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France-Procès requis pour l'ex-patron de l'IAAF Lamine Diack
information fournie par Reuters 20/05/2019 à 20:04

    * Le volet dopage russe d'un vaste système présumé de
corruption
    * Deux ressortissants français et deux Russes également
impliqués
    * L'enquête sur l'attribution des JO de Tokyo encore en
cours

 (Avec précisions, contexte)
    par Emmanuel Jarry
    PARIS, 20 mai (Reuters) - Le Parquet national financier
(PNF) demande le renvoi devant un tribunal de l'ancien patron de
la fédération internationale d'athlétisme (IAAF), Lamine Diack,
et de son fils Papa Massata Diack, pour corruption et
blanchiment de corruption.
    Il a notifié lundi son réquisitoire aux parties, a-t-on
appris de source proche du dossier.
    Le responsable sénégalais et son fils, homme d'affaires et
consultant en marketing de l'IAAF au moment des faits, sont
accusés d'avoir retardé contre paiement la sanction d'athlètes
soupçonnés de dopage, notamment russes, avec la complicité
active de dirigeants de l'athlétisme russe.
    Ils sont ainsi accusés d'avoir sollicité, directement ou
indirectement, auprès de ces sportifs des remises d'espèces pour
un montant total évalué à 3,45 millions d'euros.
    "Sous la direction de son président et forte de plusieurs
années de malversation, l'IAAF a réussi à concilier corruption
et encouragement du dopage", estime le procureur financier dans
son réquisitoire, que Reuters a pu consulter.
    "Son programme d'action, proche de la négation absolue de sa
mission, permettait, contre paiements, à des athlètes dopés d'un
pays de continuer à concourir et à participer aux plus grandes
compétitions mondiales", ajoute-t-il.
    La marathonienne Lilya Shoboukova a ainsi reconnu avoir
versé au total 600.000 euros pour pouvoir participer aux Jeux
olympiques de 2012 à Londres.
    Finalement suspendue par la fédération russe (ARAF) en 2014,
elle a obtenu le remboursement de 300.000 euros par le biais
d'une société basée à Singapour, Black Tidings, gérée par un
homme de paille de Papa Massata Diack, dit PMD.
    Ce virement bancaire et la marathonienne ont fini par
attirer l'attention de la commission d'éthique de l'IAAF et de
l'Agence mondiale antidopage (AMA), ainsi qu'un reportage de la
chaîne de télévision allemande ARD fin 2014.
    
    "ORGANISATION CRIMINELLE"
    Selon l'accusation, d'autres témoignages et documents ont
mis en lumière l'attitude "extrêmement complaisante" de membres
de l'IAAF envers l'ARAF, susceptible d'être "la contrepartie
d'accords commerciaux relatifs aux droits télévisuels" sur le
championnat du monde d'athlétisme de Moscou en 2013.
    Parmi ces responsables figuraient aussi l'avocat français
Habib Cissé, conseiller juridique de Lamine Diack, le médecin
français Gabriel Dollé, responsable du département antidopage de
l'IAAF au moment des faits, l'ancien trésorier de l'IAAF et
ex-président de l'ARAF Valentin Balakhnitchev, et
l'ex-entraîneur de l'équipe russe d'athlétisme Alexeï Melnikov.
    Ces quatre hommes sont aussi visés par le réquisitoire du
PNF, mais les deux derniers sont en fuite en Russie et sous le
coup depuis le 29 janvier d'un mandat d'arrêt international, de
même que PMD (depuis décembre 2015), réfugié au Sénégal.
    Gabriel Dollé, poursuivi pour corruption, a reconnu les
faits et demandé à bénéficier de la procédure du "plaider
coupable", ce qui ne lui a pas été accordé à ce stade.
    Selon l'accusation, l'enquête a établi que Lamine Diack
avait mis en place au sein de l'IAAF "une véritable organisation
criminelle (...) spécialisé dans la corruption, le blanchiment
et le détournement de fonds" avec son fils, Habib Cissé, Gabriel
Dollé, Valentin Balakhnitchev et Alexeï Melnikov.
    Lamine Diack, 85 ans, sous contrôle judiciaire en France, a
admis avoir conclu fin 2011 un accord avec Valentin
Balakhnitchev portant sur au moins 1,5 million d'euros, afin de
financer la campagne présidentielle de Macky Salle au Sénégal. 
    Contacté par Reuters, son nouvel avocat, Me William Bourdon,
n'a pas souhaité faire de commentaire à ce stade.
    
    UNE ENQUÊTE TENTACULAIRE
    Le juge d'instruction chargé de ce dossier a trois mois pour
décider de donner suite à la demande du PNF. Mais ce n'est qu'un
volet du vaste système mis en place par Lamine Diack à la faveur
de sa longue présidence de l'IAAF (1999-2015) et de l'influence
ainsi acquise auprès des pays africains.
    Lorsque les enquêteurs se sont intéressés aux opérations
financières de la Black Tidings, ils sont ainsi tombés sur deux
transferts d'argent avec pour origine "Tokyo 2020 Olympic Games"
les 30 juillet et 28 octobre 2013, pour un montant total de 1,8
million d'euros. Juste avant et juste après l'attribution en
septembre de la même année de ces Jeux olympiques d'été.
    Le PNF s'intéresse aussi à ce deuxième volet, qui a valu au
président du Comité olympique japonais Tsunekazu Takeda d'être
mis en examen en France le 10 décembre 2018, et de renoncer à
ses fonctions, y compris au Comité international olympique.
    Les investigations sur ce volet sont encore en cours. Là
aussi le système mis en place par le clan Diack pour s'enrichir
lors de l'attribution de grands événements sportifs comme les JO
de Rio ou les championnats du monde d'Athlétisme, ou des droits
marketing et télévisuels de ces événements en partenariat avec
la multinationale japonaise Dentsu  4324.T , est tentaculaire.
    Dernièrement, les regards se sont tournés vers le Qatar,
avec l'audition en tant que témoin assisté du président du PSG,
Nasser al-Khelaïfi, sur le versement suspect de 3,5 millions de
dollars en 2011 à une société de PMD, en marge de la candidature
de cette principauté du Golfe aux mondiaux d'athlétisme.    

 (Edité par Sophie Louet)
 

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