(Actualisé avec réactions de Macron, sources)
En déplacement en Amérique du Sud, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour objectif de finaliser l'accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur, qualifié d'"inacceptable par la France".
Les pays du Mercosur - l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay - se réunissent jeudi dans la capitale uruguayenne Montevideo pour discuter de l'accord qui, s'il était finalisé, serait le plus important conclu par l'UE en termes de réductions tarifaires.
Ce déplacement intervient alors que plusieurs Etats membres européens se sont opposés à cet accord de libre-échange, à l'image de la France, enlisée dans une crise politique, où les députés ont voté le mois dernier à une large majorité contre le texte.
"La ligne d'arrivée de l'accord UE-Mercosur est en vue. Travaillons, franchissons-la. Le plus grand partenariat d'investissement et de commerce que le monde ait jamais connu. Les deux régions en bénéficieront", a déclaré sur le réseau social X Ursula von der Leyen.
Ces propos ont vivement fait réagir Emmanuel Macron, qui a redit jeudi à la présidente de la Commission que le "projet d’accord entre l’UE et le Mercosur est inacceptable en l’état", a fait savoir l'Elysée sur X.
"Nous continuerons de défendre sans relâche notre souveraineté agricole", a ajouté la présidence.
Selon quatre sources sud-américaines et européennes impliquées dans les négociations, les termes de l'accord seraient déjà finalisés maintenant que les deux parties ont réglé les derniers détails sur les questions environnementales et les achats gouvernementaux. Le Mercosur et Ursula von der Leyen devraient le présenter vendredi.
"Tout s'est déroulé comme prévu. Nous avons trouvé un accord qui était satisfaisant pour les deux parties", a déclaré une source sud-américaine impliquée dans les négociations, qui a requis l'anonymat.
Un responsable du gouvernement espagnol, qui a soutenu l'accord, a acquiescé : "On s'attend à ce qu'il soit signé demain."
Des sources diplomatiques françaises estiment que la Commission européenne prend des risques car "le contenu final de l’accord négocié n’a encore été présenté à aucun Etat membre", tout en précisant qu'il s'agit uniquement de la finalisation des discussions et non de l'accord définitif.
"A ce stade, c’est une finalisation des discussions au niveau des négociateurs, entre la Commission et le Mercosur. Ce n’est ni la signature, ni la conclusion de l’accord, qui devra être soumis à l’approbation des Etats membres au Conseil de l’UE", ont dit les sources.
La France estime qu'en l'état, l'accord serait préjudiciable aux agriculteurs français, et dénonce une concurrence déloyale, mais ne peut à elle seule bloquer la conclusion d'un accord.
D'autres, à l'instar de l'Allemagne, affirment que ce texte est vital pour l'UE, Berlin cherchant à se défaire de sa dépendance de la Chine et à s'éloigner de la Russie.
Pour entrer en vigueur, l'accord doit être ratifié par l'ensemble des Etats membres de l'UE et par le Parlement européen.
(Reportage Philip Blenkinsop à Bruxelles, Lissandra Paraguassu et Lucinda Elliott à Montevideo, avec Aislinn Laing, Inti Landauro, Bart Meijer et Sudip Kar-Gupta, version française Zhifan Liu et Kate Entringer)
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