 milliards de dollars, rassurant les investisseurs sur sa rentabilité malgré l'annonce de dépenses croissantes dans l'intelligence artificielle (IA).
Le marché a immédiatement bien réagi jeudi dans les échanges après la clôture de Wall Street, où le titre prenait plus de 5% vers 22H00 GMT.
"Nous nous attendons à dépenser environ 75 milliards de dollars en 2024, je m'attends à ce que nous dépensions encore plus en 2025 et la majorité ira à AWS", filiale spécialiste du cloud, qui a besoin d'investissements pour l'intelligence artificielle, a déclaré le PDG, Andy Jassy, lors d'un appel avec des analystes.
Le cloud est en effet essentiel au déploiement de l'IA, notamment générative, et nécessite des investissements massifs dans des centres de données dédiés très énergivores. Pour supporter ces dépenses, les marchés scrutent la solidité des performances des géants de la tech et leurs marges.
La filiale AWS, qui pourrait franchir pour la première fois cette année les 100 milliards de revenus, a enregistré au troisième trimestre un chiffre d'affaires de 27,5 milliards de dollars, en hausse de 19%, dont elle a tiré 10,4 milliards de bénéfice opérationnel (indicateur clé de la rentabilité), soit près des deux-tiers du total du groupe (17,4 milliards).
Le géant américain du commerce en ligne a réalisé des ventes totales de 158,9 milliards de dollars cet été, en hausse de 11% et également supérieures aux attentes du marché qui tablait sur 157,2 milliards, selon son communiqué.
Son bénéfice, en hausse de 54% sur un an, dépasse de plus de trois milliards les attentes des analystes interrogés par Factset.
"Amazon a dépassé les attentes au troisième trimestre sur les trois piliers de son activité: le commerce en ligne, la publicité et le cloud", commente Sky Canaves, d'Emarketer.
- Investissements et retours sur investissements -
Malgré des profits trimestriels doublés grâce à la rentabilité du cloud et de l'IA, Amazon avait déçu au deuxième trimestre sur son coeur de métier.
Le troisième trimestre "a répondu aux inquiétudes quant au glissement des performances éblouissantes d'Amazon - au moins pour cette année", observe Neil Saunders, de GlobalData.
Les dépenses faramineuses pour déployer l'IA inquiètent les actionnaires, soucieux de voir rapidement des retours commerciaux à la hauteur.
Dans la foulée de leurs résultats, Microsoft et Meta, et dans une moindre mesure Alphabet (Google), ont plombé Wall Street jeudi, leurs profits, supérieurs aux attentes, et leurs prévisions n'ayant pas réussi à rassurer sur ce point.
Amazon a pris du retard dans l'IA générative sur les deux autres géants du secteur, Microsoft et Google, qui mènent la course en matière de conception de modèles et d'applications capables de produire textes, images et autres contenus sur simple requête en langage courant.
Mais, selon Sky Canaves, d'Emarketer, "il a investi intelligemment pour garder sa position dominante sur le marché du cloud", qui offre des capacités de stockage et traitement de données accrues pour utiliser les pleines capacités de l'IA.
- Coeur de métier -
Le coeur de métier d'Amazon, sa plateforme de e-commerce, a vu ses recettes progresser de 9% à 95,5 milliards de dollars en Amérique du Nord
"Le groupe continue d'être le principal bénéficiaire de la conversion des consommateurs américains aux achats en ligne", précise Sky Canaves, soulignant le succès des jours de promotions.
Pour le quatrième trimestre, en plus des fêtes traditionnellement lucratives, Amazon compte sur le Black Friday mais aussi, selon son patron Andy Jassy, sur la couverture de l'élection présidentielle américaine mardi prochain sur sa plateforme Prime Video, cruciale pour la croissance des revenus publicitaires.
Le groupe prévoit des ventes comprises entre 181,5 et 188,5 milliards de dollars et un bénéfice opérationnel entre 6 et 20 milliards pour le quatrième trimestre.
Le groupe de Seattle (Etat du Washington, nord-ouest), fondé par Jeff Bezos, a présenté mi-octobre ses dernières nouveautés dont un nouveau système informatique, VAPR, qui sera progressivement installé dans les camions de livraison et fait gagner "30 minutes par tournée".
Les temps de livraisons ultrarapides de la plateforme sont l'un de ses principaux atouts avec l'abonnement Prime, mais elle est menacée par les plateformes de vente chinoises à prix cassés Temu et Shein.
"Les prix compétitifs" et "l'offre très large" d'Amazon.com font toutefois que la plateforme ne se défend pas trop mal, affirme Neil Saunders.
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