Le logo du Nasdaq est affiché sur le site du Nasdaq Market à Times Square à New York
par Saqib Iqbal Ahmed, Suzanne McGee et Lewis Krauskopf
L'indice Nasdaq a dépassé mercredi pour la première fois la barre des 20.000 points, point d'orgue d'une année au cours de laquelle l'enthousiasme pour l'intelligence artificielle (IA) et les attentes sur les baisses de taux d'intérêt ont alimenté le rallye fulgurant des valeurs technologiques.
L'indice à forte coloration technologique a gagné plus de 33% sur l'année, porté par l'impulsion des sociétés technologiques, y compris Apple, Nvidia, Alphabet, la société mère de Google, et ces dernières semaines, le constructeur de voitures électriques Tesla.
Les gains de mercredi ont été alimentés par des données sur l'inflation américaine qui ont renforcé les paris d'une réduction des taux d'intérêt de la Réserve fédérale (Fed) lors de sa réunion de la semaine prochaine.
L'indice a clos mercredi sur une hausse de 1,8% à 20.034,89 points.
Le rallye a récompensé les investisseurs qui ont misé sur la croissance et la technologie, mais il a également suscité des inquiétudes quant à la progression des valorisations et à la prédominance des grandes capitalisations, qui pèsent désormais de plus en plus sur l'indice.
"Il y a clairement un aspect de course poursuite vers la fin de l'année, où les gagnants (...) continuent de gagner", a déclaré Cameron Dawson, directeur des investissements chez NewEdge Wealth.
"La question est de savoir si cette dynamique peut perdurer jusqu'en 2025, où les valorisations tendues, le positionnement, le sentiment et les attentes en matière de croissance pourraient tous constituer des obstacles pour maintenir des rendements supérieurs à la moyenne.
Après avoir chuté au début de l'année 2020, lorsque la pandémie de COVID-19 a paralysé l'activité économique dans le monde entier, l'indice s'est rapidement redressé lorsque la Fed a ramené les taux d'intérêt à un niveau proche de zéro et que le gouvernement des États-Unis a engagé des mesures de relance pour soutenir l'économie.
En 2022, l'indice a toutefois chuté de 33% alors que l'inflation atteignait des records de 40 ans et que la banque centrale américaine mettait en oeuvre une série de réductions massives des taux d'intérêt.
La hausse des coûts d'emprunt n'a pas déclenché la récession redoutée, et l'indice a progressé d'environ 90% depuis lors, en partie grâce à l'enthousiasme croissant pour le potentiel commercial de l'IA.
L'action Nvidia, dont les puces sont considérées comme l'étalon-or du secteur, ont augmenté de plus de 1.100% depuis leur plus bas niveau en octobre 2022.
"L'histoire de l'IA est toujours d'actualité et attire les investisseurs", note Alex Morris, directeur des investissements de F/m Investments. "Ce sont les actions les plus prisées."
La valorisation du Nasdaq a augmenté, mais elle est encore loin des niveaux atteints lors de la bulle Internet il y a plus de vingt ans.
Selon LSEG Datastream, l'indice se négocie actuellement à environ 36 fois les bénéfices, son niveau le plus élevé depuis trois ans et bien au-dessus de sa moyenne à long terme de 27 fois. Ce chiffre est encore bien inférieur aux quelque 70 fois que le ratio cours/bénéfice (C/B) de l'indice a atteint en mars 2000, ce qui rassure les investisseurs comparant les deux périodes.
"Le dernier rallye du Nasdaq n'est pas comparable à celui de la fin des années 90 et du début des années 2000. Il a progressé plus graduellement et ne semble donc pas encore insoutenable", écrit Jessica Rabe, cofondatrice de DataTrek Research, dans une note datée de mercredi.
Les grandes capitalisations dominent de plus en plus l'indice: les 10 plus grandes entreprises en termes de valeur de marché représentent 59% du Nasdaq, contre 45% en 2020.
Les trois plus grandes entreprises en termes de poids sont Apple, Microsoft et Nvidia, qui représentent respectivement 11,7%, 10,6% et 10,3% de l'indice.
Cette forte concentration pourrait toutefois poser un problème aux investisseurs si les géants de la technologie venaient à perdre leur popularité. En 2022, par exemple, deux poids lourds de l'indice, Meta et Tesla, ont chuté respectivement de 64% et 65% sur l'année.
Le Nasdaq a également surpassé les autres grands indices boursiers américains cette année, grâce à des gains dans des noms à forte pondération tels que Nvidia, Amazon et Meta. La hausse de 33% du Nasdaq en 2024 contraste avec celle de 27% du S&P 500 et de 17% du Dow Jones.
Au cours de la dernière décennie, le Nasdaq a gagné plus de 320%, contre 200% pour le S&P 500 et 150% pour le Dow Jones.
(Version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)
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