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Laskine (Crédits: Adobe Stock)
Aujourd'hui, la Bourse obéit plus à la mécanique des fluides qu'aux grandes réflexions stratégiques d'ordre financières, économiques ou géopolitiques. L'écart de performances constaté entre les valeurs européennes et américaines mérite d'être regardé autrement qu'à la lumière de l'impact du dernier tweet de Donald Trump. Selon une enquête réalisée par Bank of America, le fameux BofA Global Fund Manager Survey, il ressort que le niveau de cash dans les portefeuilles des gérants de fonds américains est tombé en février 2025 à 3,5%, son plus bas niveau depuis 15 ans. Cette statistique pourrait laisser croire, qu'avec un sentiment aussi « bullish », Wall Street ne peut que monter.
La réalité est bien différente. Loin d'être perçue, comme un formidable signal de hausse, le fait que le niveau de liquidités dans les fonds soit au plus bas historique explique en grande partie la consolidation à la laquelle nous assistons depuis quelques jours aux Etats-Unis, notamment sur le Nasdaq. En effet lorsque les portefeuilles sont totalement investis (3,5% correspond au minimum requis pour faire face aux demandes de rachats), il ne reste plus beaucoup d'argent disponible pour aller s'investir en Bourse. Dès lors, c'est lorsque l'optimisme est au plus haut, que la marge de progression du marché est la plus limitée. De ce côté-ci de l'Atlantique, nous ne disposons pas des mêmes instruments statistiques, mais il paraît clair que les gestionnaires de fonds, traumatisés par la faiblesse de la croissance européenne et par les conséquences directes du conflit en Ukraine sur nos économies, sont loin d'avoir misé tous leurs actifs sur les valeurs françaises, allemandes ou de tout autre pays de la zone euro. Après avoir pesé sur la tendance boursière tout au long de l'année 2024, leur retenue devient en argument en faveur d'un rattrapage boursier du Vieux continent.
L'abondance des liquidités non-investies dans l'actif des gestionnaires européens explique dans une large mesure la surperformance des indices européens depuis le 1er janvier : + 11,6% pour l'indice EuroStoxx 50, comparé au S&P 500 (+3,7%) ou au Nasdaq Composite (+2,9%). La moins bonne tenue de Wall Street trouve aussi une réponse dans le BofA Global Fund Manager Survey, selon lequel il ressort que 89% des investisseurs estiment que les actions américaines sont surévaluées. Il n'empêche que les « Sept Manifiques » restent toujours les valeurs les plus présentes dans les portefeuilles outre-Atlantique. On comprend aisément qu'à partir du moment où le secteur de la « tech » a fait le plein dans tous les portefeuilles, il lui devient difficile d'aller au-delà.
A l'opposé, les valeurs françaises, massacrées depuis la dissolution de l'Assemblée nationale le 14 juin dernier, bénéficient d'un rattrapage bien mérité. Surtout à la lumière des excellents résultats de nos entreprises. C'est le cas de Schneider Electric et de Legrand dans le secteur électrique, d'Airbus et Safran dans l'aéronautique, d'Hermès International et de LVMH dans le luxe, même si pour ce dernier le bilan est moins flamboyant qu'au cours des années précédentes. Mais aussi de BNP Paribas, de Société Générale et Crédit Agricole dans la banque. Renault, dans un secteur aussi difficile que l'automobile, a fait état de résultats record, mais le titre a été sanctionné parce que ceux-ci se sont révélés inférieurs aux attentes. Même chose pour le groupe hôtelier Accor. Air Liquide, qui avait souffert en 2024, se redresse fortement après l'annonce d'une marge opérationnelle record et d'une révision à la hausse de ses objectifs de profits pour l'année.
Le rebond du CAC 40 est à ce point rapide, qu'aucun de nos portefeuilles ne parvient à suivre son ascension de plus de 10% depuis le début de l'année. Comme nous l'avions indiqué dans notre point hebdomadaire du 31 janvier « le CAC 40 a mangé du lion, nous avons commandé le menu végan », nous n'avons pas suffisamment cru au potentiel de reprise des actions françaises. Nous nous sommes ressaisis en février en faisant entrer en portefeuille des valeurs appartenant au secteur de la finance (banque et assurance), de l'aéronautique et de l'industrie qui ont globalement bien fonctionné, mais nous n'avons toujours pas rattrapé le retard accumulé en janvier. Sur un an, notre portefeuille d'ETF Monde éligible au PEA profite de sa capacité de diversification avec une hausse de 12,5% nettement supérieur à la performance du CAC 40. Notre sélection de fonds ISR/PEA poursuit son bonhomme de chemin avec un gain de plus de 8% sur douze mois glissants. Du côté de nos portefeuilles de valeurs en direct, le Défensif parvient à approcher la performance du CAC 40 avec un gain de 3,8% sur la même période, grâce au vif redressement des valeurs du luxe et aux financières très présentes dans le portefeuille. L'Offensif, en recul de 1,4% est toujours en difficulté. Les multiples arbitrages auxquels nous avons procédés, en direction des valeurs industrielles et technologiques européennes au cours de ces derniers mois n'ont pas toujours été couronnés de succès tant les rotations sectorielles ont été fortes et inattendues.
Quelle stratégie pour les mois à venir ? En dépit des incertitudes qui pèsent actuellement sur les marchés, nous pensons qu'il faut rester présent sur les actions qui offrent les meilleures perspectives de valorisation. Les fondamentaux pour 2025 restent plus favorables qu'il n'y paraît, avec une économie américaine toujours résiliente et de réels espoirs de reprise en Europe facilités par l'approche d'un prochain accord de paix en Ukraine. Les politiques monétaires restent par ailleurs toujours accommodantes. L'ingéniosité de nos entreprises capables de s'adapter aux situations les plus difficiles constitue surtout un formidable réservoir de création de richesse pour les détenteurs de capitaux, avec les placements en actions offrant de loin les meilleures perspectives de rendements. A l'heure où les valeurs technologiques américaines se traitent à près de 30 fois les profits attendus pour cette année, il importe de s'orienter vers une plus grande diversification de ses placements. Diversification sectorielle, en misant notamment sur les valeurs européennes faiblement valorisées dans le secteur industriel, financier et pharmaceutique. Mais aussi ouverture internationale des portefeuilles. Nous avons à ce titre décidé d'acquérir ce vendredi matin 1.000 parts du tracker Amundi MCSI China ESG Leaders Ucits dans notre sélection d'ETF Monde PEA. Ce portefeuille, qui affiche des performances très supérieures à la moyenne des autres portefeuilles, constitue à ce jour le meilleur outil de diversification sur lequel un détenteur de PEA peut compter pour faire fructifier son capital.
Bonne lecture et bon week-end à tous,
Roland Laskine
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