Le "réarmement" français et continental va notamment passer la mobilisation de l'épargne de ceux qui le souhaitent, a rappelé le ministre de l'Economie. Mais "les Français feront ce qu'ils voudront!", insiste Eric Lombard.

(illustration) ( AFP / ROSLAN RAHMAN )
Bourse, assurance vie, fonds dédiés: pour les épargnants français qui le souhaitent, il existe plusieurs manières de contribuer à l'effort financier de défense, accéléré par la situation géopolitique actuelle.
"Beaucoup de françaises et de français vont vouloir souscrire des produits de défense", a estimé jeudi 20 mars le ministre de l’Économie Éric Lombard sur le plateau de TF1 .
Les quelques sondages d'opinion montrent cependant un certain scepticisme de la part des Français. Environ 45% des épargnants sont contre le fait d'investir dans un produit d’épargne dédié, d'élargir le champ du Livret A ou de passer par l’assurance vie pour financer le secteur, selon une étude publiée lundi par la France Mutualiste, la même part y étant favorable et le reste ne se prononçant pas.
Investir en Bourse
Le choix d'investissement en Bourse, via par exemple un plan d'épargne en actions (PEA), est large en France, avec des géants comme Thales , Safran ou Dassault Aviation.
Certains investisseurs n’ont pas attendu les annonces récentes pour acquérir des actions: le cours de Thales a par exemple augmenté de plus de 75% depuis le début de l’année, quand celui de Safran s’est apprécié de près de 20%.
Ces entreprises ont pour habitude de rémunérer leurs actionnaires chaque année, avec un dividende de l’ordre de 40% du bénéfice net pour Thales par exemple.
"Les 'STARS' sont les nouvelles coqueluches boursières", écrit ainsi dans une note Clément Inbona, gérant à La Financière de l’Échiquier (LFDE).
"Derrière cet acronyme se cache Leonardo, Saab, Thales, Airbus , Rheinmetall et Safran: six valeurs cotées de l’Union européenne, actrices majeures du secteur de la défense et de l’aéronautique. Une industrie en plein effervescence", continue-t-il.
Avec son assurance vie
L'assurance vie, qui rassemble plus de 2.000 milliards d'euros, peut être un vecteur de fléchage de son épargne vers les entreprises de la défense.
Les épargnants peuvent par exemple souscrire à des unités de comptes (UC), investissements plus risqués que les fonds euros, mais potentiellement plus rémunérateurs, dédiées au secteur.
Le directeur général adjoint du gestionnaire d'actifs Tikehau capital a par exemple évoqué jeudi le lancement d'un support d'investissement dédié au financement de l'industrie de la défense, distribué en partenariat avec Société Générale Assurances.
"Nous sommes en train de mettre en place un nouveau projet qui va constituer une unité de compte qui sera accessible pour les contrats d'assurance vie, également pour les plans d'épargne retraite", a déclaré Henri Marcoux.
Auprès de Bpifrance
La banque publique Bpifrance a annoncé qu'elle allait lancer un nouveau fonds de 450 millions d'euros, baptisé "Bpifrance Défense".
Ouvert à l'ensemble des Français, à l'image de ce qu'elle fait déjà à l'intention des PME, ce placement pourra être souscrit via des produits d'assurance vie ou en direct, auprès de Bpifrance.
Il sera accessible à partir de 500 euros. Pour cette somme, ou plus, "vous pourrez devenir indirectement actionnaire des entreprises du secteur de la défense", a présenté jeudi M. Lombard sur TF1.
Mais il comprendra des contraintes de taille: l'investissement sera bloqué pour une période de temps donnée, pas encore fixée mais d'au moins cinq ans. Son rendement n'est pas garanti, il présente un risque de perdre son capital, et il sera soumis à des frais de gestion et aux impôts.
"Il faut savoir que quand on investit en fonds propres, on peut tout perdre", a prévenu le patron de Bpifrance Nicolas Dufourcq au micro de France 2 . "Ce n'est pas un livret protégé par l’Etat avec un avantage fiscal" , a-t-il rappelé.
Via le Livret A
Les quelque 600 milliards d'euros déposés sur les Livrets A et les Livrets de développement durable et solidaire (LDDS) peuvent aussi servir, mais moins directement, à l'effort financier de défense.
La Caisse des dépôts, gardienne de près de 60% de ces fonds, peut par exemple prêter une partie de cette somme pour le financement d'infrastructures logistiques de l'arrière, "par exemple des casernes", a évoqué jeudi M. Lombard.
Les fonds du Livret A restants dans le bilan des banques, alloués pour l'essentiel au financement des PME, peuvent également participer au financement des prêts accordés aux entreprises du secteur.
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