Eric Soyer, directeur financier d'Erytech. (Crédit photo : Erytech)
A l'occasion du Salon Actionaria, rencontre avec Eric Soyer, directeur financier d'Erytech. Il revient sur le récent deal conclu avec SQZ et détaille le calendrier de la biotech. L'année 2020 s'annonce comme une période charnière pour la société avec la publication des résultats intérimaires de l'essai de phase III pour eryaspase dans le traitement de seconde ligne du cancer métastatique du pancréas.
Boursorama : Pourrions-nous revenir rapidement pour commencer sur l'accord contenu avec SQZ Biotech avant l'été. Même si le marché a plutôt salué le deal, certains investisseurs ont pu regretter qu'Erytech ne cherche pas à développer cette technologie…
Eric Soyer :
cet accord s'inscrit parfaitement dans notre stratégie. Nous avons toujours expliqué que les programmes dans l'immuno-tolérance et dans l'immuno-oncologie étaient un peu périphériques pour nous. Nous n'avons pas forcément ni le temps, ni les moyens financiers de les développer nous-mêmes et il nous semblait pertinent de le mettre dans des mains aussi expertes, voire plus, que les nôtres. A ce titre, SQZ est le partenaire idéal : leur technologie permet de faire passer les cellules dans des micro-filières avant de les dilater ensuite, c'est une autre façon de les encapsuler. Leur technologie est efficace pour des petits volumes ce qui cadre parfaitement à son utilisation dans l'immunologie ou l'immuno-tolérance. Cela permet à Erytech de ne pas supporter le coût de ces programmes et en cas de succès de toucher de l'argent, tout en se concentrant sur le cœur de sa stratégie dans les tumeurs solides.
Boursorama : Justement, le programme phare pour Erytech est l'étude de phase III avec eryaspase dans le traitement de seconde ligne du cancer métastatique du pancréas.
Vous avez d'ailleurs publié lundi 25 novembre les résultats complets de phase 2B dans l'European Journal of Cancer.
Comment se déroule cette phase III ?
Eric Soyer :
Nous avions déjà annoncé au début du mois que l'analyse effectuée par le Comité indépendant de surveillance des données (IDMC) des données des 150 premiers patients recrutés et traités dans l'étude n'a mis en évidence
aucun problème de sécurité.
Pour ce qui concerne le recrutement des 500 patients, tout se passe très bien. Nous sommes conformes à notre plan de marche et nous prévoyons à ce jour une fin de recrutement au milieu de l'année 2020. Cela devrait coïncider avec la lecture intérimaire des résultats de Phase III. L'année prochaine est donc importante pour nous : on sent d'ailleurs qu'il y a une attente et une attention qui est en train de revenir sur Erytech. Les résultats complets de l'essai devraient, eux, être publiés durant le premier semestre 2021.
Boursorama : A côté de cet essai qui, sans faire de dramatisation excessive, est capital pour la biotech, Erytech poursuit également une étude dans le cancer du sein triple négatif. Comment se place ce programme par rapport à celui sur le cancer métastatique du pancréas ?
Eric Soyer :
Le contexte est très différent. En termes de hiérarchie pour Erytech, c'est une étude de phase II d'une soixantaine de patients et qui va chercher un signal thérapeutique. Nous pensons que dans le cancer du sein triple négatif, nous sommes également en présence d'une tumeur très agressive et que notre technologie consistant à affamer les tumeurs pourrait également s'avérer efficace. C'est une indication importante alors que la taille du marché est à peu près similaire pour nous à celle du cancer du pancréas. Mais ne nous trompons pas, aujourd'hui nos actionnaires et les gens qui ont investi dans Erytech le font principalement sur l'indication du cancer du pancréas. Les premiers résultats de cet essai dans le cancer du sein triple négatif sont d'ailleurs attendus après ceux de l'étude TRYbeCA1 dans le cancer du pancréas.
Boursorama : Si on reste sur le cancer du pancréas, il y a aussi une étude en cours sur eryaspase en première ligne dans le cancer du pancréas.
Eric Soyer :
Oui, cette étude sera menée par un investigateur. C'est une étude de phase I qui est encore en préparation et qui devrait être lancée durant la première partie de l'année prochaine aux Etats-Unis.
Boursorama : Ce n'est pas le seul cas ou Erytech passe par un investigateur : eryaspase n'est pas totalement abandonné dans la leucémie aigue lymphoblastique (LAL), puisqu'il y a encore un essai en cours mené par la Société nordique de pédiatrie en hématologie et oncologie (NOPHO)…
Eric Soyer :
C'est exact. C'est une étude de phase II conduite et financée par ce groupe d'investigateurs scandinaves dans le cadre d'une LAL pour des patients allergiques à l'asparaginase non-encapsulée, essentiellement le produit Oncaspar. Il y a un vrai besoin pour ces patients allergiques à l'asparaginase et normalement traités ensuite sous Erwinase, un traitement de Jazz Pharmaceuticals. Or ce traitement est lourd (beaucoup d'injections) et il fait souvent l'objet de pénurie. Je ne peux pas être aussi précis sur le calendrier de cette étude puisque ce n'est pas Erytech qui la conduit mais nous devrions disposer de résultats intérimaires durant la première moitié de 2020.
Boursorama : Au 30 septembre dernier, la situation de trésorerie d'Erytech était d'un peu plus de 80 millions d'euros. De quoi aborder cette année cruciale de 2020 avec sérénité ?
Eric Soyer :
Nous avons actuellement de la visibilité jusqu'à fin 2020, début 2021, c'est-à-dire après les résultats intérimaires de l'étude de Phase 3, qui devraient déjà nous donner une bonne indication sur cette étude.
Propos recueillis par Laurent Grassin
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