L'INQUIÉTUDE POUR L'ÉCONOMIE DOMINE AU SOMMET DE DAVOS
par Balazs Koranyi et Dan Burns
DAVOS, Suisse (Reuters) - Les multiples menaces pesant sur l'économie mondiale ont été lundi au coeur des discussions teintées d'inquiétude entre les représentants de l'élite économique et politique internationale réunis au sommet annuel de Davos, certains évoquant même le risque d'une récession générale.
Ce Forum économique mondial dans la station suisse, rendez-vous traditionnel de dirigeants politiques et grands patrons, s'est ouvert alors que l'inflation n'a jamais été aussi élevée depuis une quarantaine d'années aux Etats-Unis comme en Europe.
Cette flambée des prix affecte le moral des consommateurs, pèse sur les bénéfices des entreprises de nombreux secteurs et a amené plusieurs grandes banques centrales, en premier lieu la Réserve fédérale américaine, à se lancer dans un cycle de relèvement des taux d'intérêt.
Le problème est aggravé par l'offensive militaire de la Russie en Ukraine, lancée le 24 février, qui renforce les tensions sur les prix des produits alimentaires et de l'énergie, et par les confinements à répétition en Chine face au COVID-19, qui perturbent les chaînes d'approvisionnement.
"Nous avons au moins quatre crises, qui sont imbriquées. Nous avons une inflation élevée (...) nous avons une crise énergétique (...) nous avons la précarité alimentaire et nous avons une crise climatique. Et nous ne pouvons pas résoudre les problèmes si nous nous concentrons sur une seule de ces crises", a dit le vice-chancelier allemand Robert Habeck.
"Mais si aucun de ces problèmes n'est résolu, j'ai vraiment peur que nous allions tout droit vers une récession mondiale avec des conséquences énormes (...) sur la stabilité mondiale", a ajouté Robert Habeck, également ministre de l'Economie et du Climat.
LE FMI NE PRÉVOIT PAS DE RÉCESSION, "À CE STADE"
Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé le mois dernier pour la deuxième fois de l'année ses prévisions de croissance de l'économie mondiale, en citant la guerre en Ukraine et en qualifiant l'inflation de "danger clair et bien présent" pour de nombreux pays.
Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a déclaré lundi à Davos que la guerre, le resserrement des conditions financières et les chocs de prix, en particulier sur les produits alimentaires, avaient encore, depuis, clairement "assombri" les perspectives.
Priée de dire si elle s'attendait à une récession, elle a toutefois répondu: "Non, pas à ce stade. Cela ne signifie pas que cela soit hors de question."
Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), qui doit s'exprimer mardi à Davos, a prévenu que la croissance et l'inflation suivaient des directions opposées, la hausse des prix pesant sur l'activité et réduisant le pouvoir d'achat des ménages.
"La guerre Russie-Ukraine pourrait bien s'avérer comme un tournant pour l'hyper-mondialisation", a-t-elle écrit dans une note de blog publiée lundi sur le site de la BCE.
"Cela pourrait conduire à ce que les chaînes d'approvisionnement soient moins efficaces pendant un certain temps et, durant la transition, générer des pressions sur les coûts plus persistantes pour l'économie", a-t-elle ajouté.
Christine Lagarde a aussi quasiment annoncé des hausses de taux de la BCE à la fois en juillet et en septembre pour lutter contre l'inflation, même si le relèvement du coût du crédit freine théoriquement la croissance.
"Nous savions, tout le monde savait depuis le premier jour que cette guerre était une mauvaise nouvelle pour l'économie. Moins de croissance et plus d'inflation", a pour sa part déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. "C'est le prix que nous avons accepté ensemble de payer pour protéger nos valeurs (...) Cela valait la peine de payer ce prix."
(Avec Jessica DiNapoli, version française Bertrand Boucey, édité par Nicolas Delame)
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