Les fournisseurs alternatifs ne vont plus pouvoir "mettre une marge commerciale sur un produit déjà prépackagé par EDF", a estimé la ministre.

Agnès Pannier-Runacher à Paris, le 15 novembre 2023. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
Dès 2026, les fournisseurs alternatifs ne pourront plus se fournir en électricité nucléaire à bas coût chez EDF. Une occasion pour eux de "sortir de leur confort" via notamment une "véritable politique de production", a suggéré lundi 27 novembre la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Les concurrents du groupe national s'inquiètent des conséquences sur la compétition commerciale de l'accord entre l'État et EDF sur le futur prix de référence de l'électricité nucléaire. Ce dernier, obtenu de haute lutte après des mois de négociations, garantit un prix de l'électricité nucléaire moyen "autour de 70 euros" le mégawattheure.
"On respecte le droit européen. Cette politique commerciale doit se faire avec des pratiques de transparence et de réplicabilité", a souligné Agnès Pannier-Runacher. "Mais c'est vrai que cela oblige les fournisseurs alternatifs à sortir de leur confort, qui consistait à mettre une marge commerciale sur un produit déjà prépackagé par EDF et à se sourcer en complément sur les marchés et à se couvrir en disant 'ah ben désolés, le prix de l'électricité a augmenté sur les marchés, je ne peux rien faire'", a-t-elle dit lors d'une rencontre avec l'Association des journalistes économiques et financiers.
Produire en France et prendre des risques
"Les fournisseurs alternatifs vont devoir eux aussi déployer une politique commerciale qui devra les inciter à mettre en place des contrats de long terme, ce que nous souhaitons, et à augmenter leurs capacités de production directement s'ils sont producteurs ou à se sourcer auprès de gens qui ont des capacités de production", a-t-elle ajouté.
"Donc je réponds à Engie que bien sûr il y aura de la transparence et de la réplicabilité et je les enjoins à prendre l'opportunité de développer une véritable politique de fourniture d'électricité, avec plus de production sur le territoire français et plus de prise de risques ", a-t-elle encore dit.
Engie, le 2e fournisseur d'électricité en France, s'est notamment inquiété du "risque d'un renforcement de la position dominante d'EDF", dans une déclaration le 22 novembre.
"Il faudra ainsi s'assurer que les activités de producteur et de fournisseur d'EDF soient strictement séparées , afin de garantir à tous les fournisseurs un même accès aux volumes d'électricité", afin de permettre un "fonctionnement transparent et équitable de ce marché", a souligné le groupe, sans toutefois évoquer de scission d'EDF.
L'accord trouvé entre l'État et EDF doit permettre d'atteindre un prix de référence de l'électricité nucléaire de 70 euros le MWh à partir de 2026. Ce système prévoit un mécanisme progressif de redistribution des revenus d'EDF aux consommateurs lorsque le prix du mégawattheure dépasse certains seuils, l'un fixé à 78-80 euros et l'autre à 110 euros.
10 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer