Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

CGG, Vallourec, TechnipFMC : quel avenir pour les valeurs parapétrolières françaises ?
information fournie par Boursorama 11/03/2020 à 11:40

Sarah  Belhadi
Sarah  Belhadi

Sarah Belhadi

BoursoBank

Chef de rubrique Bourse

Si Vallourec a tiré profit de la croissance du schiste américain, les perspectives ne sont plus les mêmes en 2020. (Crédits photo : Vallourec - Ewen Weatherspoon )

Si Vallourec a tiré profit de la croissance du schiste américain, les perspectives ne sont plus les mêmes en 2020. (Crédits photo : Vallourec - Ewen Weatherspoon )

L'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep a mis un terme à trois années d'accord de limitation de la production de pétrole. Résultat, les cours de l'or noir, déjà plombés par le ralentissement de la demande, ont connu leur plus grosse chute depuis la première guerre du Golfe en 1991. Le baril de Brent s'échange à son plus bas niveau depuis février 2016 : 36 dollars contre 70 dollars début janvier. Les valeurs parapétrolières ont lourdement chuté sur le SBF 120. TechnipFMC : -23,30%, CGG -37,48% et Vallourec -21,57%. La chute des prix fait craindre que les majors coupent leurs investissements pour préserver leur rentabilité. Les parapétrolières seraient les premières affectées dans un contexte où elles sont déjà pénalisées par les incertitudes liées à leur bilan. Revue de détail.

Vallourec et les incertitudes liées à son plan de financement

Après plusieurs années compliquées liées à la chute des cours du brut entre 2014 et 2018, le géant des tubes sans soudure pour l'industrie pétrolière a publié des résultats financiers en amélioration au titre de 2019. Vallourec est parvenu à réduire sa perte nette et sa consommation de cash, passant de 494 à 41 millions d'euros entre 2018 et 2019. Au quatrième trimestre, le groupe a même dégagé un flux de trésorerie positif de 76 millions d'euros.

Toutefois, Vallourec continue d'être handicapé par son endettement. A l'occasion de la publication de ses résultats annuels le 20 février, le groupe a annoncé une nouvelle augmentation de capital de 800 millions d'euros au deuxième trimestre 2020. Cette opération doit être approuvée par une assemblée générale du groupe le 6 avril. Les deux principaux actionnaires, Bpifrance et Nippon Steel souscriront à cette levée de fonds.

«La dette reste une épine dans le pied de Vallourec d'autant que l'ampleur de sa réduction via l'augmentation de capital repose sur des estimations de croissance de résultats assez ambitieuses», notait Emilie Brunet-Manardo, gérante-analyste chez DNCA quelques jours avant la chute spectaculaire du titre. Dans le contexte actuel du marché, la levée de fonds nécessaire au groupe semble compliquée.

Si le parapétrolier a tiré profit de la croissance du schiste américain, les perspectives ne sont plus les mêmes en 2020. Le ralentissement de l'activité de forage pétrolier et gazier sur le marché nord-américain risque d'affecter la demande et les prix des produits tubulaires destinés à la construction des puits. L'incertitude pèse désormais sur les pétroliers de schiste, contraints de réduire leur rythme de production. «Depuis 2008, selon la plupart des observateurs, le schiste n'a jamais réussi à réaliser un free cash-flows positif», rappelle Benjamin Louvet, de OFI Asset Management.

Même les estimations d'ordinaire optimistes de IHS Markit pour ce secteur particulier se montrent aujourd'hui très conservatrices : une croissance de 400.000 barils par jour en 2020 et une croissance de 0% en 2021. En outre, l'industrie du pétrole de schiste va devoir tenir compte de la problématique environnementale de plus en plus présente chez les investisseurs.

L'incertitude du marché américain est une donnée déjà intégrée par le groupe. Pour l'heure, Vallourec se dit confiant. Le Moyen-Orient, le Brésil et l'Asie du sud-est ont tiré la croissance du groupe au quatrième trimestre 2019. Dans les années à venir, le très fort potentiel du Brésil offre de bonnes perspectives au groupe, selon la direction.

"C'est l'endroit du monde où les forages en eau très profonde se développent le plus (...) Plus de la moitié des plateformes offshore qui vont être mises en production dans les dix années qui viennent vont l'être au large du Brésil. La bonne nouvelle pour nous c'est que Petrobras va doubler ses installations d'exploration en 2020 par rapport à 2019. Un certain nombre de grands acteurs internationaux sont venus prendre pied au Brésil Total, Shell, Exxon, Equinor, et nous avons gagné tous les appels d'offre de ces compagnies là", indiquait Philippe Crouzet, président du directoire de Vallourec le 20 février 2020 sur BFM Business.

En outre, dans ce contexte de moins en moins favorable aux énergies fossiles, Vallourec assure réfléchir au développement de nouvelles sources de croissance. «Nous explorons d'autres univers où on a besoin de transporter des fluides corrosifs comme l'hydrogène et le CO2 [NDLR : une fois liquéfié]. Et il y a la géothermie qui est en train de décoller», détaillait le président du directoire de Vallourec le 20 février dernier. De plus, comme le note Emilie Brunet-Manardo, «Vallourec possède une mine de minerai de fer au Brésil, ce qui peut être un bel atout pour protéger leur marge».

CGG : malmené en Bourse, le groupe insiste sur la solidité de son bilan

Après avoir frôlé la faillite en 2017 à cause de prix du pétrole au plus bas, le spécialiste français de la géophysique pour l'industrie pétrolière a su revoir sa stratégie. Début 2018, le groupe a subi une restructuration financière et annoncé un plan stratégique à l'horizon 2021 avec un recentrage de ses activités autour de la géoscience, des études multi-clients et des équipements.

