DUBAÏ, 6 février (Reuters) - Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zari, a exhorté samedi Washington à revenir rapidement dans l'accord sur le nucléaire, précisant qu'une loi adoptée par le Parlement forcerait le gouvernement iranien à durcir sa position sur ce dossier s'il n'y avait pas d'assouplissement des sanctions américaines d'ici le 21 février.
Mohammad Javad Zari a également rappelé que des élections étaient prévues en juin en Iran. Si jamais les iraniens élisaient un président tenant d'une ligne dure, cela pourrait mettre à mal les tentatives de discussion.
"Le temps presse pour les Américains, d'une part à cause de la loi votée au Parlement et d'autre part à cause des élections qui vont arriver après le nouvel an iranien", a dit Mohammad Javad Zari dans une interview au quotidien iranien Hamshahri.
Le nouvel an du calendrier persan est prévu pour le 21 mars.
Le Parlement, où les partisans d'une ligne dure sont majoritaires, a adopté cette loi en décembre, donnant ainsi un délai de deux mois aux américains pour assouplir leurs sanctions.
L'ex-président américain Donald Trump a décidé en 2018 d'abandonner l'accord sur le nucléaire iranien signé en 2015, en vertu duquel l'Iran avait accepté de limiter son programme nucléaire. La décision de Donald Trump a été suivie par des sanctions américaines à l'encontre de l'Iran.
Le nouveau président américain Joe Biden a exprimé son souhait de revenir aux termes de ce pacte, bien que Téhéran et Washington ne soient toujours pas d'accord sur les mesures à prendre pour que cela se produise.
Le mois dernier l'Iran a repris ses activités d’enrichissement à 20 % de l’uranium, un niveau qui avait été atteint avant la signature de l'accord.
PRISE DE POSITION SUR LE YÉMEN
Joe Biden a déclaré que si l'Iran respectait à nouveau strictement l'accord, Washington le ferait aussi et utiliserait cela comme un tremplin vers la signature d'un accord plus large qui viendrait limiter les activités militaires de l'Iran.
Téhéran insiste pour que Washington assouplisse d'abord les sanctions avant de diminuer ses activités d'enrichissement nucléaire et a d'ores et déjà dit refuser toute négociation supplémentaire sur les questions de sécurité.
"Plus les Américains attendent, plus ils ont à perdre... Il semblerait que l'administration Biden ne souhaite pas se défaire de l'héritage raté de Donald Trump", a dit Mohammad Javad Zari dans l'interview.
"Nous n'avons pas besoin de revenir à la table des négociations. Ce sont les Etats-Unis qui doivent trouver une façon de revenir dans ces discussions", a-t-il ajouté.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a par ailleurs fait savoir samedi que les déclarations américaines concernant les offensives actuellement menées au Yémen pourraient aider à la reprise du dialogue.
Joe Biden a annoncé jeudi la fin du soutien des Etats-Unis à la campagne militaire de la coalition emmenée par l'Arabie saoudite au Yémen.
Selon les Nations unies, ce conflit, qui a fait des dizaines de milliers de morts, dont beaucoup de civils, est à l'origine de la plus grave crise humanitaire actuelle au monde.
"Le fait d'arrêter de soutenir la coalition saoudienne, si ce n'est pas une manœuvre politicienne, est un pas de plus dans la bonne direction pour corriger les erreurs du passé", a déclaré le porte-parole du ministère, Saeed Khatibzadeh.
"Mais cela ne suffira pas, en soi, à régler les problèmes au Yémen. Le blocus maritime, aérien et terrestre, qui a entraîné la mort de milliers de personnes en raison du manque de nourriture et de médicaments doit être levé. Les attaques militaires des Etats menés par l'Arabie saoudite doivent s'arrêter", a-t-il ajouté.
(Rédaction de Dubaï, version française Caroline Pailliez)
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