Une chaîne de production dans une usine Volkswagen
par Victoria Waldersee
Volkswagen envisage pour la première fois de fermer des usines en Allemagne, ce qui témoigne de la pression que subit le premier constructeur automobile européen face à la concurrence asiatique bon marché.
Cette décision marque le premier conflit majeur entre le président du directoire Oliver Blume, réputé plus rassembleur que son prédécesseur Herbert Diess, et les syndicats de l'entreprise, qui exercent une influence considérable au sein du groupe.
Volkswagen, le plus grand employeur industriel de l'Allemagne, cherche à économiser plusieurs milliards supplémentaires dans le cadre d'un programme de réduction des coûts au sein de sa marque éponyme, ont déclaré lundi le constructeur automobile et son comité d'entreprise.
Il considère notamment qu'une grande usine de véhicules ainsi qu'un site de fabrication de composants en Allemagne sont obsolètes, selon le comité d'entreprise, qui a promis une "résistance farouche" aux projets de la direction.
Les analystes ont par le passé désigné les sites d'Osnabrueck, en Basse-Saxe, et de Dresde, en Saxe, comme de possibles cibles de fermeture.
Le Land de Basse-Saxe, deuxième actionnaire de Volkswagen, a soutenu lundi la révision annoncée par le groupe.
Volkswagen a par ailleurs annoncé la fin de son programme de sécurité de l'emploi en place depuis 1994 et qui empêchait toutes suppressions de postes jusqu'en 2029. Le groupe précise que toutes les mesures seront discutées avec le comité d'entreprise.
"La situation est extrêmement tendue et ne peut être surmontée par de simples mesures de réduction des coûts", a déclaré le directeur de la marque VW, Thomas Schäfer, dans une déclaration écrite.
"MAUVAISES DÉCISIONS"
La marque Volkswagen, qui reste le principal pôle de ventes du groupe qui détient aussi Audi, Seat, Skoda ou encore Porsche, fait l'objet d'une programme de réduction des coûts visant 10 milliards d'euros d'économies d'ici 2026 afin de financer l'électrification de sa gamme.
L'environnement économique difficile, la concurrence accrue en Europe et la baisse de compétitivité de l'économie allemande ont contraint le constructeur allemand à prendre des mesures supplémentaires, a indiqué Oliver Blume.
A la Bourse de Francfort, l'action Volkswagen était en hausse de 2,4% à 14h58 GMT.
Le groupe a perdu près d'un tiers de sa valeur boursière au cours des cinq dernières années, ce qui en fait l'action la moins performante parmi les principaux constructeurs automobiles européens.
Ce projet de restructuration de la marque Volkswagen remet en question les fondations du groupe allemand, a dénoncé un représentant du syndicat IG Metall.
"Le directoire a présenté aujourd'hui un plan irresponsable qui ébranle les fondations de Volkswagen et constitue une menace massive pour les emplois et les sites", a déclaré Thorsten Gröger dans un communiqué publié après les annonces du groupe.
Daniella Cavallo, présidente du comité d'entreprise, a déclaré dans une interview publiée sur l'intranet de Volkswagen que la direction avait pris "de nombreuses mauvaises décisions" ces dernières années, notamment en n'investissant pas dans les véhicules hybrides ou en ne développant pas plus rapidement des voitures électriques à batterie à un prix abordable.
Le directeur financier Arno Antlitz s'adressera au personnel aux côtés de Thomas Schäfer lors d'une réunion du comité d'entreprise mercredi matin.
CONCURRENCE CHINOISE
Volkswagen a vu sa part de marché en Chine, son plus grand marché, se réduire à mesure que ses rivaux chinois lancent des voitures électriques abordables.
Les constructeurs chinois commencent par ailleurs à s'implanter en Europe, ce qui accroît la pression sur le groupe allemand pour qu'il développe rapidement des voitures électriques moins chères afin d'éviter de perdre des ventes dans son pays d'origine.
Les projets de Volkswagen constituent le dernier coup dur pour le chancelier allemand Olaf Scholz, sous pression après que la coalition tripartite au pouvoir a été sanctionnée lors des élections régionales de dimanche.
Le ministère allemand de l'Économie a refusé lundi de commenter spécifiquement l'annonce de Volkswagen, mais a dit que la direction des entreprises devait agir de manière responsable dans un environnement de marché difficile pour l'industrie automobile.
"L'industrie automobile est confrontée à des défis majeurs dans le monde entier et subit une profonde transformation qui exige des entreprises qu'elles prennent des décisions stratégiques", a déclaré un porte-parole du ministère dans un communiqué envoyé par courriel.
"Chaque entreprise est responsable de ses employés et de ses sites, et les entreprises doivent assumer cette responsabilité lorsqu'elles prennent des décisions", a-t-il déclaré.
(Rédigé par Victoria Waldersee, avec la contribution de Rachel More, version française Diana Mandiá, édité par Blandine Hénault)
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