«Cette quasi faillite leur a permis de se restructurer et de ressortir avec un bilan sain», note Emilie Brunet-Manardo de DNCA. CGG a notamment abandonné sa spécialité historique d'acquisition de données. «CGG s'est positionné comme un acteur dans l'analyse de données. Ce positionnement de niche devrait leur permettre de mieux pricer leur service. Dans un contexte où les prix du pétrole restent l'élément déterminant pour les parapétrolières, on peut penser que les acteurs de niche qui arrivent à pricer des services un peu différents seront les valeurs les plus défensives», note la gérante-analyste. En 2019, CGG a su regagner la confiance des investisseurs et a signé la meilleure performance du SBF 120 avec une progression de 150%..

Hasard du calendrier, vendredi 6 mars, alors que se jouent en coulisse des tractations pour convaincre Moscou de rester à la table des négociations dans l'accord Opep, CGG présente des résultats conformes aux attentes, tout en se montrant prudent sur les perspectives en raison du coronavirus et de la volatilité des prix du pétrole. Le groupe a indiqué avoir réalisé un résultat net des activités poursuivies de 63,1 millions de dollars au quatrième trimestre 2019 contre une perte de 302 millions un an plus tôt.

Lundi matin, alors que le cours de Bourse du parapétrolier s'effondre, CGG tente de calmer le jeu : «Nous ajusterons nos investissements en fonction du marché», précise un porte-parole de la société interrogé par Reuters, rappelant que le groupe est moins exposé par le passé à une réduction des budgets d'exploration des grandes majors pétrolières en cas de chute des cours du pétrole.

Après cette journée noire, le groupe a insisté mardi sur la solidité de son bilan et de sa nouvelle orientation stratégique. Le carnet de commandes de CGG pour son nouveau périmètre d'activités s'établit à 537 millions de dollars à fin février 2020, soit une hausse de 34% sur un an. «Je suis convaincue que CGG avec son nouveau profil composé des activités de Géoscience, Multi-clients et Equipements a les moyens de continuer à générer un net cash-flow positif dans les circonstances actuelles difficiles du marché du pétrole et comme démontré par ce même périmètre lors du ralentissement précédent», précise la directrice générale du groupe Sophie Zurquiyah dans un communiqué.

TechnipFMC, une scission et des doutes

Dans un contexte de prix morose, l'union devait faire la force. Il s'agissait d'une «fusion entre égaux». Mais l'alchimie aura été de courte durée. Après seulement trois ans de mariage, le conseil d'administration de TechnipFMC a voté fin août 2019 la scission du parapétrolier en deux sociétés distinctes pour 2020. RemainCo, qui gardera le nom de TechnipFMC, conserve le volet subsea (les infrastructures sous-marines) et aura son siège à Houston, aux Etats-Unis. L'autre, Technip Energies (SpinCo), basé en France, regroupera les activités ingénierie et construction (en fait la division onshore et offshore). Elle devrait être finalisée au premier semestre 2020.

Officiellement, ces deux nouvelles entreprises sont un succès et doivent devenir leaders sur leurs marchés respectifs. Mais les investisseurs s'interrogent. D'autant que la scission donne le sentiment d'un énorme gâchis. «Ce mariage était incompréhensible. C'est une perte de compétence énorme pour la France», estime Jean-Pierre Favennec, consultant spécialiste de l'énergie, professeur à l'IFP School. Technip, pourtant fleuron français de l'ingénierie pétrolière, est passé en quelques mois seulement sous pavillon américain. Aujourd'hui, les Américains vont conserver le volet le plus stratégique, le subsea, initialement compétence du groupe français…

TechnipFMC a connu une fin d'année 2019 difficile en raison de dépréciations d'actifs. Au quatrième trimestre 2019, la perte nette s'est creusée à 2,41 milliards de dollars, contre -2,26 milliards à la même période de 2018. Le chiffre d'affaires a grimpé, lui, de 6,8% à 13,4 milliards.

Dans le communiqué détaillant ces résultats, TechnipFMC a toutefois souligné le bond de 58,8% des prises de commandes, à 22,693 milliards, permettant au carnet de commandes de bondir de 66,6%, à 24,2 milliards.

A date, les interrogations sont nombreuses sur TechnipFMC. D'une part, le groupe doit faire face à une forte volatilité du secteur accentuée par un contexte de choc d'offre important et un choc de la demande. D'autre part, les interrogations sur l'avenir du groupe et l'absence de visibilité sont sanctionnés par les investisseurs.

La chute brutale des cours n'arrange rien au contexte. Lundi, TechnipFMC a chuté de plus de 23% à 8,65 euros l'action, son plus bas historique. Le lendemain, le groupe a annoncé avoir remporté un contrat auprès de British Petroleum (BP) pour la fourniture des équipements, la construction, et l'installation pour le développement du champ Platina situé au large de l'Angola en eaux profondes. Ce contrat couvre "la fabrication, la livraison et l'installation des équipements sous-marins". TechnipFMC parle dans son communiqué d'un "contrat significatif" d'un montant compris entre 75 millions et 250 millions de dollars. Un gros contrat pour le volet subsea donc.

Sarah Belhadi (redaction@boursorama.fr)

Valeurs associées

CGG
Euronext Paris -0.07%
Euronext Paris 0.00%
Euronext Paris -1.10%

8 commentaires

  • 11 mars 12:47

    Il y a un nom pour qualifier l'ex de technip. Cela commence par un S et finit par un D, en 8 lettres.


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.