LE FONDS TCI RÉCLAME LE DÉPART DU PRÉSIDENT DE SAFRAN
par Cyril Altmeyer
PARIS (Reuters) - Le fonds activiste TCI a annoncé mercredi qu'il demanderait mi-juin aux actionnaires de Safran de voter le renvoi de Ross McInnes de la présidence du groupe s'il n'abandonnait pas son projet de rachat de Zodiac Aerospace.
Dans une lettre à Ross McInnes, au lendemain d'un nouveau "profit warning" de Zodiac , TCI franchit une nouvelle étape de la lutte qu'il mène depuis un mois contre le projet d'acquisition par Safran de l'équipementier, qui a accumulé les retards de livraisons de sièges et de cabines d'avions.
"L'opération ne peut pas être justifiée et vous ne voulez pas que les actionnaires remettent en cause votre jugement", écrit TCI, qui détient 4% de Safran et est également actionnaire de Zodiac.
Le fonds, seul actionnaire à contester publiquement le bien-fondé de l'opération, réclame un vote des actionnaires de Safran avant l'OPA sur Zodiac, laquelle est un prélude indispensable à la fusion des deux groupes par échange d'actions.
Ross McInnes a rejeté fin février cette demande, la jugeant infondée tant sur le plan juridique que de la gouvernance.
"Si vous n'annulez pas l'opération, ce sera la preuve éclatante que vous n'êtes pas compétent pour demeurer président de Safran. Nous appellerons donc les actionnaires de Safran à vous démettre du conseil d'administration lors de l'assemblée générale annuelle en juin", ajoute la lettre de TCI rendue publique.
Une porte-parole de Safran s'est refusée à tout commentaire.
TCI a réclamé dès mardi soir l'abandon du projet de fusion après l'avertissement inattendu de Zodiac sur ses résultats annuels, le premier depuis l'annonce du projet de fusion le 19 janvier.
Safran a réaffirmé de son côté mardi soir son intention de racheter Zodiac malgré l'annonce par celui-ci d'une prévision de baisse d'environ 10% de son résultat opérationnel courant sur l'exercice en cours, au lieu d'une hausse de 10 à 20% prévue auparavant.
PRESSIONS SUR LES MODALITÉS DE L'OPÉRATION
Safran a toutefois indiqué que ses discussions intégreraient ces "faits nouveaux", un élément qui laisse perplexe Sandy Morris, analyste chez Jefferies.
"Safran semble être surpris, ce qui pourrait être de mauvais augure", écrit-il, estimant que la crédibilité de la direction du groupe est en jeu.
"Comme cela intervient pendant la transition critique du CFM56 vers le LEAP, toute gaffe serait plus sévèrement punie", ajoute-t-il, faisant référence aux deux moteurs produits par CFM International, coentreprise entre Safran et General Electric.
Mais selon un trader, qui a souhaité conserver l'anonymat, la surprise de Safran contredit les accusations antérieures de TCI selon lesquelles les deux groupes agiraient de concert.
"Néanmoins le risque d'une baisse du prix d'achat est désormais un scénario potentiel (...) signifiant que les modalités de l'OPA et de la fusion devraient être renégociées", ajoute-t-il.
Le fonds britannique, qui s'est illustré par sa récente fronde contre la direction du constructeur automobile allemand Volkswagen, juge également le prix d'achat de Zodiac proposé à 29,50 euros par action trop élevé, estimant la juste valeur aux environs de 20 euros.
L'action Zodiac chutait de 15,7% à 23,15 euros vers 13h25, tandis que celle de Safran limitait son recul à 0,8%, sous-performant légèrement le CAC 40, en hausse de 0,1% à la même heure.
(Avec Vikram Subhedar, édité par Julien Ponthus)
0 commentaire
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer