En 2014, le déficit du Royaume-Uni s'est élevé à 5,4%.
Les investisseurs, qui ont horreur de l'incertitude, vont continuer à regarder de près les sondages alors que les élections du 7 mai en Grande-Bretagne restent très indécises. En jeu, un référendum sur l'appartenance à l'UE en cas de victoire des Conservateurs.
La campagne électorale a officiellement débuté lundi 30 mars. Le 7 mai, 48 millions d'électeurs britanniques sont appelés à se rendre aux urnes pour élire leurs 650 représentants à la Chambre des Communes. Le Premier ministre conservateur David Cameron remet son mandat de Premier ministre en jeu, sans s'assurer de pouvoir l'emporter tant les perspectives restent incertaines. Actuellement, les Conservateurs (306 députés) gouvernent avec l'appui des Libéraux Démocrates de Nick Clegg (57 députés) alors que les Travaillistes comptent 257 députés. L'élection devrait départager David Cameron et le travailliste Ed Milliband, 45 ans, qui est parvenu à prendre la tête du Labour en battant son frère aîné David, réputé plus centriste.
UE : « in or out » ?
Au vu des sondages, l'issue du scrutin est indécise. D'autant que des trublions comme ceux de l'UKIP, le parti anti-euro du leader populiste Nigel Farrage, et surtout le Scottish National Party (SNP) pourraient venir jouer les trouble-fête lors de ces élections. « Au Royaume-Uni, la Grande Récession, la chute du niveau de vie et la polarisation du marché du travail ont suscité un sentiment de frustration d'importantes franges de la population face au statu quo politique » reconnaît David Page, économiste chez Axa Investment Managers.
En cas de victoire des Conservateurs, un référendum sur l'appartenance ou non du Royaume-Uni à l'Union européenne devrait être organisé. Une victoire des opposants à l'UE marquerait en effet un véritable choc pour l'économie britannique qui, bien que non membre de la zone euro, est toutefois intégrée au grand marché européen. « La tenue d'un tel référendum freinerait la croissance économique en raison de l'incertitude sur le futur du Royaume-Uni. Ceci devrait peser sur les investissements étranger et domestique » admet David Page.
Déficit de 5,4% en 2014
En apparence, la Grande-Bretagne a le vent en poupe. En 2014, le taux de croissance du PIB y a dépassé 2,5% contre un timide +0,4% pour la France. Le taux de chômage ne ressort qu'à 5,7% (vs. 10,2% pour la France) et la dette publique atteint 88,7% du PIB contre 95,3% en France. Pour autant, certains clignotants sont au rouge comme le résumait récemment l'économiste Jean-Luc Buchalet (relire sa chronique pour Boursorama publiée le 18 mars).
Avec un déficit public de 5,4% en 2014 qui dépasse les 4,3% de la France, le Royaume-Uni doit prendre le taureau par les cornes pour réduire ce chiffre. Selon les différents scénarii électoraux présentés par les équipes d'Axa IM, une victoire travailliste, dont le programme envisage de réduire le déficit public à un rythme moins brutal que celui des Conservateurs, devrait soutenir à court terme l'économie britannique mais pourrait entraîner une remontée plus rapide des taux d'intérêt à court et moyen terme. En revanche, une victoire de David Cameron pourrait être considéré comme plus favorable aux entreprises même si la tenue du référendum sur l'UE créerait beaucoup d'incertitudes pour l'économie britannique, ce qui constitue en fait l'enjeu crucial de ce scrutin.
L'incertitude reste donc totale. Le recul des deux grands partis traditionnels, phénomène qui touche le Royaume-Uni comme les autres démocraties occidentales, pourrait obliger le leader du parti vainqueur à négocier avec des partis minoritaires. « Une période prolongée de pourparlers (…) devrait accroître l'incertitude, peser sur les marchés financiers et accroître la volatilité » note David Page.
Un contexte préjudiciable pour les valeurs britanniques. D'autant que la hausse de la livre sterling pénalise les entreprises exportatrices outre-Manche. Depuis le début de l'année, l'indice Footsie gagne moins de 3% et seulement 16% depuis trois ans. Dans le même temps, le Cac 40 s'est envolé de 18% depuis le 1 er janvier et de 46% en trois ans.
Julien Gautier
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