(AOF) - Stellantis (-3,32% à 13,036 euros) affiche la plus forte baisse du CAC40, la performance opérationnelle 2024 décevante s’accompagnant de perspectives 2025 peu inspirantes. Sous l’effet de la forte chute des ventes et des rabais consentis aux acquéreurs, la marge opérationnelle est tombée à 5,5% en 2024 contre 12,8%. Elle est ressortie dans le bas de la fourchette de 5,5% à 7% communiquée lors de l'avertissement de septembre 2024 et sous les attentes : 6%.
L'échec de Carlos Tavares
C'est un échec pour la stratégie de l'ex-patron Carlos Tavares, qui promettait en 2021 de maintenir une marge opérationnelle courante à deux chiffres "tout au long de la décennie".
Le bénéfice net a chuté de 70% à 5,5 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires en baisse de 17 % à 156,9 milliards d'euros. Le constructeur automobile invoque " l'absence momentanée de certains modèles dans l'offre produit, et des actions de réduction des stocks désormais achevées".
Stellantis signale que le stock des concessionnaires américains a atteint 304 milliers d'unités, soit mieux que l'objectif de 330 milliers d'unités. Du fait des rabais consentis aux acquéreurs, la marge opérationnelle du constructeur en Amérique du Nord est tombée de 15,4% à 4,2% en un an.
Le free cash-flow industriel est négatif de 6 milliards d'euros en 2024, "reflétant la baisse des revenus et l'augmentation temporaire du fonds de roulement due aux ajustements de production". Ce chiffre est cependant dans le haut de la fourchette livrée en septembre.
Nette baisse du dividende
Le groupe prévoit de verser un dividende de 0,68 euro par action ordinaire, sous réserve de l'approbation des actionnaires, contre 1,55 euro pour l'exercice 2023.
Pour 2025, Stellantis prévoit une croissance du chiffre d'affaires, avec une marge opérationnelle courante à "un chiffre" et un free cash-flow industriel positif.
Stellantis a confirmé que le processus de nomination du nouveau directeur général "est en cours et devrait être finalisé au premier semestre 2025". Le groupe automobile a annoncé le 1er décembre 2024 la démission "avec effet immédiat" de Carlos Tavares, son premier patron nommé en 2021, qui devait prendre sa retraite début 2026, à la fin de son mandat. Pénalisée par les performances opérationnelles décevantes du groupe, l'action Stellantis avait dévissé de 40,54% en 2024 après avoir été le champion du CAC 40 en 2023.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Points-clés
- Sixième groupe automobile mondial -3ème américain avec 11 % de parts de marché et 2ème européen avec 18 %, né en janvier 2021 de la fusion Groupe Peugeot-Fiat Chrysler ;
- Chiffre d’affaires de 179,6 Mds€ réalisé sous 14 marques - Alfa Romeo, Chrysler Citroën, DS, Jeep, Opel, Peugeot…-, essentiellement en Amérique du nord et du sud et en Europe ;
- Ambition : adaptation du groupe aux nouveaux usages des automobilistes et à l’électrification des véhicules (positions mondiales dans les véhicules électriques) via la transformation digitale, la culture interne de la performance (compétitivité industrielle élevée) et la responsabilité sociale ;
- Capital avec 4 actionnaires principaux : le holding de la famille Agnelli Exor pour 14,4 %, la famille Peugeot pour 7,2 %, le chinois Dongfeng pour 5,6 % et BPI France pour 5,66 %, John Elkann présidant le conseil d’administration de 11 membres.
Enjeux
Agilité du modèle d’affaires :
- tourné vers le maintien d’un point d’équilibre à moins de 50 % des facturations et des
- identifiant des activités à forte croissance telle Pro One, activité de véhicules commerciaux visant le 1er rang mondial, ou les activités de financement,
- sécurisant l’écosystème des batteries 5 giga-entreprises en Europe et Etats-Unis et intégration verticale des matières 1ères,
- réactivité au fort repli des ventes aux Etats-Unis -n ormalisation des niveaux de stocks, hausse des promotions sur les véhicules 2024 et amélioration de la productivité,
- face au repli des parts de marché, renouvellement de la gouvernance exécutive et recherche d’un successeur à Carlos Tavares ;
- dopé par une innovation fondée sur 4 piliers – l’électrification (100% de véhicules électriques (BEV) vendus en Europe et 50% aux États-Unis en 2030), la hausse à 400 GWh de la capacité des batteries hydrogènes, l’offre de véhicules intelligents (plus de 30 Mds€ d’ici 2025 dans le software et l’électrification, avec déploiement de 3 plateformes propulsées par intelligence artificielle ;
- Stratégie environnementale de neutralité carbone en 2038 :
- objectif intermédiaire 2030 d’un recul des émissions de 50 %, vs 2021,
- nouvelle division d’économie circulaire visant 2 Mds€ de chiffre d’affaires en 2030,
- investissements spécialisés -mine de cuivre « durable » Los Azules en Argentine, géothermie pour les sites allemands… ;
- Situation financière saine : 61,3 Mds€ de liquidité industrielle disponible et 61,3 Mds€ de capitaux propres, face à une dette de 34 Mds€.
Défis
- Détérioration du marché mondial accrue par l’avancée chinoise dans les véhicules électriques ;
- Retombée du partenariat avec Archer dans la production d’hélicoptères électriques eVTOL) et intégration de Share now -5 millions de clients dans le monde ;
- Après un recul de 14 % des ventes (- 27 % sur le 3ème trimestre) et de 48 % du résultat net à fin septembre, objectifs 2024 fortement réduits : marge opérationnelle de 7 % et flux d’autofinancement négatif de 5 à 10 Md€s ;
- Plan stratégique « Dare forward 2030 » :
- doublement des revenus dont un quadruplement dans le haut de gamme, ¼ réalisé hors Europe et Amérique du nord (20 Mds€ en Chine) et 1/3 tirés des ventes en ligne,
- stratégie software de 20 Mds de chiffre d’affaires et environ 40 % de marge brute ;
- Dividende 2023 de 1,55 €, finalisation du programme de rachat d’actions de + 3 Mds€ et précisions début 2025 sur le « calibrage des dividendes et des rachats d’actions ».
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