"Compte tenu de la très lente montée en puissance des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser des approvisionnements en matière première", s'est justifié Eramet .
Une usine de recyclage de batteries à Montréal, au Canada, le 17 janvier 2023. (illustration) ( AFP / MATHIEW LEISER )
Pas assez de matière première et pas assez de débouché : le marché des batteries de véhicule électrique n'est pas mature en Europe et ne permet pas à Eramet de poursuivre son projet d'usine hydrométallurgique de recyclage prévu dans le nord de la France. Il est ainsi "suspendu", a annoncé jeudi 24 octobre le groupe minier français "dans l'attente d'un modèle économique solide et pérenne en Europe".
"Faute de montée en puissance en Europe des usines de batteries et de leurs composants, il existe aujourd'hui de fortes incertitudes, à la fois sur l'approvisionnement en matières premières de l'usine et sur les débouchés des sels métalliques issus du recyclage", explique Eramet dans un communiqué.
"Nous restons totalement convaincus de la nécessité de développer une économie circulaire des métaux critiques sur le sol européen, dont le recyclage des batteries en fin de vie sera un élément clé de la chaîne de valeur future, mais la réalité est que la chaîne de valeur des batteries électriques en Europe connaît un démarrage très difficile ", a expliqué la PDG du groupe Christel Bories, lors d'une conférence téléphonique avec la presse jeudi.
"Compte tenu de la très lente montée en puissance des usines de batteries, nous ne sommes pas en mesure de sécuriser des approvisionnements en matière première pour alimenter notre projet d'usine, a-t-elle ajouté.
Pas de matière première et pas de client
En attendant d'avoir des batteries en fin de vie, le projet d'usine misait sur une alimentation venue essentiellement des chutes de production des nouvelles usines de batteries en train de sortir de terre dans le nord de la France. Christel Bories a notamment évoqué les "problèmes" de NorthVolt ou d'ACC , et les "nombreux reports de projets sur la chaîne de valeur batteries".
Par ailleurs, "en aval", a-t-elle dit, "il n'y a aucun projet de précurseur de cathode européen qui a été confirmé, donc il n'y a pas de client (en Europe) pour les sels métalliques issus du recyclage", a-t-elle ajouté.
"Si aujourd'hui on faisait des sels (de nickel, de cobalt ou de lithium, NDLR) issus du recyclage, on devrait les vendre en Asie. Cela ne fait pas de sens de recycler sur le marché européen pour vendre le produit en Asie ", a-t-elle affirmé.
Le projet d'Eramet, en lien avec le groupe Suez -en toute vraisemblance à Dunkerque ou dans les environs- porte sur la construction de deux usines : l'une de tri et broyage de batteries usagées ou chutes de production pour fabriquer un composant connu sous le nom de "blackmass" contenant des sels minéraux mélangés, et l'autre de séparation de ces sels destinés à des équipementiers de la chaîne industrielle des batteries.
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