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Le boursier est un « animal » plein de contradictions !
information fournie par Les sélections de Roland LASKINE 18/04/2025 à 18:00

Roland Laskine (Crédits: Adobe Stock)

Roland Laskine (Crédits: Adobe Stock)

La psychologie du boursier est complexe. A priori, le spécimen dont nous parlons ne se distingue pas du grand nombre. La protection du capital investi reste pour lui, comme tout un chacun, une préoccupation majeure. Sur ce sujet l'affaire est entendue. Mais s'il est une chose que le boursier déteste encore plus que la baisse, c'est la peur de rater la hausse. Rien ne le met plus en rage que de rester sur le bord de la route pendant que le marché repart de l'avant. Pour éviter cette situation, qu'il considère comme humiliante, notre épargnant est prêt à mettre de côté tous les principes de bonne gestion auxquels il se dit attaché. Ici, il n'est pas question du sage conseil du baron de Rothschild qui expliquait avoir « fait fortune en laissant aux autres gagner de l'argent après lui », mais d'une volonté farouche de ne laisser passer aucune opportunité. Tout ceci, pour justifier notre attitude ayant consisté à fortement renforcer les positions dans les portefeuilles, dès le lundi matin, alors que la tendance était loin d'être stabilisée. Depuis, elle ne s'est d'ailleurs pas vraiment éclaircie…

Nous avions ébauché cette stratégie de retour progressif à l'achat en fin de semaine dernière en estimant dans notre point de marché hebdomadaire que « le pire de la panique est passé ». Si tel est le cas, nous ne pouvions pas rester les bras croisés, avec des portefeuilles remplis de cash jusqu'à deux tiers pour certains d'entre eux. Nous avons en effet estimé que la reculade de Donald Trump sur les droits de douane, ayant consisté à limiter la hausse des « tarifs » à 10% pour tout le monde, à l'exception de la Chine, pendant une période probatoire de 90 jours, constituait un véritable « game changer ». Un signe d'apaisement qu'il était impossible d'ignorer. Pour l'instant, il faut bien reconnaître que les marchés n'ont pas vraiment embrayé à la hausse, ils sont même carrément repartis à la baisse, tant à Wall Street qu'en Europe.

Laskine (Crédits: Adobe Stock)

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Si la situation semble s'apaiser avec la plupart des partenaires commerciaux des Etats-Unis, elle s'est fortement dégradée avec la Chine qui se montre plus combattive que jamais. Résultat, les cabinets d'études économiques révisent, les uns après les autres, à la baisse leurs perspectives de croissance mondiale pour l'année en cours. Un récent sondage réalisé par Reuters montre que 45% des professionnels de la finance interrogés pensent qu'une récession est probable aux Etats-Unis. En milieu de semaine, Jerome Powell, le président de la Fed, en a rajouté une couche, en déclarant que les droits de douane, vont « très certainement entraîner une hausse temporaire de l'inflation », ce qui n'est bon ni pour la croissance, ni pour l'emploi. La décision de la BCE de réduire, ce jeudi, son taux de base de 0,25 point de base à 2,25% a certes été bien accueillie, mais elle n'a pas suffi à inverser la tendance baissière.

Laskine (Crédits: Adobe Stock)

Laskine (Crédits: Adobe Stock)

Notre décision de renforcer les positions était audacieuse, mais elle n'a pas trop pesé sur la performance. Sur un mois et un an, tous nos portefeuilles font mieux que le CAC 40. Sur 12 mois glissants, alors que le CAC 40 perd plus de 9%, trois de nos portefeuilles sont positifs, seul l'Offensif est toujours en recul. Comme nous l'avions indiqué la semaine dernière dans la partie consacrée à la stratégie d'investissement, nous nous sommes efforcés de diversifier nos positions. Toutes les liquidités n'ont par ailleurs pas été jetées dans la bataille, nous en conservons un tiers en moyenne dans nos différents portefeuilles. Dans le Défensif, nous avons pris position sur les financières (Axa et BNP Paribas), les télécoms (Orange et Deutsche Telekom), Air Liquide et Dassault Aviation.  Nous avons en revanche liquidé notre ligne LVMH pour ne garder d'une seule action symbolique en raison de la faiblesse des ventes en Chine et d'un contexte général moins favorable qu'auparavant à l'épanouissement des valeurs de luxe dans le monde. Même Hermès International, qui n'a pas démérité avec des résultats trimestriels plutôt solides, a fini la semaine en baisse. Dans l'Offensif, nous avons mis l'accent sur les financières, ainsi que sur les services aux collectivités (Veolia Environnement) et les concessions autoroutières (Vinci). Nous avons repris position sur Airbus, ArcelorMittal et Thales. La diversification est également à l'ordre du jour dans la sélection de trackers Monde, avec l'entrée de l'ETF iShares MSCI World, les lignes d'ETF Amundi MSCI China, EuroStoxx 50 et CAC 40, ont par ailleurs été renforcées. Notre sélection de fonds ISR/PEA a aussi été regarnie.

Quelle stratégie pour les semaines à venir ? Comme indiqué en introduction, l'investissement boursier revient à faire en permanence des choix entre la nécessité de protéger le capital investi et la recherche d'opportunités, y compris dans les circonstances les plus difficiles. Nous ne disposons d'aucune indication sur les chances de trouver un accord raisonnable entre les Etats-Unis et leurs partenaires commerciaux sur la question des droits de douane. Il ne fait cependant pas de doute qu'après les fortes baisses de ces dernières semaines, les marchés disposent d'un fort potentiel de rebond en cas d'issue favorable. Notre stratégie va consister à conserver les positions récemment acquises et à suivre l'évolution des pourparlers commerciaux. Avec 35% en moyenne de liquidités dans les portefeuilles, nous sommes encore loin d'être excessivement exposés aux risques de marché. Toute avancée positive sur le front des tarifs douaniers sera donc mise à profit pour continuer de monter en charge sur l'ensemble des portefeuilles.

Il faudra accorder une attention particulière aux publications de résultats. Nous l'avons vu avec LVMH, et même avec L'Oréal ayant pourtant publié des trimestriels conformes aux attentes, le marché a sanctionné l'annonce d'un ralentissement des ventes aux Etats-Unis. Ce type de réactions risque de se multiplier, surtout si les publications d'entreprises sont accompagnées de commentaires négatifs sur l'évolution des perspectives d'activité pour le reste de l'année. La chute du cours d'ASML cette semaine constitue un bel avertissement. Le titre n'a pas été sanctionné sur la teneur de ses résultats, mais à la suite des déclarations de la direction ayant fait état de commandes décevantes et d'un manque de visibilité sur l'évolution des ventes d'équipements pour les semi-conducteurs. Dans une étude récente, les analystes d'UBS estiment que les entreprises européennes devraient enregistrer leur plus faible trimestre de l'année, avec un recul de 1% des bénéfices des sociétés européennes sur les trois premiers mois de 2025. Cette perspective, qui conduirait à une hausse moyenne de 6% des profits annuels, n'a rien de catastrophique. Après la correction récente, elle est désormais intégrée dans les cours. Le marché n'est cependant pas à l'abri de mauvaises surprises dans les secteurs les plus sensibles à l'évolution du commerce mondial. C'est la raison pour laquelle, nous comptons continuer de redéployer nos portefeuilles vers des secteurs plus résilients, comme l'assurance, les services aux collectivités, les télécoms et l'énergie.

1 commentaire

  • 20 avril 15:51

    peut être parce que le boursier n'est pas un animal unique, mais toute une population qui ne fait pas les mêmes choix au même moment...


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