(Répétition coquille au §8)
par Elizabeth Pineau
PARIS, 22 juin (Reuters) - Après un premier quinquennat passé à braconner sur les terres des Républicains jusqu'à les affaiblir comme jamais, Emmanuel Macron se retrouve dans la délicate position de demander à une famille politique échaudée de composer avec lui pour voter les lois à l'Assemblée nationale.
Faute de majorité au Palais-Bourbon, le chef de l'Etat doit en effet s'entendre avec des formations extérieures à la confédération Ensemble, qui n'a obtenu que 245 élus, loin de la majorité absolue de 289 députés.
Avec sa soixantaine de membres, le groupe LR, qui a voté 40% des textes du camp présidentiel lors du précédent quinquennat, peut jouer un rôle pivot lors de la prochaine législature.
Officiellement, le parti présidé par Christian Jacob repousse toute idée d'alliance avec la "macronie", mais des voix discordantes s'élèvent pour inviter à négocier des compromis, comme cela se fait en Allemagne et en Italie.
A son entrée à l'Elysée en 2017, Emmanuel Macron a ravi nombre de personnalités aux Républicains et même deux Premiers ministres, Edouard Philippe et Jean Castex.
Conséquence cinq ans plus tard, sur fond de montée des extrêmes : 4,8% pour la candidate LR Valérie Pécresse à l'élection présidentielle, un score historiquement bas pour le parti issu du gaullisme.
Mais en huit semaines, le vent a tourné.
Le groupe LR, qui s'est choisi comme président l'élu d'Eure-et-Loir Olivier Marleix, peut devenir "faiseur de lois".
"J'ai redit au président qu'il n'était pas question pour nous de rentrer dans ce qui pourrait être considéré comme une trahison par nos électeurs, (...) nous restons dans l'opposition de manière déterminée", a déclaré mardi Christian Jacob après un entretien avec Emmanuel Macron à l'Elysée.
Une ligne déjà exprimée la veille lors d'un conseil stratégique de LR destiné à tirer les leçons des législatives.
"Nous n'avons pas résisté jusqu'ici au macronisme pour nous dissoudre dans le macronisme", a dit le député européen François-Xavier Bellamy à son arrivée. "On n'est pas là pour bloquer et on n'est pas à vendre", a renchéri le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.
Un conseiller LR le dit encore plus crûment : "Ce n'est pas à nous de sauver Emmanuel Macron. Pendant cinq ans il a tout fait pour affaiblir le Parti socialiste et les Républicains et là on devrait lui tomber dans les bras ? Pas question."
"ON MARCHE SUR DES OEUFS"
Alors que le chef de l'Etat est en pleine réflexion sur la façon de sortir de la nasse, des voix de droite appuient pourtant l'idée d'une forme de coopération avec le gouvernement.
"Il faut travailler à un contrat de gouvernement. On ne construit rien sur le banc de touche", a dit à Reuters Franck Louvrier, maire LR de La Baule (Loire-Atlantique) et proche de l'ancien président Nicolas Sarkozy.
Un avis partagé par l'ex-ministre Jean-François Copé et la présidente des Pays de la Loire, Christelle Morançais.
En matière de politique économique, Ensemble et Les Républicains semblent en mesure de trouver des terrains d'entente, notamment en ce qui concerne la réforme des retraites visant à faire travailler les Français plus longtemps.
"On peut garder une autonomie politique pour les scrutins mais participer à une coalition à l'allemande de façon pragmatique. La situation du pays nous y invite", a dit à Reuters Paul-Louis Villeroy de Galhau, militant LR et chef d'entreprise. "On peut demander des ministres, un pacte de gouvernement."
Certains élus LR envisagent des accords au cas par cas, si leurs propositions sont prises en compte.
"On n'est pas mandatés pour passer un pacte mais parce qu'on est une droite responsable, de gouvernement, et les électeurs ne comprendraient pas que nous ajoutions de l'agitation et de l'obstruction à celles des autres. Donc on marche sur des oeufs, des oeufs un peu fêlés", a dit à Reuters le député de la Manche fraîchement réélu Philippe Gosselin.
Dans le camp d'Emmanuel Macron, une source ne doute pas que des ponts seront dressés le moment venu. "Vous voyez vraiment les LR ne pas voter la loi sur les retraites qu'ils ont toujours soutenue ? Au cas par cas, je pense que les choses s'éclairciront", dit-elle.
(Reportage Elizabeth Pineau avec la contribution de Michel Rose, édité par Kate Entringer)
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