(AOF) - Le début d'année 2025 est très compliqué pour Kering . Enregistrant une des plus fortes baisses de l'indice CAC 40, le géant du luxe perd 1,85% à 171,70 euros, pénalisé par le très fort repli de ses ventes au premier trimestre 2025. "Nous redoublons de vigilance pour surmonter les turbulences macro-économiques qui affectent notre industrie. Nous nous concentrons entièrement sur la mise en œuvre de nos plans d'action afin d'atteindre nos objectifs stratégiques et financiers et de renforcer le positionnement de nos Maisons sur tous leurs marchés", a déclaré François-Henri Pinault, PDG de Kering.
Sur les trois premiers mois de 2025, le chiffre d'affaires s'élève à 3,9 milliards d'euros, soit un recul de 14% tant en données publiées qu'en comparable. Invest Securities rappelle que le consensus était de 4,009 milliards d'euros, soit une diminution de 11% à périmètre constant.
L'activité dans le réseau en propre est en retrait de 16% en comparable, "impactée, outre par la décélération de la consommation et la baisse du trafic, par la légère réduction du réseau de boutiques en propre (25 points de vente en moins sur un total de 1 788 unités)", précise, de plus, ce bureau d'études.
Les tendances en Asie-Pacifique (-25%) sont en ligne avec celles du quatrième trimestre 2024, tandis que l'Europe de l'Ouest (-13%), l'Amérique du Nord (-13%) et le Japon (-11%) marquent une décélération séquentielle.
Gucci sous-performe
Les ventes de sa griffe phare Gucci s'élèvent à 1,6 milliard d'euros, soit un repli de 24% en données publiées et de 25% en comparable. " La décroissance organique de Gucci atteint 32% en Asie Pacifique, contre 20% environ dans les autres géographies ", signale Invest Securities.
Les ventes dans le réseau en propre marquent une contraction de 25% en comparable sur ce premier trimestre, dans un contexte de faible trafic en boutique. Les ventes Wholesale sont en baisse de 33% en comparable.
"Gucci continue à travailler au renforcement et au renouvellement de son offre, avec une bonne réception des nouvelles lignes de sacs à main, et notamment le lancement prometteur du Softbit", rassure Kering.
En outre, le chiffre d'affaires d'Yves Saint Laurent sur ce premier trimestre s'élève à 679 millions d'euros, en recul de 8% en données publiées et de 9% en comparable.
Pour cette marque, dans le réseau en propre, les ventes sont en baisse de 8% en comparable sur le trimestre, avec une croissance au Moyen-Orient et une résilience des marchés américain et européen. Les ventes Wholesale sont en recul de 24% en comparable.
En réaction à cette performance sur les trois premiers mois de 2025, UBS relève que le début d'année de Kering est faible mais le groupe peut entretenir un espoir de stabilisation : "Notre analyse s'appuie désormais sur une amélioration au second semestre, l'attention se porte sur une éventuelle stabilisation des ventes de Gucci au deuxième trimestre, avant des comparaisons beaucoup plus favorables qui rassureront davantage sur ses bénéfices et son bilan".
Le broker reste à Neutre sur le titre Kering mais a abaissé son objectif de cours de 195 à 158 euros.
De son côté, Jefferies estime qu'"un creux plus marqué au premier semestre sera suivi d'une reprise au second semestre. "Malgré l'absence de pressions supplémentaires sur les ventes jusqu'à présent au deuxième trimestre, les incertitudes quant au regain d'attrait de Gucci demeurent importantes", poursuit-il. Restant à Conserver, le broker a lui aussi abaissé son objectif de cours sur le titre : de 210 à 170 euros.
Quant à Stifel, l'analyste souligne que "ce début d'année difficile exercera une pression supplémentaire sur la rentabilité du premier semestre de l'entreprise".
AOF - EN SAVOIR PLUS
En savoir plus sur Kering
=/ Points clés /=
- Groupe de luxe né en 1963 propriétaire des marques Balenciaga, Bottega Veneta, Gucci ou Yves-Saint-Laurent ;
- Chiffre d'affaires de 17,2 Mds€ réalisé à 30% en Asie-Pacifique, 8% au Japon, 29% en Europe et 24% en Amérique du nord, avec 91% des ventes dans le réseau en propre ;
- Modèle d'affaires de « pure player » du luxe, fondé sur une croissance organique mais supérieure à celle des marchés via l’autonomie créative des Maisons et les partenariats stratégiques ;
- Capital contrôlé à 42,2% (près de 59% des droits de vote) par la holding Aremis de la famille fondatrice, François-Henri Pinault étant président-directeur général du conseil d’administration de 13 membres et Jean-François Palus directeur général délégué ;
=/ Enjeux /=
- Agilité du modèle d’affaires face à un recul de 12 % des ventes et de 62 % du résultat :
- renouvellement des directeurs de collections et des directions générales dans les maisons phares – YSL, Gucci, Balenciaga et Bottega Venetta, assorti d’un rajeunissement de l’offre, d’une hausse de la part de la maroquinerie dans les revenus, rationalisation de la distribution-logistique, e-commerce, réseau Wholesale et élargissement du maillage des magasins,
- après un recul de 5 % des coûts, réduction du même montant en 2025,
- flexibilité financière via les cessions immobilières -1,2 Md€ en 2024, 2 Mds€ en 2025 et 2026,
- montée en puissance des diversifications : lunetterie, lancée en 2015 : déjà 1,6 Mds€ de revenus pour le 2ème acteur mondial ; parfumerie, lancé en 2023 : achat de Creed, 2 lancements en 2024 et 2025 ;
- Stratégie environnementale « Care for the planet » de neutralité totale en 2033 :
- réduction des impacts de la chaîne d’approvisionnement (pollution de l’air et de l’eau, gestion des déchets et utilisation des sols…),
- « Index de développement durable des fournisseurs » et traçabilité du bien-être animal et d’utilisation des produits chimiques,
- Materials Innovation Lab dédié aux montres et à la joaillerie, et au textile,
- soutien à la biodiversité, l’agriculture régénérative et le fonds climat pour la nature ;
- Bilan en cours de renforcement : dette nette de 10,5 Mds€ et 1,4 Md€ d’autofinancement libre.
=/ Défis /=
- Exécution de la relance de Gucci, 1er contributeur historique aux résultats ;
- Evolution du dossier Valentino détenu à 30% avec option d’acquisition totale en 2030 ;
- Absence de prévisions chiffrées pour 2025 ;
- Dividende 2024 réduit de plus de la moitié à 6€, après acompte de 2€.
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