
Xavier Huillard, Pdg du groupe de construction, concessions et énergie Vinci a quitté jeudi la direction générale du groupe, lors de son assemblée générale des actionnaires le 17 avril 2025 à Paris, mais restera président encore aumoins un an. ( AFP / Thomas SAMSON )
Après presque 20 ans à la tête de Vinci , qu'il a complètement transformé, le PDG Xavier Huillard a rendu jeudi les clés de la direction générale du géant français du BTP, de l'énergie et des concessions, lors d'une assemblée générale des actionnaires qui a accueilli son dauphin Pierre Anjolras.
A quelques semaines de son 71e anniversaire, M. Huillard conservera, au moins jusqu'à l'AG de 2026, la présidence du groupe qu'il a façonné depuis sa nomination comme directeur général en 2006, puis comme PDG en 2010.
Ce "vieux loup de mer qui ne se la pète pas", selon un observateur avisé du monde entrepreneurial français, a marqué Vinci au point qu'il s'identifie à l'entreprise, et refuse les interviews qui n'en parlent pas, selon son entourage.
Issu d'une myriade de sociétés du bâtiment, Vinci, qui emploie plus de 280.000 salariés dans le monde, est entré dès 2002 dans la cour des "géants mondiaux" de l'indice boursier du CAC40 aux côtés des TotalEnergies , Saint-Gobain , Hermès ou LVMH .
Jeudi devant les actionnaires, Xavier Huillard a rappelé ses choix stratégiques durant les 20 dernières années — diversification et internationalisation — via le développement de lucratives concessions autoroutières et aéroportuaires, et d'activités autour de l'énergie.

Xavier Huillard, Pdg du groupe de BTP Vinci (g), va céder la direction-générale du groupe à Pierre Anjolras (d) lors de l'assemblée générale des actionnaires qui se tient jeudi 17 avril 2025. Photographiés au siège du groupe à Nanterre le 6 mars 2025 ( AFP / JOEL SAGET )
Dans ce domaine, il a été "précurseur" avec sa filiale Cobra IS depuis 2021, qui installe des champs solaires ou des lignes haute tension partout dans le monde, "avant ses concurrents Bouygues et Eiffage ", souligne Vincent de la Vaissière, président du cabinet en communication VcomV.
- Modèle "prédateur" ou "vertueux" ? -
Un modèle unique, parfois critiqué à gauche. En 2016, Le Monde Diplomatique voyait en Vinci un "archétype du prédateur des marchés publics" qui "joue sur deux tableaux pour engranger les profits": "le rapide retour sur investissement de son activité de construction et les rentes de gestion à long terme".

Le PDG de Vinci Xavier Huillard arrive à un dîner d'Etat en l'honneur du couple royal du Danemark au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 31 mars 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Sous la houlette de M. Huillard, le groupe est en effet devenu le premier exploitant aéroportuaire privé mondial, avec 72 aéroports dans 14 pays, dont les trois japonais de Kansai, Osaka et Kobe, et récemment au Royaume Uni, le rachat de la plateforme d'Edimbourg après celui de Gatwick en 2018.
Ses concessions autoroutières représentent aujourd'hui 43% de son résultat net alors qu'elles ne pèsent que 9% de son chiffre d'affaires, en faisant les "vaches à lait du groupe", selon Hervé Maurey, sénateur centriste de l'Eure, dans un rapport sur la rentabilité record des sociétés d'autoroutes publié en octobre 2024.
Bien que critiqué en France, ce système de concessions est jugé "vertueux" par M. Huillard.
"Cette belle machine génère son propre combustible", a-t-il dit jeudi aux actionnaires, faisant valoir aussi que le "réseau autoroutier français était le plus beau réseau en Europe", car les contrats de concession prévoient l'entretien des autoroutes.

Pierre Anjolras, nouveau directeur général du groupe Vinci (construction, concessions aéroportuaires et autoroutières, et énergie) lors de l'assemblée générale du groupe français jeudi 17 avril à Paris ( AFP / Thomas SAMSON )
Le chiffre d'affaires du groupe en France représente désormais 42% contre 66% à son arrivée, selon M. Huillard qui a égrainé les "méga-tendances" qui ont selon lui piloté sa transformation: "le développement des mobilités, l'urbanisation croissante du monde et l'électrification et le digital".
Parmi les défis à venir, il a mentionné les enjeux d'adaptation au réchauffement climatique et ceux de souveraineté.
- transition en douceur -
La transition se fait en douceur et dans la discrétion. Pierre Anjolras, 59 ans, qui a mené à bien l'absorption du constructeur de routes Eurovia par Vinci Construction, est directeur général opérationnel depuis mai 2024 pour un tuilage aux côtés de Xavier Huillard.
Jeudi, l'assemblée générale a accepté sa nomination au conseil d'administration à 99,35% des votes. Mais il n'est pas monté à la tribune. Dans la foulée, il devait être nommé directeur général lors d'un premier conseil chargé de dissocier cette fonction de celle de président à partir du 1er mai.
Le plus important défi de M. Anjolras sera "d'exister" selon M. de la Vaissière, aussi bien face à ses barons en interne, que face à ses concurrents.
Il devra surtout gérer le délicat renouvellement des concessions d'autoroutes en France, dont les contrats passés avec l’État expirent à partir de 2031.
Par ailleurs, après l'arrêt par le gouvernement du projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes, le groupe espère savoir "d'ici octobre 2026" s'il est retenu pour la gestion de celui de Nantes.
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